Le Président de la Commission nationale des droits humains (CNDH), Kalifa Rodrigue Namoano et trois autres employés étaient à la barre du Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga 1, le jeudi 01 décembre 2022, pour répondre des chefs d’accusations portés contre eux.
Mais avant l’audition des prévenus, des témoins à charge ou décharge ont défilé à la barre du Tribunal. Ces derniers ont livré leurs versions des faits à l’appréciation des avocats et juges. Le principal prévenu, le Président de la Commission nationale des droits humains (CNDH), Kalifa Rodrigue Namoano, a lui aussi été appelé à la barre pour son grand oral devant la Chambre. « Je ne reconnais pas les faits », a plaidé non coupable M. Namoano et ce, après lecture des chefs d’accusations, à savoir, « fraude en matière de commande publique et abus de confiance », par le président du Tribunal. Mais d’où provient la poursuite ?
Pour cela il faut remonter à 2018, date de prise de fonction de Kalifa Rodrigue Namoano à la tête de la CNDH. Depuis lors, la partie civile au procès, c’est-à-dire, le Réseau national de lutte contre la corruption (REN-LAC), a noté des « irrégularités dans la passation des marchés publics ». Selon la loi, il doit être instauré un sain climat de concurrence pour attribuer les marchés publics au plus méritant. Mais selon le REN-LAC, à la CNDH, il a été plutôt instauré « un simulacre de concurrence », en vue d’attribuer les marchés publics aux agents de la CNDH, grâce à leur « entreprise fictive appartenant soit aux agents, soit à un membre de leur famille ».
En cela, la Directrice des affaires financières (DAF), inculpée dans cette affaire, va révéler à la barre : « Aucun marché public depuis mon intégration à la CNDH (2020-2021) n’a suivi la voie normale pour être attribué à un prestataire méritant ». Toujours selon cette dernière, sur injonction du président de la CNDH Kalifa Rodrigue Namoano, elle était chargée « d’appeler » un prestataire indiqué par le président. Ce « prestataire désigné » était tenu de venir avec deux factures « proforma » et une offre alléchantes en dessous de la grille. C’est toujours ou presque la personne mentionnée par le président de la CNDH qui obtient le marché, vient appuyer l’ancien DAF de la structure, lui aussi accusé dans ce dossier.
Ces deux versions des faits seront balayées du revers de la main par le président de la CNDH. Selon Kalifa Rodrigue Namoano, il donnait des « orientations à recourir à des prestataires », plutôt que des « instructions pour imposer les prestataires ».
C’est sur cette ambiguïté que l’audience a pris fin. Elle est prévue reprendre ce vendredi 02 décembre 2022, au TGI Ouaga 1.
Mathias Kam
Minute.bf