L’Observatoire burkinabè des médias (OBM) a présenté à la presse, ce samedi 19 octobre 2024, son tout premier rapport général interne. Il s’agit d’un document de plus d’une centaine de pages qui porte sur l’observation de la production des médias du Burkina Faso. L’exercice a consisté à évaluer, surtout, le degré de respect des règles de l’éthique et de la déontologie par les professionnels de l’information et de la communication. La période couverte court de décembre 2023 à septembre 2024.
Le tout premier rapport général interne constitue la concrétisation d’une volonté ferme de l’Observatoire burkinabè des médias (OBM), de contribuer à l’amélioration du paysage médiatique, de franchir une difficulté et, surtout, de poser un acte chargé de symboles. De ce rapport, il ressort, selon Dr. André Marie Pouya, membre de l’OBM, que la corporation des journalistes est affectée par la crise sécuritaire, mais demeure résiliente. Pour ces observateurs, le gouvernement burkinabè mène, à la fois, la guerre par les armes et la guerre de la communication.
L’OBM a regretté que dans un tel contexte, la pleine expression du professionnalisme en a pris un coup. En effet, l’insécurité a restreint la liberté d’aller et de venir des professionnels de l’information et de la communication. « Elle a impacté, négativement, les contenus de certaines radios de proximité, dans les régions à très fort défi sécuritaire, tel le Sahel. Pis, elle a dissuadé, voire démobilisé, des invités sur les plateaux de débat. Des journalistes, des invités ont été conduits au front, des émissions ont été suspendues. La chaîne de télévision BF1 et le bimensuel L’Événement en ont été affectés, courant 2024. Des médias internationaux ont aussi été touchés par les conséquences de la crise puisqu’ils ont été, momentanément, suspendus au Burkina Faso, sur décision des autorités nationales, pour diverses raisons », a souligné Dr. Pouya.
Les observateurs de l’OBM ont insisté sur le fait que les constats dressés ne concernent pas le contenu d’un média, nommément pris. Ils ne visent pas, spécifiquement, la prestation d’un confrère en particulier.
Des médias résilients dans un contexte complexe
Malgré la sensibilité et la complexité du contexte national, le secteur des médias burkinabè s’est montré résilient, s’est félicité l’OBM. Il a même fait preuve de dynamisme, en menant diverses activités.
« Sur cette résilience et le dynamisme du secteur, on peut retenir, l’organisation de plusieurs activités de renforcement de capacités, par le Ministère de tutelle technique, lors d’ateliers régionaux tenus à Bobo Dioulasso, à Gaoua, à Tenkodogo et à Fada N’Gourma », a salué l’OBM.
Toutefois, a déploré l’OBM, certains, pour diverses raisons, notamment économiques, ont disparu. D’autres sont passés en mode presse en ligne, ont-ils nuancé.
Fort du constat établi, I’OBM suggère au gouvernement puis aux partenaires techniques et financiers de la presse nationale, d’alléger les charges fiscales des entreprises de presse ; de revoir les modalités de paiement de la TVA ; de diligenter l’apurement de la dette intérieure ; de revoir les conditions et le montant de la subvention accordée aux médias.
Créé en 2012 par les devanciers de la presse burkinabè, l’OBM joue le rôle de l’autorégulation par des pairs, afin de corriger certaines erreurs et d’améliorer les contenus des médias.
Mathias Kam
Minute.bf