samedi 5 octobre 2024
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Centre-Ouest/Imasgho : Lassés d’attendre les semences améliorées, les cultivateurs font avec les variétés locales

Alors que les cultivateurs d’Imasgho, dans le Centre-ouest, sont prêts à affronter la campagne agricole 2022-2023, les services de l’Etat ne leur facilitent pas la tâche dans la mise à disposition des intrants agricoles. Le 28 juin dernier, devant les professionnels des medias en visite sur l’installation progressive de la saison agricole, des cultivateurs se sont plaints du retard dans la distribution des semences améliorées et se sont inquiétés du manque d’information quant à la mise à disposition de l’engrais. 

La campagne agricole au Burkina Faso n’occupe même pas la moitié des 12 mois de l’année. Le reste de ces nombreux mois permet aux cultivateurs de se préparer pour affronter la prochaine saison agricole. Il faut croire que ce n’est pas le cas pour les services du ministère en charge de l’agriculture, qui, selon les cultivateurs, peinent à mettre à leur disposition les intrants agricoles, à temps. 

« Les terrains sont préparés et prêts comme vous pouvez le constater ici-même, mais c’est dommage qu’on n’ait toujours pas les semences améliorées pour travailler », s’est plaint le Catéchiste Benjamin Ouedraogo, president d’une coopérative de producteurs de maïs à Imasgho. « A l’heure actuelle, nous n’avons pas encore reçu quelque chose », confirme le producteur et maraîcher Tambi Compaoré, avant de lâcher avec une sorte de gêne : « nous sommes en retard ! »

Face à cela, nos interlocuteurs disent s’être vus dans l’obligation de semer “les variétés locales”, puisse qu’estiment-ils, « d’ici au 5 juillet (ndlr) ce sera trop tard », avec le risque de rater leur saison. Une décision qui n’est pas sans conséquence. « Les cycles des semences locales sont longs, 90-120 jours, alors que la pluie ne va pas toujours jusqu’au bout », craint M. Compaoré qui relève par contre, qu’avec « la semence améliorée le cycle est entre 2 à 3 mois », donc adapté au contexte climatique actuel.

Tambi Compaoré dénonçant le retard dans la distribution des intrants agricoles et leur insuffisances

Aussi, c’est l’insuffisance même de ces semences améliorées que les cultivateurs de Imasgho ont dénoncée. « Concernant les intrants subventionnés par l’Etat, nous pouvons dire que ce qui nous est alloué est juste pour nous mettre en conflit. Pour cette année par exemple, c’est 150 kilogrammes (kg) de semences améliorées de maïs, 300 kg pour le Sorgho, 50 kg pour le niébé et le riz que la commune d’Imasgho (9 villages ndlr) a reçus… », a révélé Tambi Compaoré qui en déduit que « même si on remettait le tout à un seul village, ce sera insufissant. »

Pour parer à cela, M. Compaoré conseille à l’Etat de mettre les semences améliorées sur le marché « pour permettre aux gens de les acheter librement. » « Même si c’est à prix élevé », pourvu que ce soit de « bonne qualité », penche le producteur et maraîcher. 

Terrain préparé en attendant l’arrivée des semences améliorées

Quid de la disponibilité de l’engrais ?

Même réalité, peut-on dire. Tout comme les semences améliorées, l’engrais chimique subventionné n’est toujours « pas encore disponible » à Imasgho, selon les cultivateurs. Pis, Tambi Compaoré a confié que lorsqu’ils se renseignent auprès de services techniques, les agents techniques d’agriculture leur font comprendre qu’« ils n’ont pas d’informations a ce sujet. » Pourtant, précise-t-il, sur le marché, le sac d’engrais fait « 37 500 F CFA. »

Et même quand l’engrais subventionné est disponible, sa qualité n’est pas garantie. « L’année passée, j’ai pris 5 sacs d’engrais à 18 500 F CFA chacun pensant que c’était de qualité. On a suivi des formations où on nous a dit que sur le sac du bon engrais, c’est 14’23-14-S6-6S. C’est ce qui était bien écrit sur le sac, mais à l’intérieur, c’était le contraire », a souligné le maraîcher Tambi Compaoré. Il a étayé son propos par cet exemple : « j’ai repiqué des tomates le 5 août et je devrais normalement récolter en novembre, mais à cause de la mauvaise qualité de l’engrais, c’est jusqu’en janvier que j’ai pu récolter et le prix des tomates avait déjà chuté. »

Le catéchiste Benjamin Ouedraogo demandant aux autorités d’accélérer la distribution des intrants agricoles

Toutefois, là encore, nos cultivateurs ne sont pas restés les bras croisés. « Nous avons bénéficié d’une formation sur des pratiques agro-écologiques notamment la production de l’engrais bio. C’est la biossare que nous utilisons pour fertiliser nos terres », nous a confié le Catéchiste quand M. Compaoré signifiait qu’ils utilisaient la fumée organique pour leurs cultures.

Ainsi, « confiant », Benjamin Ouedraogo a jugé ce début hivernal « prometteur », sans manquer d’interpeller les autorités. « Tout ce que nous demandons, c’est qu’on nous accompagne avec l’engrais, les variétés améliorées, pour cultiver et gagner dignement nos vies », a-t-il plaidé. Tambi Compaoré, lui, a souhaité que les semences soient mises à disposition « et en quantité » dès « le 1er mai à tout au plus tard le 15 mai » pour permettre aux paysans de travailler sereinement dès les premières pluies.

Franck Michaël KOLA

Minute.bf 

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