jeudi 13 novembre 2025
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Burkina : Une ONG prise en flagrant délit d’espionnage (Ministre de la Sécurité)

En conférence de presse, ce mardi 7 octobre 2025, le ministre de la sécurité, Mahamadou Sana, a annoncé l’arrestation des membres d’une ONG pour des faits d’espionnage et de trahison. Cette ONG, selon le ministre, collectait des informations sensibles sur les positions des Forces de défense et de sécurité et des VDP, au profit de certaines puissances étrangères.

Selon le ministre de la Sécurité, les services burkinabè suivaient depuis quelque temps de près les activités d’une organisation non gouvernementale dénommée International NGO Safety Organisation (INSO). Grâce à une précieuse collaboration citoyenne, les services de renseignement ont découvert que cette ONG constituait en réalité un réseau d’espionnage opérant sur le territoire burkinabè.

Le ministre a précisé que l’ONG, dont le siège se trouve à La Haye (Pays-Bas), intervient au Burkina Faso depuis 2019, en vertu de la convention d’établissement n°057-2019/MINEFID/INSO. Selon les termes de cette convention, son champ d’action devait se limiter à la formation des ONG humanitaires en matière de sécurité. Cependant, à en croire Mahamadou Sana, INSO aurait délibérément outrepassé ce cadre légal en se livrant à une collecte systématique d’informations sensibles liées aux activités sécuritaires, politiques et administratives du pays.

« Ainsi, les investigations ont révélé que INSO, avec l’aide de certains de nos compatriotes, parvenait à recenser soigneusement les itinéraires, les mouvements et la composition des convois militaires et/ou de ravitaillement des villes censés tenu secret dans l’intérêt de la Défense nationale. Elle répertoriait systématiquement les moyens militaires déployés pour sécuriser un convoi donné en collectant les informations sur le nombre d’éléments, de véhicules, d’armes lourdes, de motos, etc. INSO passait son temps aussi à collecter des informations sur les zones d’opération, les positions des unités ainsi que les interventions des Forces de Défense et de Sécurité et des Volontaires pour la Défense de la Patrie sur le terrain. », a-t-il indiqué.

Toujours selon le ministre, l’ONG allait jusqu’à relever avec précision les coordonnées GPS des zones d’accrochage entre les FDS et les groupes terroristes, ainsi que les sites d’explosion d’engins explosifs improvisés (EEI). Elle procédait ensuite à un comptage des victimes après chaque attaque ou opération de sécurisation. INSO s’intéressait également aux mouvements des groupes armés dans certaines localités, aux exactions commises contre les populations et n’hésitait pas à photographier les victimes après les attaques.

« Dans son élan d’espionnage, INSO récoltait dans les villes, des informations comme les accidents de la circulation routière, les décisions ou les problèmes de fonctionnement des Délégations spéciales et les activités de services de sécurité. Ne se limitant pas au Burkina Faso, INSO utilisait ses réseaux pour collecter, à partir de notre pays, les mêmes types d’information sur le Mali. », a ajouté le ministre.Face à ces pratiques jugées préoccupantes, Mahamadou Sana s’est interrogé : « Pourquoi collecter systématiquement toutes les informations en lien avec le milieu sécuritaire ? Que font-ils de ces informations ? À qui envoient-ils ces informations ? Où sont stockées toutes ces informations ? Comment sont exploitées de telles informations ? Que deviennent ces informations après exploitation ? Quels objectifs réels cachent une telle collecte ? À qui sont destinées ces informations ? ».

