Six gendarmes et un commerçant ont comparu mercredi 15 juillet au Tribunal de grande instance de Ouagadougou pour des faits d’abus de fonction, escroquerie, corruption, concussion et blanchiment de capitaux. L’information a été relayée par nos confrères de zoodomail.com.
En effet, selon le journal, T. Karim, Y. Fidel, S. Madi, S. Mickaïl, O. Adama, N.Abdoulaye, officiers de gendarmerie ont été accusés par plus d’une vingtaine de commerçants de Sankaryaaré de leur avoir extorqué des sommes allant de 150 000 francs à 2 000 000 de francs. Le septième prévenu, S. Alassane, commerçant, est quant à lui accusé d’avoir aidé ces officiers de police judiciaire dans la corruption en servant d’intermédiaire.
Il est le premier à s’expliquer à la barre. Il a reconnu les faits à lui reprochés et relate qu’un jour, il était chez lui à la maison quand un commerçant nommé T. Issaka l’a contacté pour solliciter son aide parce que des gendarmes étaient venus dans son magasin de vente de « médicaments de la rue » pour saisir ses produits. Il aurait ensuite passé le téléphone à un des gendarmes qui a convenu d’un rendez-vous avec eux dans un terrain vague à la Cité an III, poursuit le journal.
Son récit a été corroboré par T. Issaka, appelé à témoigner à la barre. A l’en croire, les gendarmes étaient trois ce jour là, et il indexe T. Karim, Y. Fidel et un autre dont il dit ignorer le nom. « Ils avaient demandé 1 million, on a négocié et ils ont accepté de prendre 500 000. On a compté l’argent dans la voiture et ils ont pris», confie-t-il.
A sa suite, deux autres commerçants sont aussi appelés à témoigner. Ils révèlent avoir donné de l’argent à l’un ou l’autre des gendarmes qu’ils indexent et ce, par l’intermédiaire toujours de S. Alassane. Des sommes qu’ils déclarent avoir remis aux gendarmes afin d’eviter la saisine des produits prohibés qu’ils avaient en leur possession.
Pourtant S. Alassane a juré n’avoir « jamais pris 5F avec eux ». Selon ses explications, il ne cherchait qu’à les aider. « On se connaît et je voulais juste les aider », clame-t-il.
C’est au tour d’autres commerçants de se prononcer. Ils confient, eux aussi, avoir eu affaire à ces gendarmes, mais sans passer par l’intermédiaire de S. Alassane. Le sieur K. Ali, par exemple dit avoir versé 150 000 francs à T. Karim et Y. Fidel pour qu’il ne saisisse pas du cyanure qu’il voulait convoyer au Mali voisin.
Même si la marchandise de K. Ali est jugée illégale, ce dernier dit avoir une autorisation pour mener son activité. Ce qui amène l’avocat de la defense à le mettre au défi d’apporter ici les documents qui prouvent qu’il a une autorisation pour commercialiser du cyanure au Burkina.
Des propos qui font réagir le président du tribunal, qui attire l’attention du conseil à ne pas se substituer au procureur.
Les accusés ne reconnaissent pas les victimes
Les accusés gendarmes ont nié les chefs d’accusation qui leur sont reprochés. Ils assurent également ne reconnaître aucune des victimes qui les ont traduits en justice. A cet effet, T. Karim et Y. Fidel disent n’avoir connu le commerçant K. Ali, que dans l’exercice de leur fonction où ils devaient lui remettre une convocation, et leurs rapports se sont limités à ce cadre, a poursuivi le journal Zoodomail dans son récit sur cette affaire qui s’est passée devant le tribunal en mi-juillet 2020.
Y. Fidel révèle tout de même avoir eu à faire plusieurs arrestations de commerçants pour la vente des produits prohibés. « S. Alassane qui venait souvent à notre brigade de gendarmerie nous rapportait que les commerçants avaient une dent contre nous et qu’ils ont même fait des sacrifices», a-t-il confié à la barre.
A la question de Me Farama, conseil de la partie civile, aux prévenus sur les circonstances de leur arrestation, N. Abdoulaye fait entendre que c’est à la demande de O. Adama qui est son supérieur hiérarchique qu’ils auraient entrepris à deux sur la moto de ce dernier, d’interpeller un chauffeur de tricycle transportant des piles. A l’issue d’une course poursuite avec ce dernier, ils l’auraient mis aux arrêts dans un terrain vague. Et c’est sur ce lieu qu’une unité de gendarmerie est venue procéder à leur arrestation.
La préoccupation du procureur était donc de comprendre comment une autre unité de gendarmerie les auraient arrêtés sans que leur commandant n’intervienne s’ils assurent l’avoir informé au préalable de leur opération de saisie. « Quand ils nous ont arrêté, ils ont retiré tous nos portables », s’est défendu l’accusé.
L’audience est suspendue par le président du tribunal et devrait se poursuivre le vendredi 17 juillet 2020.
Minute.bf