Des Hommes de médias ont été renforcés en compétence sur le traitement de l’information en période de crise au cours d’une formation à Manga, chef-lieu de la région du Centre-Sud, le jeudi 29 décembre 2022. Initiée par le Ministère en charge de la Communication, cette formation avait pour objectif de travailler à la mise en œuvre des recommandations de la 12e édition des Universités africaines de la communication (UACO) à travers le renforcement du professionnalisme des acteurs du domaine de l’information et de la communication.
Face aux « manquements » constatés dans le traitement de l’information sécuritaire et leurs conséquences, les participants à la 12ème édition des Universités africaines de la communication (UACO) tenue du 25 au 27 novembre 2021, avaient suggéré de « toujours mettre en avant les règles d’éthique et de déontologie, de même que la responsabilité sociale dans le traitement des questions sécuritaires et sanitaires, de mettre en place des normes idoines pour une saine utilisation de l’interne, etc. ». C’est donc dans l’optique de mettre en œuvre ces recommandations qu’une quarantaine de journalistes se sont réunis à la cité de l’épervier.
Selon le Secrétaire général (SG) du Ministère en charge de la communication, Fidèle Tamini, qui a donné le top départ de la formation, les médias, porteurs d’information et vecteurs de changements de comportements ont joué et continuent de jouer un rôle prépondérant dans la gestion des crises que traversent le Burkina. Mais, de ses dires, des manquements deviennent de plus en plus fréquents dans un contexte sécuritaire et humanitaire difficile pour le Burkina. Face à ce fléau, « les acteurs de l’information et de la communication ont joué du mieux qu’ils peuvent, leur partition surtout dans la réponse aux crises et la résilience des populations. L’information est un bien vital en période de crise. C’est donc peu de dire que la communication revêt un enjeu stratégique pour les nations », a déclaré Fidèle Tamini.
Un appel au « journalisme un peu patriotique »
Pour ce faire, des communications ont été faites aux Hommes de médias. Intervenant sur « le rôle et la responsabilité sociale du journaliste dans le traitement de l’information en contexte de crise », le journaliste et inspecteur technique, Alfred Nikiema, a souhaité, « une nouvelle forme de journalisme ». De ses explications, il s’agit du traitement de l’information sensible avec impartialité et avec attention. « C’est un appel à une nouvelle forme de journalisme, un journalisme qui est un peu patriotique », a précisé Alfred Nikiema. Ce dernier pousse un peu plus loin sa pensée. « Aujourd’hui, c’est des situations difficiles que nous traversons. Que ce soit, au niveau des populations ou des autorités, il y a beaucoup d’attentes au niveau des journalistes et des médias. Il faut que nous donnions l’information juste à temps et comme il se doit sans verser dans la propagande. Sans verser dans un certain temps de préoccupations qui concernent notamment les aspirations des terroristes. Parce qu’eux aussi ils ont besoin des médias pour diffuser leur intention et ce qu’ils veulent. Nous devons veiller à ce que, ce que nous disons, ce que nous récoltons comme information soit de l’information juste en faveur de la quiétude de nos populations », a poursuivi M. Nikiema.
À la suite de ce dernier, journaliste de formation, Isidor Bouda, a fait une communication sur le Fact-checking. Il s’est agi pour lui, de mettre à nu les techniques de lutte contre la désinformation. Mais il a également rappelé que le Fact-checking, pour « vérification des faits », est une pratique journalistique qui consiste à enquêter sur des déclarations, des chiffres et statistiques qui circulent dans la sphère publique, afin de s’assurer de leur véracité.
« De la saine utilisation de l’internet : réguler sans pénaliser », a été la dernière communication présentée par le journaliste Apollinaire Abga. Ce dernier a présenté les aspects positifs et négatifs de l’internet. Il a rappelé l’importance de revoir l’utilisation d’Internet. Dans ce sens, Apollinaire Abga a recommandé aux médias plus de solidarité, surtout face aux Webactivistes qui « volent la vedette aux médias ».
« La course au scoops, que nous lançons parfois avec des webactivistes et influenceurs peut nous conduire devant les tribunaux. Certains médias, par manque de correspondants ou mus par une confiance aveugle envers les webactivistes, reprennent leurs écrits sans vérification. C’est dangereux et cela fait tomber le média dans l’activisme », a déploré M. Abga. Toujours selon ce dernier, la meilleure régulation des médias, c’est « l’autorégulation ». Il s’agit là d’une remise en cause personnelle du journaliste. « Est-ce que, ce que je fais ou écrit est bien pour moi-même ?», doit se demander le journaliste. Apollinaire Abga cite aussi, la régularisation lors des conférences de rédaction que tienne les rédactions, la régulation par des pairs et celle des autorités publiques.
Pour précision, la 12e édition des UCAO tenue du 25 au 27 novembre 2021 était placée sous le thème : « Les responsabilités des acteurs de l’information et de la communication en contexte de défis sécuritaires et sanitaires en Afrique ». Elle a vu la participation d’environ 500 personnes.
Mathias Kam
Minute.bf
