A l’audience d’hier, mardi 20 septembre 2022, le Colonel Louis Joanny Yameogo, chef d’État-Major général des armées dans les années 90, a accusé le général Gilbert Diendéré d’avoir contribué à la désorganisation de l’armée. Il lui a notamment reproché de n’avoir pas su «commander» les éléments du Centre National d’Entrainement Commando (CNEC) qu’il dirigeait à l’époque. Cette accusation n’a visiblement pas plu au Général qui a saisi l’occasion pour rappeler certains de ses exploits lorsqu’il commandait cette unité d’élite.
Prenant la parole, Gilbert Diendéré s’est dit « ahuri» par les déclarations de celui qu’il dit avoir toujours considéré comme un « aîné modèle». « Je ne savais pas que M Yaméogo me vouait une telle haine depuis tout ce temps! Pourtant je l’ai toujours respecté et considéré. Même quand je partais à Bobo, je passais toujours le voir chez lui», a-t-il déclaré. Et d’ajouter, qu’il croyait, à l’époque, que la proposition que le chef d’État-Major, Louis Joanny Yameogo, lui avait faite de prendre une région militaire, était une sorte de promotion qu’il lui faisait en reconnaissance de ses efforts. « Je ne savais pas que lorsqu’il me proposait de prendre une région militaire, c’était pour ces raisons. Pour moi, c’était plutôt une promotion parce qu’il me trouvait bon soldat», s’est-il étonné.
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Le « Golf » s’est, par la suite, engagé dans un cours de rappel d’histoire à l’endroit du témoin. « Ça m’étonne aujourd’hui que le colonel dise que je n’étais pas un bon soldat. S’il m’a proposé pour commander une région militaire en son temps, c’est parce quil savait que j’étais un soldat de valeur. Qu’il se rappelle des différentes opérations que j’ai conduites avec succès. Qu’il se souvienne de la manœuvre Cohésion, de la guerre de Noël», a-t-il lancé à la barre. Et de poursuivre: « Ce que le colonel Joanny ne dit pas, c’est que c’est moi et mes éléments du CNEC qui sommes allés le libérer dans sa région à Bobo (…) Quand les chars maliens fonçaient sur la ville à l’époque, il a été courageux. Il a pris ses éléments et ils sont montés à l’offensive. Mais demandez-lui comment il est revenu? Il est revenu dans une ambulance, je vous dis. Il a été transporté dans un hôpital à Ouagadougou puis par la suite, expédié à l’étranger pour des soins plus appropriés. Mais ça, il ne le dit pas aujourd’hui », a relaté celui qui a longtemps été considéré comme « la boîte noire » du Burkina Faso. Pour lui, on peut tout lui reprocher, sauf de n’avoir pas été un bon soldat.
Poursuivant toujours l’étalage de ses faits de guerre, il a déclaré : « C’est bien les éléments du CNEC, c’est à dire Maïga, Gaspard, moi, et les autres, qui sommes allés libérer la zone et détruire les chars. Ces chars ont même été présentés à la place de révolution en decembre à Bobo. Que le colonel s’en souvienne! ».
Soulignons que Gilbert Diendéré est accusé dans ce procès, de « complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée, de coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner et de recel de cadavres».
Oumarou KONATE
Minute.bf