dimanche 15 décembre 2024
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À la barre: Il est condamné à 18 mois de prison pour avoir hébergé et tenté de violer une mineure

Au Tribunal de grande instance de Ouagadougou (TGI) ce 31 mars, Étienne (nom d’emprunt), 21 ans, convoyeur, comparaissait pour des faits de détournement de mineur. Il est soupçonné d’avoir drogué par une substance médicamenteuse Safi (nom d’emprunt), une élève de 15 ans, de l’avoir conduite chez lui, de l’avoir hébergée pendant cinq jours et d’avoir tenté de la violer.

Étienne et sa victime ont expliqué les faits devant les juges chargés de rendre la sentence, le procureur et les avocats de la défense. Selon les faits, c’est dans un garage qu’Étienne et la mineur de 15 ans se sont connus.

En effet, l’accusé fréquente un garage qui jouxte le collège de Safi. Celle-ci a confié à la Cour qu’elle s’y rendait par moment avec une de ses amies voir Étienne qui leur remettait régulièrement de l’argent pour une autre fille qui se retrouve être en réalité la copine d’Étienne. C’est de là qu’elle aurait tissé un lien d’amitié avec celui-ci.

Le jour où tout a basculé, Safi était de passage au garage pour rendre visite à Étienne . « Chose qui était devenue une habitude pour elle au regard de la proximité du garage d’Étienne avec son école et de la familiarité qui était née entre eux », raconte Safi au juge.

Ce jour-là, elle se souvient qu’elle avait une migraine. Un malaise qu’elle a jugé nécessaire d’en parler à son interlocuteur du moment. Celui-ci lui proposa alors un médicament pour soulager son mal. C’est là, selon elle, que l’histoire a pris un virage rocambolesque. De ses dires à la barre, après avoir pris le médicament qui était de couleur rouge et blanc selon Safi, elle n’a pas su par quel moyen elle s’est retrouvée chez Étienne dont le domicile est pourtant éloigné du garage et de l’école.

Interrogé, le mis en cause ne nie pas les faits mais apportent des éclaircissements sur certains points. Il a juré devant le juge que c’est du paracétamol qu’il a donné à Safi, rien d’autre. Aussi, il ajoute que Safi a bien pédalé son vélo en sa compagnie pour qu’ils regagnent ensemble son domicile.

« Pourquoi elle vous aurait suivi? Vous aviez quelle intention en l’emmenant chez vous? », questionne le procureur. « On était en train de causer, je lui ai dit que j’allais rentrer chez moi, c’est là qu’elle a proposé de me suivre », répond l’accusé. Celui-ci fait savoir au juge qu’en aucun moment il a forcé Safi à le suivre. Il ajoute d’ailleurs que Safi a passé cinq jours à son domicile au cours desquels, elle sortait payer même des condiments pour faire la cuisine.

« Et vous ne lui avez pas demandé de partir? Vous n’avez pas non plus prévenu ses parents ou l’action sociale sachant qu’elle est mineure? » demande le juge.

Et à l’accusé de rétorquer que Safi n’a pas voulu qu’on prévienne ses parents et qu’il ne savait pas qu’en pareille situation il faut prévenir l’action sociale. Pourtant, Safi confie être restée à cause des menaces d’Étienne qui lui disait que si elle partait elle aurait affaire à lui.

L’avocat de la défense s’est alors permis de poser quelques questions à Safi: « Vous avait-il attaché? Pourquoi vous n’avez pas profité de vos sorties pour faire le marché, pour vous en fuir? »

« Il ne m’avait pas attachée ; je ne connaissais pas son quartier et je ne savais pas quelle route prendre pour m’échapper », répond Safi à l’avocat de la défense. L’avocat demande encore à Safi: « Vous avez dit que lors de votre séjour au domicile d’Étienne, il a tenté de faire l’amour avec vous et vous avez refusé. Mais avant cela vous aviez déjà fait l’amour? ». Safi répond par l’affirmative avant que le juge ne rappelle l’avocat à un peu plus de pudeur.

Au finish, l’avocat d’Étienne a demandé la clémence du juge pour son client. L’avocat reconnaît que dans l’affaire, les faits de détournement de mineur sont bien constitués en ce sens que la victime a moins de 15 ans. « Mais convenez avec moi, monsieur le juge, que physiquement, la victime a l’air plus âgé. De plus, monsieur le juge, Étienne n’a que 21 ans. Sur le papier 21 Ans c’est l’âge de la majorité mais dans nos sociétés vous conviendrez avec moi qu’un jeune homme de 21 ans est encore immature », plaide l’avocat face au juge pour demander des circonstances atténuantes pour son client.

Le juge, au regard des différentes interventions, a reconnu Étienne coupable des faits à lui reprochés et l’a condamné à une peine d’emprisonnement de 18 mois avec une amende de 500 000 F CFA, le tout assorti de sursis comme l’avait requis le procureur.

Hamadou Ouédraogo
Minute.bf

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