mercredi 11 décembre 2024
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15 Octobre 1987 : Sankara avait été informé du coup d’Etat quelques heures avant sa mort

Le procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et ses 12 compagnons s’est poursuivi ce 22 novembre 2021. Plusieurs témoins, notamment des services de renseignements de la gendarmerie au moment des faits ont fait des révélations à charge contre Jean-Pierre Palm accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’État dans cette affaire en date du 15 octobre 1987. L’Adjudant-chef major à la retraite, Douamba Boukari, chef de service à la table d’écoute de la gendarmerie au moment des faits ; Patrice Ouédraogo Adjudant-chef de la gendarmerie à la retraite, en service au niveau de la table d’écoute à la gendarmerie nationale au moment des faits et Victor Zongo Adjudant chef de la gendarmerie à la retraite au service du contre-espionnage au moment des faits ont tous donné des témoignages qui accablent l’accusé Jean-Pierre Palm.

L’accusé Jean-Pierre Palm, lors de son audition à ce procès de Thomas Sankara et ses 12 compagnons avait nié le fait d’avoir démantelé la table d’écoute de la gendarmerie après le coup d’État du 15 octobre 1987. Il nie également avoir procédé à des arrestations tendant à consolider le coup d’État.

Boukari Douamba, Maréchal des Logis (MDL) au moment des faits était le responsable de la table d’écoute de la Gendarmerie. Il a indiqué à la barre qu’après le coup d’État, Jean-Pierre Palm est venu avec des Français à son service pour inspecter la table d’écoute. Après inspection le témoin dit se souvenir qu’un blanc en compagnie de Jean-Pierre Palm l’a indexé et déclaré ceci : « il faut arrêter celui-là, il est dangereux. Deux jours après deux gendarmes munis de leur fusil G3 sont venus m’arrêter et me conduire à pied jusqu’à l’escadron de la gendarmerie où j’ai été incarcéré pendant plus d’un mois dans la salle C ». Pour lui, le responsable de son arrestation ne pouvait qu’être que Jean-Pierre Palm.

L’adjudant-chef major Patrice Ouédraogo, MDL au moment des faits est venu après lui à la barre et a confirmé ses dires: « Jean-Pierre Palm est venu avec des Blancs pour inspecter notre service (la table d’écoute de la gendarmerie), après leur inspection, le Blanc a indexé mon chef Boukari Douamba et il a dit: il faut arrêter lui là, il est dangereux. Trois jours après deux gendarmes sont venus arrêter Boukari Douamba de notre service située en face du Conseil de l’Entente jusqu’à l’escadron de la gendarmerie en pointant l’arme sur lui. C’était honteux. Toute la population du voisinage est sortie regarder la scène ». Le désormais gendarme à la retraite Patrice Ouédraogo est formel. Cette arrestation ne peut qu’être l’œuvre de Jean-Pierre Palm.

Après lui, ce fut le tour du témoin Victor Zongo de passer témoigner de ce qu’il sait de l’affaire Thomas Sankara. Il a également témoigné à charge contre Jean-Pierre Palm tout en faisant une nouvelle révélation sur les circonstances de la mort de Thomas Sankara. En effet Victor Zongo, Adjudant chef à la retraite, il était MDL au service du contre-espionnage de la gendarmerie nationale au moment des faits. Il a été formel. Le jour de l’assassinat du 15 octobre 1987 à 9h à son arrivée au service, on lui a fait comprendre que son chef, Tanga Aboubacar Kola est parti rendre personnellement une information très sensible à la présidence. La note selon ses collègues du service du contre-espionnage indiquait clairement : « dénouement sanglant de la crise ce soir à 15h ».

Cette note, à en croire le témoin, annonçait la mort du président Sankara à 15h. Pour conclure, il fait savoir que Sankara a reçu la note autour de 10h; il les a félicités et leur a dit: « vous avez fait du bon boulot, mais c’est imparable ». Il a ainsi été assassiné le 15 octobre 1987 vers 16h.

Hamadou Ouédraogo

Minute.bf

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