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mercredi 29 novembre 2023

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[Tribune de Damiss] – « A Mariam Sankara : Et si vous partiez à Abidjan prendre le thé avec Blaise Compaoré ? »

Ceci est une tribune du journaliste Adama Ouédraogo dit Damiss publiée sur sa page Facebook. Il appelle a tourner la page et à aller vers une réconciliation des fils et filles du Burkina Faso. Il invite Mariam sankara, la veuve du père de la révolution burkinabè à rendre visite à Blaise Compaoré, en exil au bord de la lagune Ebrier depuis l’insurrection populaire d’octobre 2014. Pour information, Blaise Compaoré est condamné à la perpétuité dans le procès de Thomas Sankara et ses compagnons. www.minute.bf vous propose la tribune de Adama Ouédraogo dit Damiss dans les lignes qui suivent…

« A Mariam Sankara

Et si vous partiez à Abidjan prendre le thé avec Blaise Compaoré ?

Nelson Mandala a commencé sa lutte contre l’apartheid en prenant les armes. Il dirigeait alors l’aile militaire du Congrès national africain (ANC), sa formation politique. Son combat contre les lois raciales par la violence a fait de lui l’ennemi public numéro 1 du régime d’apartheid en place. Arrêté avec d’autres camarades de lutte, il a été jugé et condamné à la perpétuité. Jeté dans une cellule de moins de deux mètres carrés à  la prison de Robben Island, il est devenu le prisonnier le plus célèbre de la planète. Mais ce qui aura le plus marqué le monde entier, c’est le pardon et la réconciliation que Nelson Mandela a prônés à sa sortie de prison le 11 février 1990.  Devenu président de la Nation  Arc-en-ciel, « Madiba »,  dans  son  discours d’investiture le 10 mai  1994, s’est engagé à construire une société sud-africaine dans laquelle « les Noirs et les Blancs pourront marcher ensemble la tête haute sans aucune crainte au fond de leur cœur »  Il joint  aussitôt l’acte à la parole. Durant sa présidence l’ancien bagnard a multiplié les gestes de pardon, de tolérance et de réconciliation pour donner l’exemple à la communauté noire  victime des pires injustices.

Mandela rend visite à l’ancien président Pieter Willem Botha, rencontre Betsie Verwoerd, la veuve de l’architecte de l’apartheid Hendrik Verwoerd, celui-là même qui a interdit son parti, l’ANC, en 1960. Et ce n’est pas tout, l’ancien geôlier du régime ségrégationniste organise un banquet pour le départ à la retraite du patron des services de renseignements du régime de l’apartheid, Niels Barnard et déjeune avec Percy Yutar le procureur du procès qui a fait des réquisitions très sévères pour sa détention à vie. Pourtant, Mandela était le Président de l’Afrique du Sud. Il avait les pleins pouvoirs, il connaissait tous les rouages et détenait les clefs pour se venger de ses adversaires qui ont détruit une grande partie de sa vie pour un combat juste et noble qu’il a mené. Il a choisi de tendre la main à la minorité blanche pour qu’ensemble ils bâtissent une grande nation.

Mariam Sankara n’est pas Nelson Mandela certes. Le Burkina Faso n’est pas l’Afrique du Sud certes. Toutefois, l’épouse du leader de la Révolution burkinabè peut poser un acte qui marquera l’histoire du Burkina Faso et de l’Afrique : prendre son avion, aller à Abidjan et rencontrer le président Blaise Compaoré pour prendre le thé avec lui, voire déjeuner, diner et passer une nuit au domicile du couple Compaoré. Après tout, Thomas et Blaise étaient de grands amis. Lorsque le jeune Thomas Sankara  faisait la cour à Mariam à Dapoya où elle habitait chez son grand-frère, il était toujours accompagné par son complice Blaise Compaoré. Thomas racontait tout à Blaise sur ses relations avec Mariam. Ils étaient si liés que l’un ne faisait rien sans l’autre.

