Dans le cadre de la commémoration de la journée mondiale de la contraception célébrée le 26 septembre de chaque année, l’ONG Marie Stopes International Burkina Faso (MSI-BF) a initié le jeudi 29 décembre, en différé, une séance d’informations et de sensibilisations sur les différentes méthodes de contraception au profit des hommes de médias. L’activité qui s’est tenue à Manga, dans la région du Centre-sud, a mobilisé une trentaine de journalistes venus des différentes régions du pays.
Outiller les hommes de médias de connaissances sur les différentes méthodes contraceptives modernes afin qu’ils puissent relayer la bonne information aux populations et susciter leur adhésion en faveur de la santé sexuelle et reproductive. C’est l’objectif poursuivi par MSI-BF à travers cette séance de formation. Selon Boubacar Sawadogo, représentant de MSI-BF, dans la mise en oeuvre de ses actions au Burkina Faso, Marie Stopes international intervient en droite ligne avec les politiques du Ministère de la santé en matière de santé sexuelle et de planification familiale.
La présente formation s’inscrit, à en croire ses dires, dans l’un des piliers de l’ONG notamment le volet plaidoyer et coopération. Ainsi, a-t-il dit, depuis maintenant cinq ans, MSI-BF communie avec les journalistes en chaque fin d’année, pour développer leurs compétences sur la question de la santé sexuelle et reproductive.
« Ce que nous attendons de vous journalistes, c’est de relayer les bonnes informations aux populations mais aussi comment vous pouvez contribuer à impliquer les hommes pour qu’ils puissent aider leurs sœurs, leurs épouses dans l’accès aux services de planification familiale », a indiqué Boubacar Sawadogo.
Pour outiller ces hommes de médias sur la question, trois communications ont été développées au cours de cet atelier. La première, animée par le directeur des programmes de MSI-BF, Hamado Ouédraogo, a porté sur une présentation du programme de cette ONG au Burkina Faso.
La deuxième communication a, quant à elle, porté sur la situation de la planification familiale au Burkina Faso. Elle a été animée par le Dr Mathieu Bougma, en service à la direction de la santé et de la famille. Parlant de la situation sanitaire de la mère, le communicant a indiqué que de 1999 à 2015, le ratio de mortalité matemelle est passé de 484 à 330 sur 100 000 naissances vivantes soit une réduction de 31,8%. En 2019, l’on comptait, dit-il, 222 décès pour 100 000 naissances vivantes.
Au niveau des adolescents, a soutenu le conférencier, l’on observe une activité sexuelle très précoce chez les jeunes. En effet, selon les enquêtes, « plusieurs enfants ont indiqué avoir eu des rapports sexuels avant l’âge de 15 ans soit un pourcentage de 12 à 20,5% pour les filles et de 7 à 13,6 % pour les garçons », des dires du Dr Bougma.
Faisant l’état des lieux de l’interruption Volontaire de Grossesse (IVG) au Burkina Faso, le docteur dit avoir dénombré un nombre élevé de cas chez les 15 à 20 ans, soit 21% des cas. Et au titre des motifs avancés, le plus évoqué est le motif « trop jeune, pas prête ». Sur les instruments et méthodes utilisés pour interrompre la grossesse, 32 % des enquêtés utilisent la méthode traditionnelle donc des méthodes à risques.
Pour la troisième communication qui a porté sur le fonctionnement des organes génitaux, ce sont les compétences de la gynécologue obstétricienne au CMA de Manga, Zalissa Bagagnan, qui ont été sollicitées. Après avoir rappelé les fondamentaux des organes génitaux de la femme, elle a expliqué les méthodes de contraception disponibles au Burkina Faso notamment celles à longue durée et celles à courte durée ainsi que leurs avantages et leurs limites.
A l’issue de ces communications, les hommes de médias sont ressortis aguerris en compétences nécessaires pour transmettre à leur tour la bonne information aux populations. De quoi réjouir le Directeur régional de la santé et de la Famille, Dr Mathieu Bougma. Pour lui, ce cadre d’échanges est une initiative à saluer et péréniser, au regard des barrières socioculturelles, religieuses, des incompréhensions, des rumeurs sur les effets secondaires, et bien d’autres, qui persistent toujours sur la question de la planification famiiale. « Nous pensons qu’à travers la presse, nous pouvons mieux communiquer auprès de nos populations pour qu’elles puissent adhérer à la planification familiale », est-il convaincu.
Pour information, Marie Stope International intervient au Burkina Faso depuis l’année 2009 en tant que branche de MSI Reproductive Choices, une organisation internationale, à but non lucratif et non-gouvernementale engagée pour la défense du droit fondamental des femmes et des couples à décider librement du nombre et de l’espacement de leurs enfants. Elle intervient principalement dans des domaines comme la planification familiale, la santé maternelle et néonatale, les soins après avortement, les soins de médecine générale et de spécialité, le soutien au secteur public, l’appui humanitaire et lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG), le plaidoyer et le Marketing social.
A ce jour, selon le directeur des programmes, Hamado Ouédraogo, l’ONG dispose d’un total de trois centres situés dans des zones urbaines et de neuf equipes mobiles de sensibilisation desservant les zones périurbaines et rurales reculées. Grâce à sa relation étroite avec le gouvernement du Burkina Faso, MSI-BF fournit également un soutien aux prestataires de santé du secteur public, en partenariat avec 167 sites gouvernementaux pour renforcer leurs capacités et étendre les services de santé sexuelle et reproductive de qualité avec un focus sur la planification familiale. En terme d’impact, en 2021, l’ONG a delivré des protections à 385 000 couples et touché 354 000 Personnes à travers le Burkina en terme de méthodes de planification familiale. Ce qui a permis de toucher 155 000 grossesses non désirées.
Oumarou KONATE
Minute.bf