dimanche 15 décembre 2024
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Burkina : Le capitaine Traoré « a beaucoup de volonté, il est le contraire de Damiba » (Adama Amadé Siguiré)

Écrivain professionnel, Adama Amadé Siguiré est connu pour ses prises de positions assumées, ses analyses et critiques vis-à-vis de la gouvernance et des régimes politiques. Sous le pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré, il a été l’un des farouches critiques du régime. Quand le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a renversé le président Kaboré, il a, quelques mois après, repris les critiques avant de se soustraire des plateaux pour se concentrer sur ses formations. Le Capitaine Ibrahim Traoré est maintenant au pouvoir et M. Siguiré est sorti de son silence. Dans cet entretien avec www.minute.bf le 1er mars 2023, il donne sa lecture des changements successifs à la tête du Burkina Faso, de la démocratie elle-même. Il a également positivement apprécié les actes posés pendant ces 5 derniers mois de gestion du Président Traoré et expliqué pourquoi il a foi en ce dernier. Lisez plutôt !

Minute.bf : Pour la seule année 2022, il y a eu 2 coups d’Etat au Burkina Faso. Quelle est l’appréciation que vous en faites ?

Adama Amadé Siguiré : Les coups d’État sont regrettables. De par ma formation, je ne suis pas un partisan des coups d’État et je ne pense pas que ce soit vraiment la solution pour le développement d’un pays…

« L’échec de la démocratie, la démocratie de façade, la corruption pendant les campagnes électorales, etc. », sont dénoncés par M. Siguiré. Plus de détails dans cette vidéo ci-dessous ⤵️

Minute.bf : On a constaté qu’après le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré et du Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, vous étiez rentré en réserve. Depuis le coup d’État du capitaine Ibrahim Traoré, on constate que vous êtes revenu, est-ce à dire que vous portez plus de crédibilité au pouvoir actuel ?

Adama Amadé Siguiré : À la différence de certaines personnes, moi, je ne me considère pas comme un  activiste. Je suis un penseur et jusqu’à preuve du contraire tout le travail que j’ai fait au Burkina il y a presque 10 ans, ce n’est pas celui d’un activiste, c’est le travail d’un penseur. Quand vous produisez 10 livres et que vous vendez presque 50.000 exemplaires, qu’on vous aime ou pas, vous n’êtes pas un activiste mais vous êtes un penseur.

Moi, tout mon combat, c’est pour le bien-être du Burkina Faso et les Burkinabè. Quand Damiba est arrivé, j’ai vu que beaucoup de personnes croyaient en lui, surtout les partisans du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP). Il y avait assez de violences sur les plateaux et moi je ne suis pas violent, je parle avec mon éducation, je déteste toutes sortes de violences. Comme je ne suis pas un chômeur, j’ai un très bon travail qui peut me rapporter des millions, donc je me concentre à mon cabinet, à mes formations en ressources humaines, en management des cellules sociales. Voilà pourquoi je me suis retiré pour me concentrer à ce travail. A un certain moment, je sentais trop de violences et moi-même n’étant pas violent par ma nature et mon éducation, je ne pouvais pas participer à un débat où il n’y a pas d’argument et que c’est la violence qui prime. Voilà pourquoi je me retire puisque j’ai un bon travail qui peut me nourrir sans que je ne participe au débat politique.

Maintenant, le capitaine Ibrahim Traoré prend le pouvoir parce que Damiba lui aussi a échoué, mais de toute façon ça ne m’étonne pas. J’attendais son échec parce qu’un homme qui ne sait où aller, qui n’a aucun sens de la République comme Damiba ne saurait réussir à la tête d’un État…

« L’échec de Damiba ne surprend pas… » Plus de détails dans cette vidéo ⤵️

Minute.bf : Aujourd’hui, est-ce à dire que vous avez pleinement confiance au capitaine Traoré, quant à sa capacité à nous sortir de cette crise dans laquelle nous pataugeons depuis des années ?

Adama Amadé Siguiré : Avoir pleinement confiance au Capitaine Ibrahim Traoré, c’est trop dire parce qu’il est un humain avec ses qualités et ses défauts. Mais j’ai de l’espoir avec lui et je lui fais confiance. Je vois un homme avec de très bonnes volontés, un homme déterminé, qui veut vraiment se battre pour la nation. J’attendais toujours de tels hommes au Burkina Faso pour pouvoir les aider et les soutenir.