A la faveur de la gestion des affaires de l’Etat qui est très complexe, leur amitié a pris du plomb dans l’aile et la belle aventure s’est terminée par une tragédie. Pendant 35 ans, la veuve de l’icône de la Révolution burkinabè a été courageuse et résiliente. Elle s’est battue pour la vérité et la justice. L’affaire a été jugée,  des peines lourdes ont été prononcées et Madame Sankara s’est dit satisfaite du verdict.

L’heure a maintenant sonné pour le pardon et la réconciliation. Nous pensons humblement que le pardon et la réconciliation ne doivent pas être l’affaire  des seules autorités politiques mais aussi des victimes.

Personne ne peut et ne doit soutenir des crimes de sang. Mais après tant d’années de débats passionnés qui divisent les Burkinabè, il faut savoir tourner la page surtout que l’assassinat de Thomas Sankara s’est déroulé dans un contexte particulier où les hommes au pouvoir avaient la gâchette facile : on réglait les contradictions par les armes. C’est triste mais c’est notre histoire. Et les victimes des pages sombres de l’histoire de notre pays sont nombreuses. Nous devons assumer notre histoire.  Même dans des familles biologiques, il y a des drames entre frères et sœurs qui ont le même sang qui coule dans les veines. Il y a des couples avec des enfants et de petits enfants où l’homme a tué la femme et vice-versa pour parfois des banalités. Que dire alors des situations plus complexes qu’est la gestion des affaires de l’Etat où des forces sociales s’affrontent dans des courants politiques et idéologiques ?

Le combat de Mariam Sankara et de tous les Sankaristes à travers le monde a fini par payer. Les accusés se sont exprimés. Des témoins sont passés à la barre. Certains d’entre eux ont raconté des salades pour plaire à l’opinion alors qu’ils font partie de ceux-là qui ont manipulé pour créer des tensions entre Thomas et Blaise ; d’autres ont fait allégeance après le 15 octobre 1987 et ont jouit des privilèges du pouvoir de Compaoré. Ils ont gravi les échelons politique et social sur le sang de Sankara.

Ils ont traité le président du CNR de fou et de renégat. Ils ont écrit des tracts contre lui et contre vous, Mariam. On considère malgré tout que chacun a dit sa part de vérité. Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando n’étaient pas présents si bien que ce procès a un goût d’inachevé pour certains. Mais peu importe car la vérité du prétoire n’est pas forcément la Vérité. La vérité du juge ou du tribunal n’est pas forcément la Vérité. Seul Dieu connait la Vérité et la vraie justice est immanente.
De tout ce qui précède, nous pensons que Mariam Sankara peut pardonner, aller vers Blaise Compaoré même si elle  voit en lui le présumé bourreau ou le commanditaire de l’assassinat de son époux et même si Blaise Compaoré lui-même ne se sent pas coupable eu égard à « sa vérité ».  Elle peut se comporter comme Nelson Mandela et elle rentrera dans le Panthéon des Hommes qui auront marqué l’histoire par un geste, un comportement. 

Madame Sankara, vous  avez,  à notre sens, une prédisposition pour cela. Nous en voulons pour preuve,  la visite que Dr Ablassé Ouédraogo vous a rendue après le procès. Pourtant, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré s’est prononcé publiquement  sur le verdict du procès Thomas Sankara en le jugeant très sévère et défavorable à un climat apaisé et à la réconciliation nationale. Vous l’avez malgré tout reçu. Quelqu’un d’autre aurait refusé de le recevoir parce qu’il a critiqué un procès qui rend justice à votre défunt époux et vous soulage. C’est dire que vous êtes une dame qui respecte les opinions des autres. Votre objectif était la vérité et la justice, il est à présent atteint. Vous devez prendre votre bâton de pèlerin pour être un artisan du pardon et de la réconciliation au Burkina Faso.

On ne peut pas être plus royaliste que le roi. En le faisant, vous coupez l’herbe sous les pieds à  tous ceux qui  refusent le pardon après le procès. Ils  seront obligés d’enterrer la hache de guerre si vous donnez ce signal fort aux Burkinabè.
Imaginez un instant, vous, Chantal et Blaise Compaoré en train de trinquer devant les caméras du monde entier. Certainement que Thomas Sankara lui-même qui a tant aimé Blaise  et le Burkina Faso  dormira définitivement en paix.

