En conférence de presse ce jeudi 2 juillet 2020, le Syndicat national des Musiciens du Burkina (SYNMUB) a dénoncé la mauvaise gestion du Bureau burkinabè des Droits d’Auteurs (BBDA) par l’actuel directeur général (DG) de l’institution, Walib Bara. Le syndicat a relevé des manœuvres de ce dernier qui se serait taillé sur mesures les lois de la structure qu’il gère depuis quelques années.
Plusieurs points ont été abordés par les conférenciers qui y ont trouvé des manquements qui plomberaient les activités des artistes musiciens, dans la gestion actuelle du BBDA. Avec l’apparition en mars dernier de la maladie à coronavirus au Burkina Faso, la suspension des activités sur toute l’étendue du territoire a eu un impact sur la vie des artistes musiciens. Cette suspension, à en croire Abdoul Kader Ouattara alias Almamy KJ, secrétaire général du SYNAMUB, a affecté considérablement le pouvoir d’achat des acteurs de la culture « qui se sont retrouvés subitement sans source de revenus pour traverser dignement la période de la pandémie ».
C’est ainsi que dès les premières heures, le SYNAMUB a interpellé les premiers responsables chargés de la culture à prendre dans l’urgence des mesures d’accompagnement au profit de l’ensemble des acteurs de la chaine. En réponse à cet appel, le BBDA a initié le Fonds exceptionnel de solidarité (FES) qui consistait à repartir une somme de 150 millions à l’ensemble des créateurs affiliés à la structure en respectant un certain nombre de conditions définies. Lesquelles conditions ont été rejetées dès l’entame par le SYNAMUB qui a exigé du BBDA, une gestion transparente et inclusive dudit fonds, avec une justification à la fin de l’opération qui se matérialisera par la publication de la liste exhaustive et nominative des bénéficiaires.
Au lieu de cela, déplore le SG du SYNAMUB, le BBDA a préféré « édicter des critères discriminatoires, ultra-sélectifs et exclusifs faisant du fonds une pomme de discorde entre les créateurs ». Le syndicat estime que la décision d’exclure les artistes-fonctionnaires des bénéficiaires du FES ne s’est pas fondée sur des critères scientifiques, mais plutôt des critères aléatoires. « C’est pour cette raison que nous avons attiré l’attention du BBDA sur l’inacceptabilité de l’exclusion car pour nous, un artiste est un artiste », a justifié Almamy KJ.
Walib Bara doit clarifier certaines choses sur sa nomination au PADEV
Le syndicat a aussi dénoncé « le tâtonnement » de l’institution dans la répartition du fonds qui s’est traduit entre autre par le non-respect de l’échéance prévue, le non-paiement de certains créateurs ayant souscrit conformément aux conditions exigées, le paiement double par moment de souscripteurs. « Face à tous ces manquements graves, il est clair que le refus du BBDA de publier au lendemain du FES, la liste exhaustive et nominative des bénéficiaires n’a autre dessein que de camoufler la gestion peu orthodoxe du fonds », a regretté Almamy KJ.
Appel aux artistes de se tenir prêts…
Intervenant sur la nomination du DG du BBDA comme lauréat au Prix africain de Développement (PADEV), le syndicat a invité Walib Bara à clarifier certaines questions. A-t-il postulé avec ses propres ressources financières personnelles ou a-t-il usé de son statut de premier responsable d’un établissement public de l’état pour utiliser les deniers publics à des fins personnelles ? C’est l’interrogation du SYNAMUB qui rappelle que les conditions de participation à ce prix s’élèvent à 2 500 000 FCFA, suivi d’une prise en charge des frais de transport et d’hébergement au compte du candidat.
Le SYNAMUB s’est aussi dit inquiet du nouveau statut du DG du BBDA conformément à l’article 26 du règlement général de l’institution révisé, qui permet aujourd’hui aux créateurs d’être également conseil juridique, employé ou mandataire du BBDA. Cette nouvelle disposition qui permet dorénavant aux travailleurs du BBDA d’être « juges et parties » aura des répercussions négatives sur la gestion et la répartition des droits des créateurs au regard de la partialité des travailleurs-créateurs, alarme Almamy KJ.
Ainsi, le syndicat, au regard de ses préoccupations non satisfaites, appelle l’ensemble des artistes à se tenir prêts pour des actions que commanderont les réponses aux préoccupations diverses et à soutenir la lutte des travailleurs contre la baisse du pouvoir d’achat et les atteintes aux libertés syndicales. Il invite le réseau national de lutte anti-corruption (RENLAC) à faire un audit de façon générale du BBDA.
Armand Kinda
Minute.bf