Interpellés et auditionnés, le directeur pays de INSO et son adjointe, respectivement un Français et une Franco-Sénégalaise, ont déclaré que les données recueillies servaient à informer les ONG humanitaires présentes au Burkina Faso, mais aussi à rédiger des rapports destinés à leurs partenaires financiers. Le directeur pays, Jean Christophe Émile Pegon, a reconnu avoir donné pour consigne à son personnel de collecter des informations sensibles, notamment sur les incidents sécuritaires et les coordonnées GPS des lieux touchés, en violation de la convention signée avec l’État burkinabè. « Au sujet de l’usage final d’une telle collecte systématique d’informations sensibles, aucune réponse claire n’a été donnée par les responsables, car disent-il, c’est la feuille de route que l’ONG leur a donnée et qu’ils essaient d’accomplir au mieux. Ils prétendent ne pas savoir ce qui adviennent de ces données qui sont centralisées dans une base de données à l’étranger. », a expliqué M. Sana.

Pour mener à bien ses activités, l’ONG aurait recruté des nationaux de divers profils, notamment d’anciens membres des FDS, chargés d’analyser les données et de leur donner une interprétation sécuritaire et politique. Selon le ministre, « un deuxième rideau d’agents terrains qualifiés est chargé d’organiser la collecte des informations sur le terrain. Enfin, ils ont mis en place un troisième rideau constitué de personnes qu’ils choisissent soigneusement en fonction de leur position stratégique ou de leurs activités leur facilitant l’accès à l’information. Ces personnes vivent souvent dans les zones à fort défis sécuritaires notamment des régions du Goulmou, de la Sirba, de la Tapoa, du Soum, du Liptako, des Kuilsé, du Yaadga, du Nakambé, des Bankuy et du Sourou. Ce groupe qu’ils appellent des relais communautaires, à qui ils versent régulièrement de l’argent, sont pour l’essentiel soit des commerçants soit des orpailleurs, mais aussi des enseignants et des infirmiers », a-t-il détaillé.

7 personnes dont un français et une franco-sénégalaise interpellées

Compte tenu de la gravité des faits, le ministère a prononcé la suspension de toutes les activités de l’ONG par l’arrêté n°2025-EE0241/MATM/SG/DGAT/DSOAP du 31 juillet 2025, afin de permettre aux services d’investigation d’approfondir leurs recherches. « Malgré cette suspension, certains responsables de INSO ont continué à mener clandestinement ou de façon détournée des activités telles que des collectes d’informations et de réunions en présentiel ou en ligne. », a souligné le ministre de la sécurité.

Suite à ce constat, dit-il, sept employés supplémentaires de l’organisation ont été interpellés, dont la directrice adjointe Mme Guissé Aminata Marianne (Franco-Sénégalaise), M. Muzil Thomas (Tchèque), directeur des programmes, un Malien et quatre Burkinabè. « Il faut noter que c’est bien dame GUISSE Aminata Marianne, directrice adjointe, qui continuait à tenir les réunions en ligne et à organiser les collectes d’informations depuis son domicile sis au quartier zone du bois de la ville de Ouagadougou, au mépris de l’arrêté de suspension. Elle a également organisé le voyage du sieur Muzik Thomas de la Haye à Ouagadougou le 08 septembre 2025 alors même que les activités de l’ONG sont suspendues. Ce dernier est le directeur des programmes de INSO à son siège à la Haye et par ailleurs le Directeur Général Adjoint de l’ONG ».

Aux dires de Mahamadou Sana, toutes les personnes interpellées seront traduites devant le procureur du Faso pour espionnage et trahison, conformément aux dispositions de l’article 311-4 de la loi n°025-2018/AN du 31 mai 2018 portant Code pénal du Burkina Faso. Le patron de la securité burkinabè a salué la vigilance et l’engagement des citoyens burkinabè qui contribuent à démasquer les entreprises « machiavéliques et les projets funestes de l’impérialisme ».

Il a appelé les ONG et associations à respecter scrupuleusement leurs engagements vis-à-vis de l’État et exhorté les Burkinabè à faire preuve de patriotisme et de vigilance pour dénoncer toute activité suspecte susceptible de compromettre les efforts de restauration d’une paix durable au Burkina Faso.

Oumarou KONATE

Minute.bf

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