jeudi 10 octobre 2024
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Terrorisme et djihadisme : « Tuer l’Homme revient à offenser gravement Dieu » (Cheikh Halidou Nana)

Chrétiens catholiques et protestants, musulmans, coutumiers se sont réunis en un seul lieu pour prier pour la paix, la sécurité et la cohésion sociale au Burkina Faso. C’est sous le thème : « consolider l’unité nationale à travers nos croyances » que cette journée de prière a été organisée par le conseil d’arrondissement 9 de Ouagoudougou, le dimanche 23 février 2020 au sein de la mairie dudit arrondissement. Au-delà de la prière, cette journée mémorable, selon Albert Bamogo, maire de l’arrondissement 9, est un facteur de cohésion sociale et un cadre idéal pour la promotion du dialogue inter-religieux.

La mairie de l’arrondissement 9 de Ouagadougou était bondée de monde ce dimanche. Le maire Albert Bamago et son conseil ont réussi à réunir en un seul lieu pour une prière commune pour la paix et la cohésion au Burkina Faso, chrétiens, musulmans et coutumiers. « Aimons nos ennemis et prions pour tous ceux qui nous persécutent », parole biblique, psalmodiée par Alassane Kaboré, maitre de cérémonie. Ainsi, c’est dans cette logique, indique-t-il, que les différentes représentations religieuses et coutumières ont convenu de se donner la main en priant pour les « sans foi ni loi » qui endeuillent « sans raison » le Burkina Faso. Les interventions des autorités politiques, religieuses et coutumières ont été pointillées de prestations d’artistes qui prêchaient tous, dans les lyrics de leurs chansons repris par les populations, la cohésion sociale, la paix et l’amour du prochain.

La chorale protestante a chanté pour la paix et la cohésion sociale

Au Burkina Faso, depuis l’avènement du terrorisme, des mosquées et des églises ont été attaquées. Souvent en plein culte, les fidèles chrétiens ou musulmans ont été victimes de ces attaques attribuées aux Djihadistes. Cheick Mohaz, fidèle musulman a, dans son intervention, appelé les populations à s’aimer les uns les autres. « Dans la sainte bible, il est dit d’aimer son prochain comme soi-même. Dans le saint coran, il est interdit d’obliger quelqu’un à embrasser une autre religion. Il faut aimer chacun comme il est et selon sa religion. Burkinabè, aimons-nous, acceptons-nous. Il ne faut pas que la différence de religion nous divise. Seul Dieu a le droit de nous juger », a-t-il prêché devant musulmans, chrétiens, coutumiers, recevant ainsi des tonnerres d’applaudissements, signe de réception positive de son message par les populations présentes à cette cérémonie.

« Que cette prière permette que la paix revienne au Faso »

Cheikh Halidou Nana de Dablo a appelé les populations à rester unies pour vaincre le terrorisme

Cheick Halidou Sana de Dablo a, dans la même veine d’idée, appelé les populations à se pardonner, à accepter le pardon et à vivre unies. Il estime que si des Burkinabè endeuillent aujourd’hui des familles Burkinabè, c’est parce que les populations ne sont pas unies. « Travaillons main dans la main pour pouvoir relever le défi du terrorisme au Burkina Faso. Si les cinq doigts de la main sont écartés, ils ne peuvent retenir aucune goutte d’eau pour nous servir de boisson. Soyons soudés. S’il n’y a pas d’espace entre nos doigts, nous pouvons y retenir de l’eau pour la boisson », a-t-il également prêché devant cette population qui n’a pas marchandé la mobilisation, sous les ovations nourries de toutes les communautés représentées à cette cérémonie.