En conclusion, nous vous invitons à méditer sur ces deux citations : « le pardon couronne la grandeur » et le « pardon est la plus belle fleur de la victoire ». Et vous êtes, Mariam Sankara, une grande dame, une patriote qui aime son pays. Cette démarche est donc à votre portée. »

Minute.bf

6 Commentaires

  1. Sacré Damiss!
    C’est à Mariam Sankara de faire cette démarche? Je suis pour le pardon et la réconciliation mais le circuit que vous proposez est inversé. C’est à Blaise de faire le premier pas après son absence au procès et d’abord présenté ses condoléances et ses regrets à la famille Sankara. Ensuite,Mme Sankara est femme de la famille et vous connaissez le sens de la famille en Afrique. C’est d’abord aux frères,aux soeurs,aux enfants en un mot,la famille Sankara avant que Mariam ne puisse se prononcer.
    Si Blaise envoies des émissaires,je pense que le processus sera lancé et ensemble,on tournera la page.
    Vivement la paix,la paix des coeurs pour un Burkina réconcilié,en paix,stable et fort.

    • D’accord avec vous, Badini Yacouba. Voici un extrait de ma réaction à l’article dans lequel Damiss essaie de justifier sa suggestion:
      « Par ailleurs, que dire de votre choix de Mariam. Je pense que si vous aviez approché des sages, des personnes de ressources, des religieux et des coutumiers, ils vous auraient conseillé la voie à suivre, par qui et par où commencer. Et entre ‘procéder à l’endroit’ ou ‘ procéder à l’envers’, ils vous auraient dit ce qu’ils pensent.
      Et si d’aventure, votre proposition initiale rencontrait leur assentiment, certains de ces sages vous auraient conseillé d’approcher d’abord la grande famille Sankara qui, au cas où elle aussi souscrit à votre proposition, va décider des personnes à mandater pour faire le déplacement d’Abidjan. Elle pourrait y associer bien sûr Mariam Sankara et/ou tout autre membre de la famille »

  2. Je suis déçu t’attendre dire cela,quand il s’agit de Blaise Compaoré et de Sankara certaines personnes ne sont plus lucides.Comment demander a Mariam d’aller prendre du thé avec quelqu’un qui n’a jamais reconnu son crime et n’a jamais demander pardon.elle va prendre du thé avec qui ? Je pense que c’est Blaise qui entre temps devenu pseudo ivoirien de venir demander pardon et cela va apaiser les cœurs.

  3. Il existe ici bas des personnes ciniques qui savent vraiment s’y prendre quand il s’agit de remuer le couteau dans la plaie. Mais, s’il plaît à Dieu, Dieu du faible, de l’orphelin, de la veuve…, chacun finira par récolter exactement ce qu’il a semé !!!

  4. Mr Damiss, j’epere que vous etes marriies et que vous avez des enfants. Si c’est le cas je prie sincerement que lors de troubles politiques, tu sois froidement liquide (tue). Ta femme pourra aller prendre du the avec les bourrous au nom d’une reconciliation.

  5. Damis est entrain d’inverser les roles à mon sens! c’est Blaise qui devrait faire le premier pas envers la famille Sankara et non vers Mariam Sankara qui ne represente pas pas la famille Sankara dans nos sociétés; Si Blaise avait ce courage meme de passer par des sages (répondre par ex à la main tendue du Vieux Sankara avant sa mort) je pense on avait déjà tourné la page de cette affaire, car en Afrique quoi qu’on dise, si des  »bouches » intercèdent tout peut se pardonner. Au lieu de cela il a cru que son naam, son RSP et tous les saprophytes autour de lui comme les garibou avocats toubab pouvaient le sauver. Oubliant que seule la vérité peut le sauver! Il oublie meme qu’il a plus costaud devant lui que personne ne peut échapper: la justice divine; il sera seul en ce moment devant sa conscience à se défendre! a mediter

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