De toute façon, avant qu’Ibrahim Traoré n’arrive au pouvoir, j’écrivais déjà pour soutenir la Transition au Mali, avec Assimi Goïta et ses hommes. Je ne sais pas pourquoi un tel homme (Capitaine Ibrahim Traoré, ndlr) va arriver au Burkina Faso et moi je vais refuser de le soutenir. Je ne suis pas aussi arrogant et mesquin que ça.

Minute.bf : 5 mois après la prise du pouvoir du capitaine Traoré, quel bilan retenez-vous ?

Adama Amadé Siguiré : 5 mois après, le bilan que je peux faire c’est celui de l’engagement, de la détermination et surtout le sens du sacrifice. Sinon, sur le terrain, pour être honnête, il n’y a pas encore des résultats concrets. La preuve, [le vendredi 17 fevrier 2023], nous avons eu près de 51 soldats qui sont tombés entre Déou et Oursi. Donc, il n’y a pas de résultats concrets. Mais il y a de l’espoir parce qu’avant le capitaine Traoré, nos militaires étaient à la défensive. Aujourd’hui, ils sont à l’offensive. Ils attaquent, ils n’ont plus peur des terroristes. Donc, à tous les niveaux, ça donne de l’espoir.

Je me dis que 5 mois, c’est encore peu. Mais si les choses continuent dans cette évolution positive, peut-être que dans un ou deux ans, on pourrait finir avec le terrorisme. Ici, moi, c’est l’espoir qui m’anime. Je me dis qu’un être humain vit d’espoir et je ne peux que soutenir ceux qui nous donnent de l’espoir.

Minute.bf : Au plan diplomatique, le Capitaine Traoré a demandé et obtenu le départ des soldats français du territoire burkinabè et le remplacement de l’ambassadeur français. Comment appréciez-vous ces décisions ?

Adama Amadé Siguiré : Ce sont des décisions politiques assez courageuses. Peut-être qu’il a fallu un homme assez courageux comme Ibrahim Traoré pour prendre ces décisions. Sinon, avec les politiciens, je ne pouvais pas m’attendre à de telles décisions, parce que la France joue un double jeu. Elle est là et on ne sait pas si elle veut nous aider ou pas.

La France a des matériels militaires, de la logistique, elle a tous les moyens nécessaires pour nous aider à traquer les terroristes. Quand nos grands-parents partaient en France, lors de la seconde guerre mondiale, ils ne sont pas allés pour dormir, ils sont allés pour faire la guerre. Mais, on a l’impression que les soldats français sont au Burkina Faso pour dormir. Et si tel est le cas, c’est mieux qu’ils partent pour que nous puissions voir clairement pour mener le combat. Donc, je soutiens cette décision du capitaine Ibrahim Traoré, c’est mieux qu’ils partent.

Minute.bf : Selon certains observateurs, les autorités de la transition ont clairement fait le choix de réchauffer les relations avec la Russie. Pensez-vous que cela pourrait contribuer à endiguer le terrorisme ?

Adama Amadé Siguiré : Je dis toujours, peut-être que cela va vous surprendre, je ne suis pas un pro-russe. Je ne suis pas de ceux qui disent qu’il faut quitter la France pour aller vers la Russie.

Maintenant, comme je le dis, tous ceux qui sont de bonne volonté et qui voudraient nous aider, moi je suis partant. S’il se trouve que la Russie, à travers ses relations diplomatiques, ne veut pas de l’hypocrisie comme la France, si elle peut nous aider à avoir des matériels de guerre de dernière génération pour faire la lutte, je suis parfaitement d’accord que nous partons vers la Russie. Mais, comme je le dis, ce n’est pas une question de rompre avec la France pour aller se donner à la Russie. Non ! Ce n’est pas un remariage. Non ! Moi, je ne vois pas cela de cette manière.

Lire aussi ➡️ Tribune – « Vaincre le terrorisme sera burkinabè ou il ne sera pas » (Adama Siguiré)

Minute.bf : On voit que dans vos écrits, vous accusez beaucoup la France des malheurs qui frappent le Burkina Faso, même les pays du Sahel. Est-ce qu’il n’y a pas lieu d’aller aujourd’hui vers un partage de responsabilité, au lieu de chercher un bouc émissaire ?

Adama Amadé Siguiré : Non ! Nous ne disons pas que la France est la seule responsable. Mais, c’est tout à fait naturel, celui qui ne connait pas son histoire, son passé, n’a pas d’avenir. Nous voulons seulement que nos compatriotes sachent que, dans notre passé, la France a joué un très mauvais rôle. Et comme elle a joué un mauvais rôle, il faudrait que l’on prenne conscience de cela, pour pouvoir nous projeter vers l’avenir.