Après les musulmans, les protestants ont prié pour la paix, la sécurité et la cohésion sociale au Burkina Faso. Ils ont appelé les Burkinabè à travailler ensemble, à se pardonner, à accepter le pardon et à travailler selon les recommandations de Jésus Christ. Les chrétiens catholiques ont embouché la même trompette, appelant les Burkinabè à « demander à Dieu ce dont (ils) ont besoin  dans (leur) cœur ». Tout ce que l’homme demande à Dieu, il l’obtiendra, selon ces hommes de Dieu pour qui, « la paix est un don de Dieu (mais) la cohésion sociale est une volonté des hommes ». Ils ont appelé les populations à avoir cette ferme volonté à aller à la cohésion sociale. « Que cette prière permette que la paix revienne au Faso. Jésus l’a dit : ‘je vous donne la paix, je vous laisse la paix’. Que cette paix couvre le  Burkina Faso », a imploré l’Abbé Etienne Nana, représentant le cardinal Philippe Ouédraogo à cette cérémonie, qui a, en conclusion, fait réciter la « prière pour le Burkina Faso », exécutée chaque dimanche à la fin de la célébration eucharistique.

Albert Bamogo, maire de l’arrondissement 9 de Ouagadougou a promis de pérenniser cette journée de prière pour la paix au Burkina Faso

« Tuer l’Homme revient à offenser gravement Dieu »

Les attaques à répétition au Burkina Faso sont « l’œuvre de musulmans », selon certaines langues. Mais pour le Cheick Nana, aucune religion ne peut autoriser d’ôter la vie à son prochain. L’Homme est à l’image de Dieu, et le tuer revient à offenser gravement Dieu, enseigne-t-il. « Dans notre religion il est interdit d’ôter la vie à un humain. Dans notre religion, il n’est pas permis d’ôter la vie, même à un animal. Dans la vie du prophète Mohamed (PSL), il a été dit qu’il quittait la Mecque pour aller à Médine avec ses disciples. En chemin, il a vu une chienne avec ses chiots. Le prophète a réquisitionné des gardes pour la sécurité de la chienne et de ses petits, de sorte à empêcher que la troupe qui le suivait piétine les chiots à mort. C’est seulement un chien que le prophète a sécurisé pour éviter que l’on ne lui ôte la vie, pas d’abord un humain. La vie de l’Homme est sacrée », enseigne-t-il.

Cette cérémonie a été l’occasion pour le conseil municipal de l’arrondissement 9 de Ouagadougou, de mobiliser, avec ses différents partenaires, 14 tonnes de vivres et 2 motos en faveur des déplacés et des Forces de défense et de sécurité (FDS) de l’arrondissement.

Des vivres et des motos ont été mobilisés par le conseil municipal pour les déplacés et les FDS de l’arrondissement

« Chers frères et sœurs, donnons-nous la main, et faisons chemin ensemble pour barrer la route aux manipulations du terrorisme. Soyons forts et unis pour unanimement dire non à l’implantation du terrorisme dans notre pays. Resserrons nos rangs. Le pays nous appelle et nous invite à la paix », a conseillé à son tour, le maire Bamogo, qui appelle les populations à mettre de côté leurs différences de croyances pour « marcher ensemble comme un seul homme ». « J’invite tous à mettre au centre de nos considérations des valeurs essentielles comme le respect et l’acceptation de l’autre, le respect de l’autorité de l’Etat, des lois en vigueur ainsi que le respect de l’autorité administrative, le respect de nos valeurs communautaires, pour une bonne cohésion inter-religieuse ; de toutes choses qui ne constituent pas des obstacles à la préservation de la paix et de la cohésion sociale, et à l’implémentation d’un vivre ensemble harmonieux et pérenne », a-t-il plaidé, souhaitant au passage que la paix et la sécurité reviennent au Burkina, afin que les déplacés puissent regagner leurs localités respectives.

Toutes les représentations religieuses et coutumières ont salué l’organisation de cette manifestation. Elles ont même souhaité sa pérennisation. Ainsi, le conseil d’arrondissement, envisage pérenniser cette journée de prières, à travers une célébration annuelle, en vue de renforcer la paix sociale au Burkina Faso.

Armand Kinda

Minute.bf

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