La Cour royale de Sankuy, responsable des lieux sacrés du Royaume de Ouagadougou, a effectué les pratiques culturelles du « ZILIKRI » sur une dizaine de lieux sacrés à travers la capitale burkinabè, le vendredi 02 décembre dernier. Ce samedi 03 décembre 2022, au cours d’une conférence de presse, la Cour royale est revenue sur l’essence de cette pratique cultuelle.
En Juillet 2006, le Mogho Naaba, empereur des mossés de Ouagadougou, avait « rétabli la tradition, (parce que suspendue entre temps) », en nommant le Sankuy Naaba Koabga. « Sankuy », du nom par déformation du deuxième grand lieu sacré du royaume « Sonkin ». « Komberpademda », étant le premier lieu sacré car il incarne la toponymie et l’histoire de la création du Royaume de Ouagadougou.
Fondée vers 1200 par « Reeba », le premier fils de Naaba Oubri (Premier roi de Ouagadougou), Sankuy est le premier site moagha dont l’initiateur allait devenir l’ascendant des responsables des lieux sacrés de Ouagadougou. Le Sankuy Naaba Koabga, est donc par ricochet l’officiant maître du « Zilikr-Maongo », une cérémonie rituelle annuelle du royaume de Ouagadougou.
Selon Paul Victor Guetin, conseiller spécial du chef de Sankuy, ces rites qui marquent le « Zilikr-Maongo », sont l’expression de la gratitude des vivants à l’endroit des ancêtres pour ce que la saison hivernale a été concluante. C’est également, poursuit le conseiller spécial, une circonstance pour demander la protection de la population contre les intempéries et toutes sortes maladies. « Les lieux sacrés qui ont été concernés par lesdits rites sont, « TANG ZUGU (Primature) ; SANKUY ou Sounkoui (Aeroport International de Ouagadougou) ; PAZEED SAAGA (Coté Nord-Est du palais de Sankuy) ; KIEGLSE (Palais de Sankuy) ; NAYIR KUDRE (Institut Français de Ouagadougou) ; KODINGANSE (Coté Sud-Est palais de Sankuy) ; TENS-KAONGO (Quartier Saint Léon) ; KOMBERPADEMDA (Croisement Hôpital Yalgado RN4 et Hôtel Silmandé RN3) ; BASKUY (Barrage N°2) ; NONGR MASSOUM (Bangr-Weogo) ; Autres (Lieux tenus secret par la famille) », cite-t-il.
Pour Paul Victor Guetin, l’utilité de ces rites ne se pose nullement pas, surtout pas en tant qu’Africain. « Quand vous demandez l’utilité de la tradition africaine, c’est votre propre identité que vous remettez en cause. Il n’y a qu’en Afrique qu’on le voit. Jamais vous ne verrez un Chinois demander à un autre Chinois, l’utilité des pratiques traditionnelles. Ce que nous faisons, les autres font pareil, soit dans l’esprit, soit en pratique et dans les lieux où nous le faisions. Personne ne demande l’utilité d’une messe à l’église. Pourquoi nous Africain devons nous nous questionner sur le pourquoi nous faisons ci ou ça ? Oubien, l’Africain n’appartient plus à l’Afrique ? Si notre tradition détruisait l’homme, nous ne serons pas là aujourd’hui », a argué M. Guetin.
Mieux, il est allé loin en s’adressant au ministère de la Culture burkinabè. Pour lui, le ministère de la Culture a contribué, plutôt qu’à restaurer la Tradition, à jouer au jeu des Occidentaux. « C’est parce qu’aujourd’hui il n’y a un mot qui s’appelle Tourisme que nous nous retrouvons dans cet état de fait. Le ministère de la Culture, je m’excuse si je choque mais c’est la partie folklorique que le ministère nous montre. C’est-à-dire, la partie non sérieuse. Même la Semaine nationale de la culture (SNC), c’est le Folklore qu’on nous montre (…) Notre culture ce n’est pas dévaloriser la femme en s’habillant presque nue dans les télé sur les émissions interactives », lâche-t-il.
Ainsi, le conseiller spécial du chef de Sankuy a demandé l’accompagnement des autorités politiques et administratives, pour rendre « visible la Tradition, notamment les sites de rituel, afin de les restaurer, de les viabiliser et de les pérenniser ». Paul Victor Guetin a terminé ses explications par une interrogation : « Les Occidentaux disent que nous sommes des sorciers. Pourtant, c’est eux qui ont tué Jésus. Nous, nous tuons le poulet et mangeons sa viande. Entre nous deux qui est sorcier ? ».
Mathias Kam
Minute.bf
Fier de cette belle initiative.
Préservons notre culture et nos traditions.
Elles ne sont pas incompréhensibles avec la modernité comme on a voulu nous le faire croire.