En marge des Rencontres musicales africaines (REMA), le rappeur Français d’origine congolaise Youssoupha a accordé un entretien à www.minute.bf. Actualité nationale et musicale, éventualité de collaboration avec les artistes burkinabè, le héros national Thomas Sankara, sont entre autres, des questions abordées dans cet entretien réalisé le samedi 21 octobre 2023 à Ouagadougou. Entretien à lire en intégralité sur www.minute.bf. Morceaux choisis !
Minute.bf : On sait que le Burkina Faso traverse des moments particuliers. Les REMA se tiennent dans ce contexte, est-ce que vous avez un message particulier à l’endroit de la jeunesse ?
Youssoupha : Déjà avant le message, sans savoir tout sur tout, je pense qu’il y a un décalage de ce qu’on dit du Burkina Faso et ce que le Burkina Faso vit de lui-même. Je ne suis absolument personne pour commencer à avoir des certitudes définitives sur le Burkina Faso mais je ressens ici plus de sérénité, quand je me projette sur ce qui est dit sur le Burkina Faso par les gens de l’extérieur. En règle générale, j’aime bien me fier à l’expérience que les gens qui sont concernés traversent et me faire une idée définitive des choses.
Je ne suis pas en train de dire que tout va bien, que tout est parfait. C’est pas du tout ce que je dis. Mais je dis qu’il y a une espèce de cristallisation de l’instabilité du Burkina Faso, dont on parle à l’extérieur dont j’ai pas le sentiment quand je suis ici.
La preuve, quand on nous a sollicité pour le concert, moi j’aime bien revenir ici, mais ma première interrogation, c’était est-ce qu’on peut faire des concerts au Burkina Faso ? On peut venir ? Ça peut bien se passer ? Les organisateurs m’ont dit oui, c’est possible. Tout ce qu’ils ont dit se confirme.
Il y a des signes extérieurs qui donnent plutôt des envies comme quoi, il y a peu de choses envisageables ici. Sur place, on voit qu’il y a beaucoup de choses envisageables. Donc, finalement j’ai bien fait de venir.
Le Burkina Faso est un pays, un peuple de résistance. Généralement, les peuples de résistance, ils traversent des périodes où ça secoue. Ça fait partie du tribut de l’effort militant. On ne peut qu’accompagner le peuple dans cet élan.
Minute.bf : Est-ce que Youssoupha a des collaborations en vue avec les artistes burkinabè ?
Youssoupha : J’ai jamais eu l’occasion. On m’a présenté quelques-uns. Peut-être, un jour ça viendra. Mais, moi, jamais je ne force. J’ai jamais eu l’imposture de : je viens du ciel, je suis un super rappeur français qui vient apprendre la vie aux artistes africains. Non ! Ce n’est pas mon truc.
Si jamais j’ai l’occasion de collaborer avec plusieurs, pas au Burkina Faso, mais sur le continent c’est parce que j’ai des coups de cœur. Je ne regarde même pas d’où viennent les artistes. Non ! Je n’ai pas affaire à un pays.
Minute.bf : Est-ce que vous en connaissez des artistes burkinabè ? Es-ce qu’il y a eu des approches récemment ?
Youssoupha : J’en connais pas récemment. J’avais rencontré certains dernièrement. J’en avais passé pas mal du temps avec certains la dernière fois. Mais, je n’ai pas eu d’approche ferme.
Mais ce n’est pas parce qu’on me demande que forcément je dis oui. Il faut que je sois convaincu. Si tu fais un featuring par charité, déjà pour l’autre artiste c’est quel genre de respect. Il faut un coup de cœur, une affinité, une chanson qui inspire tous les deux. Les raisons peuvent être nombreuses. Et puis après, il y a un agenda qu’il faut respecter. Les gens s’en rendent pas compte mais un titre, ce n’est pas juste un titre. Un titre, c’est un moment de recording, où en enregistre, après il faut qu’on soit d’accord sur la réalisation du titre, après on mixte, on masterise, après il faut le promotionner, le cliper, etc. Tu ne peux pas commencer un truc comme ça et laisser les personnes en vue. Quand ça engage, c’est jusqu’au bout. (…) Je ne peux pas tout savoir sur tout. Je ne peux pas faire le pointu sur le rap burkinabè. L’Afrique, ce n’est pas un pays, c’est un continent. Quand j’arrive dans un pays, je suis humble, je la ferme, j’écoute.
Minute.bf : Quel message avez-vous pour la jeunesse burkinabè dans ces moments difficiles ? Cette jeunesse en quête de liberté et d’identité.
Youssoupha : Il faut qu’elle le sache, la jeunesse burkinabè, j’ai parcouru plusieurs pays, une quarantaine, je le dis en toute modestie : moi, j’ai pas connaissance d’une jeunesse conscientisée, plus mobilisée que ce que j’ai vu auparavant au Burkina Faso. Moi-même j’ai appris de la conscientisation de cette jeunesse. Moi-même, du haut de mes disques d’or, de mes textes, etc. si on parle concret, de France, du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, des pays où j’ai vécu, j’ai pas vécu de conscientisation et de mobilisation, d’acte de positionnement comme la jeunesse burkinabè l’a démontrés ces dernières années. C’est à moi de beaucoup apprendre d’eux. Je ne me sens pas légitime à leur dire : ok vous devriez faire comme ça. Non ! Quand je quitte ici, je vais raconter aux gens que j’étais à Ouagadougou, que c’est inédit ce que je vu ici.
Si j’avais un message, un message qui n’en est pas un, c’est de leur dire de continuer à être un phare et une inspiration pour d’autres jeunesses. Il y a une jeunesse ici qui est en phase de concrétiser ce qu’on pense.
Après on ne va pas se mentir, la figure de Thomas Sankara et d’autres figures fortes élevées qui est pris à sa juste valeur. Je trouve qu’en terme de phare, d’inspiration, je trouve que Thomas Sankara, il est l’égal des gens comme Patrice Lumumba. Mais, je trouve moi, que, par exemple, au Congo Kinshasa, Patrice Lumumba n’a pas la place élevée dans l’imaginaire collectif que Thomas Sankara l’a été ici au Burkina Faso. C’est un fait. Je le dis, pourtant, c’est mon pays le Congo. Moi j’idolâtre Patrice Lumumba mais il se trouve qu’ici les gens, je les trouve mobilisés, conscientisés. Ils veulent prendre leur destin entre leurs mains. Moi ça m’inspire et il faut qu’elle continue.
Propos recueillis par Franck Michaël KOLA et Oumarou KONATE
Minute.bf
Merci beaucoup mon arts
Vraiment merci pour votre conseil pour les jeunesses Burkinabè.