« La mauvaise gouvernance, le vol, la corruption, les délits d’apparence, ce ne sont pas les Français qui ont instauré cela ici »

Nous ne disons pas que la France est responsable de tout. Ce ne sont pas les Français qui volent l’argent du contribuable burkinabè. Ce sont des Burkinabè. Mais, nous, nous partons d’une réalité historique, celle d’une France qui nous a fait beaucoup de mal et qui a toujours refusé de s’assumer. Nous disons que nos compatriotes doivent prendre conscience de cela et à partir de cela, nous pouvons faire de nouvelles projections.

Nous aussi, nous avons notre responsabilité. Ce ne sont pas seulement les Français. La mauvaise gouvernance, le vol, la corruption, les délits d’apparence, ce ne sont pas les Français qui ont instauré cela ici. Ce sont des Burkinabè. Mais nous ne saurions aussi blanchir la France, dire qu’elle n’a rien fait.

Donc, nous partageons la poire en deux pour dire que la France est responsable et il faudrait que nous le sachions et qu’elle aussi accepte qu’elle est responsable. Et nous aussi, nous partons de cette histoire-là, pour nous construire, nous réinventer. Voilà le message que nous sommes en train de passer. Sinon passer le temps à accuser la France de tous les maux, je crois que ce serait irresponsable.

Minute.bf : Vous avez écrit un livre dans lequel vous fustigez un peu la démocratie française, sa politique en générale, est-ce que vous pouvez revenir un peu nous présenter la quintessence même de votre ouvrage ?

Adama Amadé Siguiré : Effectivement, j’ai écrit un livre sous le titre : « Le terrorisme ou l’échec de la démocratie française en Afrique : cas du Burkina Faso ». Partant de cela, je veux dire, d’abord, que la démocratie française a échoué partout en Afrique, que ce soit au Bénin, au Togo, en Côte d’Ivoire, elle a échoué partout. Mais, comme moi je suis Burkinabè, je prends le cas du Burkina Faso, parce que c’est mon pays que je connais bien.

Cette démocratie française, d’abord instaurée après les indépendances, a fait le lit de la pauvreté et de la misère. Ce n’est pas un système économique, ce n’est pas un système de développement. La démocratie, nulle part au monde, n’a contribué au développement. C’est un système qui promet les libertés, qui prône les plaisirs, qui met l’accent sur tout ce qui n’est pas nécessaire. La France elle-même s’est construite économiquement pour attendre jusqu’au 19e siècle pour adopter la démocratie. Pourquoi nous, à peine nous avons eu à prendre notre fameuse indépendance, on nous impose la démocratie, qui n’a jamais été un système de développement économique ? Nous voulons un système de développement économique. Il se trouve que la démocratie, surtout à la française, n’est pas un système de développement économique. C’est un système qui fait qu’une minorité s’accapare des ressources, des biens de l’État au détriment de la majorité. Et depuis 1960, nous avons assisté à cela. Voilà pourquoi je dis que c’est cela qui a fait le lit de la misère, qui a créé quelque part la frustration et aujourd’hui nous vivons le terrorisme. Parce que, quand quelqu’un passe toute une journée sans manger, n’a pas d’avenir, n’a pas d’espoir, il est facile de convaincre cette personne à prendre des armes contre son pays. Et ceux qui nous attaquent aujourd’hui sont des Burkinabè. Ce sont nos frères, ce sont nos sœurs. Et pourquoi ? Parce que la démocratie n’a pas permis de construire des voies, des logements, de leur donner à manger… Ils n’ont pratiquement rien. Voilà pourquoi, j’ai écrit dans mon œuvre, le terrorisme ou l’échec de la démocratie française en Afrique. Quelque part, le terrorisme est la conséquence de l’échec  de la démocratie.

Et qu’est-ce que je propose comme solution ? Dans ce livre, surtout dans sa dernière partie au chapitre 8, je dis qu’il faut rompre avec la démocratie française. Nous ne sommes pas condamnés à faire la démocratie à la française, peut-être que nous pouvons faire la démocratie mais pas forcément à la française, puisque nous ne sommes pas des Français. Donc, voilà un peu résumé le contenu du livre.

Lire aussi ➡️ Tribune/Burkina : « Que les jeunes officiers assument leur pouvoir ! » (Adama Siguiré)

Minute.bf : Concrètement, quel modèle de démocratie on peut avoir au Burkina Faso ?

