Plus de la moitié de la population burkinabè a accès aux soins de santé, selon un rapport présenté à la presse, ce jeudi 9 novembre 2023 à Ouagadougou, par le Réseau d’Accès aux Médicaments Essentiels (RAME). Malgré cette proportion « encourageante », le RAME a attiré l’attention des autorités sur de nombreux défis à relever pour un accès équitable aux soins de santé par la population.
La majorité des Burkinabè a accès aux services de santé au Burkina Faso. Selon une enquête menée par le RAME (Réseau d’Accès aux Médicaments Essentiels), la couverture des districts sanitaires a touché 63,4 % des Burkinabè en 2022. Un taux en nette évolution de 8,3 % par rapport à celui de 2021 qui était de 56 %. Le RAME, à travers son dispositif de veille notamment l’Observatoire citoyen sur l’accès aux services de santé (OCASS), base son étude sur la collecte d’informations auprès de 825 formations sanitaires dans les 13 régions du Burkina Faso.
Autres acquis durant l’année 2022, c’est l’amélioration du temps d’attente dans les formations sanitaires.
En ce qui concerne les incidents, à en croire le RAME, en 2021, 63 % des patients ont dit avoir attendu plus de 30 minutes (norme OMS) contre 35 % en 2022 soit une amélioration de 28 points. De même, les usagers interrogés ont affirmé que pendant leur passage dans un centre de santé, ils « ont été bien pris en charge de façon globale », a révélé Ali Wali, responsable de la planification et du suivi-évaluation du RAME. Un acquis qui est à mettre à l’actif des agents de santé qui font preuve de résilience pour offrir des soins aux usagers dans le contexte sécuritaire difficile que connaît le Burkina Faso.
Cependant, « l’arbre ne doit pas cacher la forêt », a avancé le responsable de la planification et du suivi-évaluation du RAME. Ali Wali a laissé entendre que « plusieurs cas de dysfonctionnement et des difficultés ont malheureusement émaillé les parcours de soins des usagers dans nos formations sanitaires au cours de l’année 2022 ».
Au nombre de ceux-ci, M. Wali a révélé que, « 2 % des PV VIH demandeur de la CV ont dit avoir payé un montant variant entre 3 000 FCFA et 4 000 FCFA pour réaliser l’examen ; 3 % des centres de santé visité ont signalé des ruptures de produits antituberculeux ; le niveau de fréquentation des enfants de moins de 5 ans pour la vaccination est passé de 29 % en 2021 à 24 % en 2022, soit une baisse de 5 points ; la diminution de la satisfaction des services pour les bénéficiaires de l’AMU et bien d’autres ».
Toutes ses difficultés et insuffisances trouvent leur essence, d’après Ali Wali, dans la situation sécuritaire nationale qui empêche l’accès à certaines zones sanitaires (dans les régions de l’Est, du Sahel, du Nord) et donc, le difficile, voire l’impossibilité d’approvisionnement en produits de santé.
L’OCASS à travers le RAME a saisi l’occasion pour interpeller les plus hautes autorités à : « Assurer l’effectivité de la mesure de gratuité totale de la charge virale à toutes les structures publiques et conventionnées, à tous les niveaux du système de santé ; mettre en place un système informatisé de gestion des évacuations sanitaires des régions vers Ouagadougou pour éviter les difficultés de trouver des places dans les CHU ; rendre obligatoire l’affichage des coûts des services dans les formations sanitaires afin d’éviter les rackets des usagers ; pour le renforcement des connaissances des usagers sur leurs droits et devoirs en matière de santé afin d’améliorer la participation citoyenne, etc. ».
Pour information, le RAME (Réseau d’Accès aux Médicaments Essentiels) est une organisation de la société civile du Burkina Faso créée en 2003. Il s’est donné pour mission « d’influencer les politiques publiques de santé pour un accès équitable des populations aux soins de santé de qualité ».
Mathias Kam
Minute.bf