La situation humanitaire ne cesse de s’aggraver au Burkina Faso, à cause de la grave crise sécuritaire dont fait face le pays depuis plusieurs années. C’est le constat fait par le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), dans son rapport de cette année. Pour la première fois, le pays figure en tête des dix « crises les plus négligées au monde », selon le dernier rapport du NRC. Sept des dix crises les plus négligées au monde se trouvent en Afrique, dévoile le rapport de l’ONG.
Dans ce classement du NRC, la République démocratique du Congo (RDC) arrive en deuxième position. Elle est suivie de la Colombie, du Soudan et du Venezuela. Le Burundi, le Mali, le Cameroun, le Salvador et l’Ethiopie ferment ce top 10. L’ONG a réalisé ce classement annuel, selon les critères suivants : la couverture médiatique, le niveau de financement humanitaire et d’engagement de la communauté internationale.
Selon le NRC, le Burkina Faso compte « plus de 14 000 personnes tuées ces cinq dernières années, dont la moitié depuis janvier 2022 » et plus de deux millions de déplacés internes.
Au Burkina Faso, à cause de la crise sécuritaire, près de 2 millions de personnes ont fui leur foyer depuis le début de la crise, qui a fait plusieurs milliers de morts en huit ans. Ainsi, décrit l’ONG, « la violence croissante et le déplacement des populations ont laissé près d’un Burkinabè sur quatre dans le besoin d’une assistance humanitaire ». « Les besoins ont explosé dans tous les secteurs alors que la capacité de réponse humanitaire reste trop faible. Seulement 42 % des fonds nécessaires ont été financés en 2022 », regrette Marine Olivesi, responsable du plaidoyer de NRC au Burkina Faso et au Niger, cité par Ouest-France.
Dans le pays, environ 900 000 personnes vivent sous blocus, dont près de la moitié à Djibo, avec un accès très limité aux actions humanitaires. En effet, pour la première fois, depuis des décennies, plus de 40 000 habitants risquent de basculer à un niveau de faim « catastrophique », soit proche de la famine, lors de la soudure, la période de disette de juin à août, avant les prochaines récoltes.
Le NRC a aussi fait état de plusieurs points d’eau détruits par les groupes armés terroristes, privant d’eau plus de 830 000 personnes. Aussi, selon son rapport, pas moins de 6 200 écoles ont été fermées à cause de l’insécurité.
L’ONG relève que « l’instabilité politique ajoute une autre couche à la crise avec deux coups d’Etat militaires » en 2022.
L’Ukraine beaucoup plus aidé que les autres pays en crise
Le NRC a, en outre, noté une inégalité de traitement par la communauté internationale de certaines crises par rapport au soutien apporté à l’Ukraine.
Selon l’ONG, l’éclatement de la guerre en Ukraine, en février 2022, a contribué à « éclipser » les crises moins médiatisées. En 2022, plus de cinq fois plus d’articles ont été consacrés au conflit en Ukraine qu’à l’ensemble des dix pays cités dans le classement. « Pour chaque dollar collecté par une personne dans le besoin en Ukraine, seulement 25 centimes l’ont été par habitant dans le besoin dans les dix crises les plus négligées au monde », note le rapport.
« La réponse humanitaire en Ukraine montre la grande capacité de mobilisation internationale ; ce niveau d’attention devrait être le même pour les crises négligées sur le continent », a appelé Marine Olivesi. Le NRC préconise qu’il soit apporté « une assistance humanitaire selon les besoins des populations affectées, et non selon les intérêts géopolitiques ou le degré d’attention portée par les médias sur certaines crises ».
Minute.bf
Et le Niger alors