Adama Amadé Siguiré : C’est la question qu’on me pose, et chaque fois je dis qu’il ne m’appartient pas de venir m’asseoir pour dire que voilà le modèle qu’il faut appliquer. Adama Amadé Siguiré est trop petit pour dire cela. J’invite les Burkinabè à réfléchir. Nous avons tous été à l’école, nous avons fait un constat. Comme on dit, c’est une science, à travers l’observation, nous avons émis des hypothèses, et les hypothèses ont montré que la démocratie à la française est mauvaise. Alors, réfléchissons et trouvons un système de gouvernance qui nous convient. Avant que la démocratie ne vienne, nous étions dans quel système ? Dans les années 1400, 1500, 1900, nos grands parents ne connaissaient pas la démocratie. La démocratie n’est pas sociologique, elle ne répond même pas à notre contexte sociologique. Dans aucune langue du Burkina Faso vous ne pourrez trouver une définition exacte de la démocratie.

« Nous ne sommes pas condamnés à faire la démocratie à la française »

Quand les gens veulent définir la démocratie dans nos langues locales, ils trouvent des connotations plus ou moins bizarres, ils construisent au moins trois, quatre ou cinq mots pour définir la démocratie. Ça veut dire qu’elle n’est pas adaptée à notre réalité sociologique. Et nous évoluons aujourd’hui dans un vide sociologique. Un pays ne peut pas se développer dans un vide sociologique. Quand vous êtes dans un vide sociologique, tout ce que vous faites ne vous ressemble pas. Cela ne convient ni à votre identité, ni à votre culture ni à votre tradition. Donc, moi j’invite les Burkinabè à réfléchir pour trouver, nous aussi, notre modèle de développement qui nous convient, je pense que nous en sommes capables.

Minute.bf : Malgré la volonté du capitaine Ibrahim Traoré, on a l’impression que la situation sécuritaire s’enlise davantage. Qu’est-ce que vous proposez concrètement au Capitaine si vous l’avez en face ?

Adama Amadé Siguiré : Non! Dire que la situation sécuritaire s’enlise, c’est trop dit. Je ne crois pas que la situation sécuritaire s’enlise. Il est vrai que c’est difficile, il n’y a pas de résultats tangibles comme nous l’aurions voulu, mais, j’estime qu’il y a des efforts qui sont faits et il y a Falangoutou, Solenzo et des zones qui ont été reconquises. Si j’avais en face de moi le capitaine Ibrahim Traoré, ce que je lui dirai simplement, c’est de demeurer sur la voie du courage et de la détermination. Quand on est jeune et qu’on assume de très hautes responsabilités à la tête d’un État, c’est très difficile. Mais, qu’il sache qu’il a le soutien des Burkinabè, des patriotes, de ceux qui aiment le Burkina Faso. Et qu’il reste sur la voie de la détermination, du courage, du sacrifice, du leadership et ainsi avec la volonté de Dieu et de nos ancêtres, j’ai espoir qu’on finira par vaincre le terrorisme au Burkina Faso.

Minute.bf : Revenons sur la plateforme des Justes. La plateforme des justes dans un manifeste a dénoncé la dégradation de la situation sécuritaire depuis la prise du pouvoir par le capitaine Traoré. Qu’elle réaction faites-vous de leur interprétation ?

Les Justes ont fait une analyse quelque part qui est vraie. La situation sécuritaire se dégrade, c’est vrai. Mais les Justes sont aussi des idéalistes. D’abord même, je me demande pourquoi ils se donnent le nom Justes, comme s’ils étaient des mathématiciens, ce qui est bizarre pour des humains. Les Justes sont des idéalistes parce qu’au delà de faire le constat de la situation sécuritaire, ils appellent à un retour à l’ordre constitutionnel. Ça veut dire qu’il faut organiser des élections. Comment nous allons organiser des élections aujourd’hui dans ce contexte là ? Où près de 50% du territoire burkinabè sont occupés par les terroristes ? Donc, je vois les Justes comme des idéalistes, illusionnistes, des gens qui ne pensent qu’à leur intérêt, qui résument tout à l’organisation des élections ; des gens pour qui la démocratie est une panacée pour le développement. Donc, ce sont des gens qui défendent leur chapelle pour ne pas dire leur sébile, qui tendent la main à des pays occidentaux pour avoir à manger.

Propos recueillis par Franck Michaël KOLA

Minute.bf

1 COMMENTAIRE

  1. Bravo à minute.bf et à Adama Amade SIGUIRE pour cet entretien très riche et patriote. Je partage tout ce qu’il a dit. Dieu vienne en aide au Burkina Faso. La patrie publa mort nous vaincrons.

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