La 7e édition de la Semaine des Activités Minières d’Afrique de l’Ouest (SAMAO) bat son plein depuis l’ouverture le jeudi 25 septembre 2025 à Ouagadougou. Au deuxième jour de la SAMAO, ce vendredi 26 septembre, des conseillers juridiques, des experts du PNUD et un environnementaliste venu du Mali ont échangé sur le devenir des terres réhabilitées. Dans un pays comme le Burkina Faso, devenu l’un des plus grands producteurs africains d’or, la question de l’après-mine s’impose désormais comme un défi majeur.
Le Burkina Faso a multiplié par dix sa production aurifère en deux décennies, passant de 6 tonnes en 2008 à plus de 60 tonnes en 2024. Avec 14 % de son territoire désormais consacré aux permis miniers, la nécessité de réfléchir à la reconversion des sites après leur exploitation est plus pressante que jamais.

Dr Abdoulaye Kouraogo, conseiller juridique au Ministère des Mines, a rappelé que l’exploitation minière repose sur une base juridique claire. « Les richesses et ressources naturelles appartiennent au peuple, mais l’État exerce une propriété éminente sur le foncier national », a-t-il déclaré.
Selon lui, l’acquisition des terres et l’expropriation pour cause d’utilité publique doivent respecter des principes fondamentaux : droits de propriété, droits humains, équité des compensations et dialogue inclusif avec les populations.
Cependant, il a averti que « les populations ne sont pas toujours bien outillées pour faire face aux négociations », ce qui les expose à des risques de spoliation.
Pour Pakoun Gnanou, conseiller technique du programme ACP-UE au PNUD, l’erreur serait de ne penser à la fermeture des mines qu’à la fin de leur cycle. « Une mine peut fermer à tout moment », a-t-il souligné. Il a plaidé pour que l’intention de réhabilitation devienne une obligation, puis une opportunité de développement économique et social.
Selon lui, le Burkina Faso doit se doter d’une stratégie nationale claire et partagée, capable de transformer les résidus miniers et les infrastructures en véritables leviers de diversification économique.

Seydou Keita, ingénieur géologue et environnementaliste venu du Mali, a partagé l’expérience de la mine d’or de Morila. Il a relevé que sa fermeture avait pris de court les communautés locales, l’administration et les services techniques. « La fermeture d’une mine ne relève plus seulement de la géologie. Elle concerne le développement, les infrastructures et les services sociaux de base », a-t-il insisté.
Il a également souligné l’importance de valoriser les infrastructures laissées par les compagnies minières, telles que les centrales thermiques, les cliniques, les cités minières ou les réseaux d’eau, qui peuvent devenir des opportunités de développement territorial.

Les trois panélistes se sont accordés sur un point essentiel : la reconversion des terres minières ne doit pas être perçue comme une contrainte, mais comme une chance de bâtir un nouveau cycle de développement durable et inclusif. Entre restauration écologique, reconversion agricole et valorisation des déchets miniers, l’après-mine représente désormais un chantier national prioritaire.
En rappel, la 7e édition de la SAMAO se tient du 25 au 27 septembre 2025 à Ouagadougou. Cette édition est placée sous le thème : « Les défis de la réhabilitation et de la fermeture des mines en Afrique : quelle nouvelle vie pour les communautés locales ? ».
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Sakinatou ZOUNDI
Minute.bf