Des enseignants de la province du Bam ont abandonné les classes pour se retrouver dans les écoles Centres de Kongoussi ce vendredi 3 décembre 2021. Ce débrayage intervient suite au mot d’ordre du mouvement lancé par la Coordination régionale des Syndicats de l’Education (CRSE) du Centre Nord.
Prévue pour être une marche meeting, cette manifestation s’est transformée en meeting à la demande des responsables régionaux de la CRSE. « Nous sommes dans un contexte un peu particulier où on ne doit pas mener les activités comme les autres. Nos structures ont obtenu l’autorisation de la tenue de l’activité mais il se trouve qu’il y a d’autres activités prévues par d’autres organisations. Et pour éviter ces embouteillages, nos structures ont simplement revu l’activité en abandonnant un pan notamment la marche pour tenir le meeting », a expliqué le coordonnateur provincial du Syndicat National des Travailleurs de l’Education (SYNATEB), Hamidou Dabaré.
La coordination s’est prononcée sur la situation sécuritaire dans la région du Centre Nord qui impacte fortement le secteur éducatif. « Au plan régional cette situation sécuritaire est plus alarmante avec environs 200 établissements primaires fermés notamment dans les localités comme Bourzanga, Zimtenga, Rollo dans le Bam ; Bouroum, Nagbingou dans le Namentenga et Barsalogho, Pensa, Dablo, Namissiguima dans le Sanmatenga. En plus de ces fermetures, notre région enregistre plus de la moitié des populations déplacées internes du pays avec la dernière situation de Dablo qui a vu toute sa population se vider vers Barsalogho et Kaya », a déploré le porte parole de la coordination Hamidou Dabaré.
Multiples problèmes dans l’éducation
Pour ce qui est de l’éducation, les problèmes sont multiples selon les manifestants qui dénoncent la gestion des autorités éducatives. « Les résultats scolaires catastrophiques constatés à l’échelle régionale en fin d’année traduisent également les conséquences désastreuses de l’aventurisme du ministre qui n’a pas hésité à valider de façon hasardeuse et en vrai mercenaire des institutions de BRETTON WOOD, deux années scolaires particulières, sur la base d’un seul trimestre pour l’année scolaire 2019-2020 », a fustigé le porte parole la coordination régionale.
Aussi, la CRSE a-t-elle regretté le comportement de certains administrateurs, qui met en mal selon elle, le climat social. « Le Directeur provincial des enseignements post-primaire et secondaire a affecté un camarade sous le couvert de nécessité de service. Pour nous, affecter un enseignant qui a 18 heures dans son établissement d’origine pour 13 heures dans un autre établissement, il n’y a véritablement pas de nécessité de service. Sinon comment comprendre d’ores et déjà la tenue de certaines classes par le Censeur intérimaire sur vacation créant des dépenses supplémentaires à l’établissement? », s’interroge la CRSE.
La coordination a également fait cas d’autres maux qui minent le système éducatif burkinabè tels que « les retards d’avancement, de reclassement, de bonification d’échelon, de titularisation, la non-reconstitution de la carrière des personnels des Ex-Garderies Populaires, la non organisation jusqu’à ce jour de l’examen professionnel des Éducateurs certifiés de la Petite enfance, de l’examen professionnel des Professeurs certifiés des écoles (ex instituteurs certifiés) de même que le non lancement de concours tels que l’agrégation au niveau des professeurs d’EPS et au niveau des techniques tertiaires et industrielles ».
La lutte passera à la vitesse supérieure
Répondant à certains militants qui pensent que les mouvements syndicaux sont en « trêve syndicale », Hamidou Dabaré éclaire la lanterne. « Nous étions toujours en organisation, seulement il y a eu des actions qui n’ont pas été visibles. Nous avions produit beaucoup de déclarations, nous avions eu des rencontres avec les autorités régionales, provinciales et communales pour traiter de ces questions. Non! Ce n’est pas une trêve. On a juste revu le format du mouvement jusqu’à aujourd’hui », s’est défendu Hamidou Dabaré.
Dans sa déclaration le syndicat interpelle et invite les dignitaires du pouvoir actuel et les responsables de l’éducation à prendre à bras le corps les problèmes évoqués dans leur missive adressée au gouverneur de la région du Centre Nord. Ils préviennent que la lutte pourrait « passer à la vitesse supérieure », si leurs revendications ne sont pas prises en compte.
Jacques Sawadogo (correspondant)
Minute.bf