« Il y a bien de localités au Burkina où l’établissement d’acte de naissance, la violence basée sur le genre et la planification familiale sont des problématiques majeurs ». C’est en tout cas ce qui ressort d’une enquête exploratoire réalisée par l’ONG Save the Children International et le Réseau Africain Jeunesse santé et développement au Burkina Faso (RAJS/BF) en avril 2018.
De cette enquête, le projet de Renforcement de l’Offre et de la Demande de Services d’état civil et de Promotion Sociale au niveau des CSPS, des communes et en milieu scolaire dans les régions des Cascades, Hauts bassins et Sud-ouest (PRODEPS) est né. Aussi, dans le cadre des activités de ce projet financé par l’Union Européenne, une caravane dénommée « un enfant un acte de naissance » a été initiée du 04 au 08 Août 2020 dans 04 provinces du Sud-ouest (Poni, Noumbièl, Bougouriba et Ioba).
« Le Sud-Ouest est classé 11ème sur les 13 régions du Burkina en matière d’établissement d’état civile. Au regard de cet état de fait, le projet PRODEPS a vocation de renverser cette tendance», a indiqué Aicha Ouédraogo, chargée du projet PRODEPS au RAJS/BF. Aussi, a-t-elle signifier que « la caravane initiée à cet effet a pour objectif de susciter une plus forte adhésion des populations en général et des adolescents et jeunes en particuliers en faveur de la promotion sociale, de l’état civil et la lutte contre les violences basées sur le genre dans les localités visitées».
Ainsi, dans chaque localité visitée par la caravane, un plaidoyer pour un engagement des populations, des responsables administratifs et politiques, des leaders coutumiers et religieux, et des leaders d’opinion sur la promotion de l’état civile mais aussi de la santé reproductive a été fait.

À Batié, à l’issue du plaidoyer, le 1er adjoint au maire Côme Somé avoue: « honnêtement, il faut reconnaître qu’il y a une faiblesse des déclarations de naissance ici à Batié ». A l’entendre, à Batié, la plupart des parents, tant qu’ils ne font pas face aux besoins immédiats de l’extrait d’acte de naissance, soit pour l’inscription de l’enfant à l’école, soit pour voyager, ils ne le font pas. « Ils ne trouvent pas la nécessité de faire un extrait de naissance pour leurs enfants juste après sa naissance », déplore-t-il.
Par voie de conséquence dit-il: « nous nous trouvons plus dans une situation où les jugements supplétifs d’acte de naissance (qui deviennent le recours si le nouveau-né fait plus de deux mois sans être enregistré à l’état civil pour son extrait d’acte de naissance) sont plus demandés par la population ». Cependant, il reconnaît la part de responsabilité de l’administration qui « n’avait pas su rapprocher les centres d’enregistrement de l’état civil aux populations » mais de plus en plus, note-t-il qu’ « il y a la création de centres secondaires d’enregistrement directement dans les CSPS et CMA qui font que de plus en plus les populations établissent les enregistrements de naissance des nouveau-nés avant le délai de deux mois en vigueur ».
C’est le même son de cloche dans les communes parcourues par la caravane sauf à Diébougou où « les résultats sont satisfaisants depuis un certain temps », selon le haut-commissaire de ladite province, Raphaël Zoungrana. Et le secret selon lui, c’est que : « Diébougou a su développer les centres secondaires avec des agents d’état civil recrutés par la mairie, appuyés par des associations sur le terrain pour favoriser l’enregistrement des naissances ».

Une caravane qui sensibilise aussi par des jeux de scènes
En plus du plaidoyer auprès de personnalités politiques, administratives et religieuses, la caravane a aussi sensibilisé par son animation grand public. En effet, au cours de chaque animation, des artistes engagés, des troupes théâtrales, des projections de films ont permis de transmettre dans une ambiance ludique et parfois satirique, des messages de sensibilisation sur la problématique de l’acte de naissance des enfants mais aussi de la santé sexuelle et reproductive.
En outre, lors de ces animations, des jeux sous la forme de questions réponses ont été aussi servis au public des différentes localités traversées par la caravane par des animateurs autour de l’acte de naissance des enfants. Et à Guillaume Sanon, vice-président du RAJS/BF de conclure et faire savoir que la caravane concours à faire en sorte que « tout enfant né ou tout enfant à naitre dans le Sud-ouest puisse désormais bénéficier d’un acte détat civile ».
Hamadou Ouédraogo
Minute.bf