Le Forum Ditanyé a organisé le vendredi 03 juin 2022 à l’Université Ki-Zerbo, une conférence publique sur le thème : « regard critique sur le rendez-vous manqué de la démocratie : comment construire des institutions qui répondent aux aspirations des Burkinabè ? ». Trois sous thématiques ont été abordés par des conférenciers.
Pour le Pr Basile Guissou, ancien ministre sous la révolution de Thomas Sankara, qui a entretenu l’assemblée sur la thématique « Critique politique des institutions et de leurs animateurs », il faut un État endogène au Burkina Faso. Cet État endogène, dit-il, doit être fait par les Burkinabè et pour les Burkinabè à leur image. « Cela passe nécessairement par la rupture. Ce n’est que sous la Révolution qu’il y a eu tentative de construire un État endogène, mais vite estompé », regrette l’ex ministre sous la Révolution populaire. Et à l’en croire, la classe politique a les moyens pour susciter cet espoir de création de l’Etat endogène. Pour cela, se convainc Pr Basile Guissou, il faut une rupture.
« D’abord, c’est de parler notre langue. Depuis 1960 on dit que nous sommes des Français, mais c’est faux. Nous sommes des apprentis de la langue française. Cette langue ne nous mènera nulle part », a fustigé Pr Guissou. « Nos étudiants ne parlent pas et n’écrivent pas en français. Ils pensent en langue locale et traduisent en français, et cela donne ce que ça donne, un mauvais français », relève-t-il.
À sa suite, c’est le Pr Jacques Nanema, enseignant de philosophie, a communiqué sur la thématique : « Quelles sont les attentes morales vis-à-vis de la politique au Burkina Faso ? ». Selon ce dernier, il convient tout d’abord de faire une nuance entre morale et politique. Pour lui, la morale s’occupe des questions intimes et personnelles, tandis que la politique c’est le rapport des uns avec les autres dans la coexistence des libertés. C’est donc logique, à l’en croire, que la population veuille que tout soit habité par la morale.
« Revendiquer une politique morale c’est normale, parce qu’exiger que les hommes politiques incarnent les valeurs d’altruisme, du désintéressement et le service du bien commun, c’est normal, car d’ailleurs la vocation de l’État c’est s’occuper des biens communs et faire en sorte que les différentes parties qui composent un État constitue un corps visant à la recherche d’un avenir meilleur », a-t-il précisé. Il faut donc lutter à asseoir une « éthique politique, qui est l’effort entre nous dans nos différences pour vivres ensemble », a ajouté le Pr Jacques Nanema.
Le démographe Dr François D’Assise Palm a été le dernier à intervenir sur les « éléments de constructions des dynamiques de coopération inter-ethnique et inter-communautaire ». À l’en croire, pour construire un État viable, il faut « une culture de la non violence, aller au-delà des liens de sang, accepter l’altérité et mettre l’accent sur la compétence dans l’administration publique ». Et que « chaque Burkinabè regarde l’autre comme un Burkinabè, un frère pour travailler ensemble pour le pays », a souhaité Dr Palm. À cet effet, un appel du Forum Ditanyé à la population a été lu par le journaliste Germain Bittiou Nama.
Il s’agit dans cet appel à une invite à « un sursaut d’intelligence collective, et de mobilisation autour d’un pacte républicain et d’un nouveau contrat social en vue d’éviter à notre pays un passage à vide transitionnel aux conséquences historiques gravissimes ». L’objectif selon Germain Bittiou Nama, est de constituer un Front patriotique qui offre ainsi un cadre pour participer au débat national, et ce, dans une fédération de réflexion et d’offres pour résoudre les problèmes chroniques, systémiques ».
Pour finir, le journaliste Newton Ahmed Barry a rappelé que « Forum Ditanyé a été créé pour paramétrer un système politique qui nous rassemble et qui rassemble nos préoccupations à défendre vaille que vaille. C’est la mise ensemble des intelligences ».
Mathias Kam
Minute.bf