samedi 14 décembre 2024
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Burkina : Amnesty international relève de « graves violations » du droit international humanitaire en 2022

L’Organisation non-gouvernementale (ONG), Amnesty International (AI), a présenté aux hommes de médias, ce mercredi 29 mars 2023, son rapport 2022-2023 sur la situation des droits humains au Burkina Faso et dans le reste du monde.

Le rapport 2022-2023 d’Amnesty International rend compte de la situation des droits humains en 2022 dans le monde. II présente la situation des droits humains telle qu’elle était en 2022 dans 156 pays, et appelle à l’action. Au cours de l’année 2022, Amnesty International dit avoir décelé à travers le monde en général et le Burkina Faso en particulier, plusieurs cas de « violations graves » des droits humains. Dans le monde, le rapport d’Amnesty a constaté que la pratique du « deux poids, deux mesures » et les réponses insuffisantes aux atteintes aux droits humains commises aux quatre coins de la planète, ont alimenté « l’impunité et l’instabilité ».

Selon AI, l’avènement de la COVID-19 et la crise en Ukraine ont exacerbé les inégalités entre les Etats. « Les pays riches ont accumulé des stocks de vaccins anti-covid-19 et affaibli des systèmes multilatéraux de redistribution, contribuant ainsi à aggraver les inégalités. La situation n’a manifestement guère changé en 2022. Les pays riches n’ont rien fait pour atténuer le poids écrasant de la dette qui pesait sur les pays en développement », déplore le rapport.

Des violations du droit international humanitaire dans le monde…

Yves Boukary Traoré, president d’Amnesty International Burkina

Le rapport d’Amnesty International a recensé un certain nombre de violations du droit international humanitaire et des droits des personnes en mouvement, aggravées par les conflits qui ont éclatés dans les quatres coins du monde notamment en Ukraine, en RDC, en Ethiopie, au Sahel, en Afrique du Nord, etc. Selon le president d’Amnesty International Burkina, Yves Boukary Traoré, ces violations se sont traduites par « des violences exercées contre des civiles lors des conflits, des violences sexuelles utilisées comme arme de guerre dans certains conflits, des attaques contre des établissements de santé, des attaques aveugles et des exécutions extra-judiciaires ».

De la Russie à l’Ethiopie en passant par l’Afghanistan au Myanmar, ou encore de la Chine au Royaume Unis et à l’Egypte, l’ONG a relevé une grande vague de répression de la dissidence et de la société civile. Cela s’est traduit notamment par l’adoption de nouvelles lois restrictives de la liberté d’expression, de la liberté de manifester et de réunions, une imposition de censure et des interdictions de manifester.

A cela s’ajoute, d’après elle, « les arrestations arbitraires de professionnels de média, les détentions arbitraires et tortures de journalistes, des usages d’armes létales lors de manifestations pacifiques et bien d’autres ». En effet, explique Yves Boukary Traoré, « des défenseurs des droits humains, des militants, des journalistes et des opposants politiques ont été victimes de harcèlement, de manœuvres d’intimidation et de menaces simplement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression ».

Des violations du droit international humanitaire au Burkina Faso…

Pour ce qui est du Burkina Faso, la situation des droits humains n’est guère reluisante selon les données contenues dans le rapport d’Amnesty. « Des groupes armés et les forces armées gouvernementales ont commis de graves violations du droit international humanitaire en 2022. Le conflit armé a continué de saper les droits à l’alimentation, à l’eau, à la santé et à l’éducation. Des cas de détentions arbitraires et des violations du droit à la liberté d’expression ont été signalés », a révélé Amnesty International. Selon les résultats des enquêtes que l’ONG dit avoir menées, dans le Nord et à l’Est du pays, des groupes terroristes (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans GSIM) ont bloqué l’accès à plusieurs villes et l’approvisionnement commercial de celles-ci. A Djibo, toujours selon ces résultats, le GSIM a attaqué et détruit des biens à caractère civil, dont des infrastructures hydrauliques, ce qui a eu des répercussions sur plus de 300 000 habitants. En juin, des membres de l’État islamique au Sahel (EIS) ont attaqué le village de Seytenga, tuant au moins 80 personnes, civiles pour la plupart.

Des cas d’atteintes à la liberté d’expression ont été recensés en 2022

Pour ce qui concerne les violations commises par les forces gouvernementales, Amnesty international note qu’en février 2022, les forces françaises soutenant l’armée nationale ont tué quatre civils lors d’une frappe aérienne contre le groupe armé Ansarul Islam. Aucune enquête visant à déterminer la légalité de cette attaque n’avait été ouverte à la fin de l’année, selon elle. « En août, les autorités nationales ont reconnu leur responsabilité dans la mort de plusieurs civil-e-s lors de frappes aériennes contre des groupes armés sur l’axe Kompienga-Pognoa, près de la frontière avec le Togo. Selon les médias, une trentaine de civil-e-s, principalement des femmes, ont été tué-e-s dans ces circonstances», a fait savoir Yves Boukary Traoré.

Sur le plan de la liberté d’expression, des cas d’atteintes à ce droit ont aussi été répertoriés en 2022 au Burkina Faso. AI rappelle à ce sujet que « le 19 mai, Luc Pagbelguem, journaliste de la chaîne de télévision BF1, a été agressé par un détachement de sécurité du Premier ministre de transition, Albert Ouédraogo, alors qu’il couvrait un événement« .

Pour ce qui est du droit à l’alimentation, la hausse des prix des biens de consommation liée au conflit et les variations climatiques ont eu de lourdes conséquences sur la sécurité alimentaire au Burkina Faso. « Environ 180 000 enfants souffraient de malnutrition chronique, selon l’OCHA. C’est dans les régions du Nord, du Sahel et de l’Est, où les groupes armés étaient le plus actifs, que la situation était la plus grave« , indique le document qui précise que plus de 4,9 millions de burkinabè ont été confrontés à l’insécurité alimentaire en 2022.

En revanche, sur le plan judiciaire, l’ONG dit se réjouir des avancées significatives constatées au Burkina, en terme de justice, de vérité et de réparation au cours de l’année 2022. Cela s’est traduit par la tenue effective de procès emblématiques tels celui du Président Thomas Sankara et ses douze compagnons et celui de l’étudiant assassiné en 1990, Dabo Boukary.

A l’issue de son rapport, Amnesty International a formulé de nombreuses recommandations à l’endroit de l’opinion publique, des décideurs mais aussi des groupes armés terroristes pour un plus grand respect des droits humains dans le monde.

Consultez le rapport d’Amnesty International ici:

Oumarou KONATE

Minute.bf

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