Ousmane Sigué a été le prochain témoin à déposer dans le jugement de l’affaire Vincent Dabilgou et autres, ce mardi 27 juin 2023 au TGI Ouaga1.
Après avoir juré de dire la vérité, Abdoulaye Sinon a craché sa colère contre l’ancien comptable matière du ministère des Transports, Ousmane Sigué, prévenu dans cette affaire. « Pour dire vrai, moi j’en veux à M. Sigué », a-t-il lâché, juste après avoir levé la main droite pour jurer de dire la vérité. Chose qui a fait sursauter le procureur qui s’est étonné : « deja ! »
Revenant aux faits. Abdoulaye Sinon, également directeur régional des Transports au Sud-ouest, a indiqué que c’est Ousmane Sigué qui l’a contacté pour signer les bordereaux d’un peu plus de 6 millions de FCFA pour la livraison de carburant, sans jamais recevoir le carburant. Selon Abdoulaye Sinon, ce n’est pas la première fois que M. Sigué lui fait signer des bordereaux sans livrer le carburant. Le témoin dit même que sa région fonctionnait souvent sans carburant. « C’est au moment où l’ASCE-LC (Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat et de Lutte contre la Corruption) était au niveau du Ministère qu’il m’a appelé pour les aider à justifier les dépenses. Tout était mélangé. Je n’avais pas le montant annuel de la dotation. Vraiment l’erreur qu’on a faite, c’est de ne pas avoir contacté le ministre Dabilgou pour confirmer », a-t-il révélé.
Contrairement aux autres Directeurs régionaux déjà entendus dans ce procès, Abdoulaye Sinon est un militant du Nouveau temps pour la démocratie (NTD). Ces déclarations corroborent celles des témoins précédents.
À la suite de M. Sinon, un autre Directeur régional est passé à la barre. Dapougdi Kouadiman, directeur régional des transports du Centre-Sud. Lui aussi a ete contacté par Ousmane Sigué en 2020.
« Pour moi, c’est une toute autre procédure. Il m’a dit qu’il y a du carburant pour les Directeurs régionaux. Il m’a tendu un bon de 9 millions de FCFA que j’ai signé. Un deuxième, le papier d’accusé que j’ai aussi signé. Je suis assis, je le regarde, il me regarde. Je lui demande le carburant. Il me dit d’aller voir le DAF. Je lui dis mais si c’était cela je n’allais pas signer avant de voir DAF. Dès que je suis sorti, il m’a rappelé qu’il y a une erreur sur le montant et que de renvoyer l’état. Je le lui ai renvoyé et jusqu’à aujourd’hui je n’ai plus eu un autre document ni le carburant. Je suis allé, je n’ai pas trouvé le DAF. Le temps de revenir, je n’ai plus trouvé Sigué. Après, j’ai pu voir le DAF qui m’a dit que le carburant n’était plus d’actualité et annulé. DAF m’a dit qu’il n’y a pas de contraintes. C’est quand l’ASCE-LC est venue que M. Sigué m’a rappelé pour m’expliquer (…) L’ASCE-LC m’a demandé si j’ai reçu du carburant, j’ai dit non », a-t-il déclaré à la barre.
Ousmane Sigué confronté précise que « M. Kouadiman n’a pas signé le bordereau le même jour. Il a même fait des photos avec son téléphone puisqu’il doutait. Il est parti ce jour là avec son bordereau ». Ce borderau s’est retrouvé devant le ministre Dabilgou. Ousmane Sigué dit que ce n’est que M. Kouadiman qui pouvait l’envoyer au ministre Dabilgou. Pour sa part, Jean Gabriel Séré précise avoir recu ce bordereau par WhatsApp du ministre Dabilgou. Le téléphone a malheureusement été volé, selon M. Séré. « Moi je vais demander qu’on fouille le téléphone du ministre Dabilgou pour voir qui l’a envoyé le bordereau. Les Technologies sont avancées. D’ailleurs, je rejette les déclarations de Sigué. Je n’ai jamais fait de photos », a répliqué l’ex militant du MPP.
« Moi, j’estime que j’ai été doublé par M. Sigué. J’ai falli prendre un avocat. Ils ont affirmé que j’ai signé plusieurs fois. C’est ça qui me fait mal », a aussi lâché M. Kouadiman.
Le procureur a affirmé que la seule personne à prouver d’où il a reçu le bordereau est le ministre Dabilgou par son téléphone. « Le téléphone du ministre a fait l’objet d’expertise. Les pièces ont été versées au dossier. Mais les données ont été, de façon précises, réinitialisées de telles sortes qu’on ne peut rien retrouver comme preuve ». M. Kouadiman a confié que son téléphone a été réinitialisé par la BCLCC.
Vincent Dabilgou, sur la questiob du bordereau, s’est défendu : « à LlASCE-LC j’ai été clair. J’avais affirmé ne pas me souvenir avoir appelé M. Sigué pour lui montrer un bordereau venant d’un directeur régional des Transports. Je ne me souviens pas de ça. Jean Gabriel Séré et moi nous n’avons jamais parlé d’un bordereau ».
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Les auditions des témoins se poursuivent…
Mathias Kam
Minute.bf