La capitale burkinabè abrite les 20 et 21 janvier 2020, la 3e conférence sur le renforcement des relations de confiance entre forces de défense et de sécurité (FDS) et populations dans le Sahel. Cette conférence se tient autour du thème : « Comment préserver la cohésion sociale et articuler le lien entre sécurité, développement et action humanitaire dans l’espace du G5 Sahel ? ».
Les attaques terroristes foisonnent dans le Sahel et les pays ciblés par ces attaques meurtrières multiplient les actions pour garantir le droit à la sécurité, à la paix et à la vie de leurs populations. C’est dans ce cadre que s’inscrit cette troisième conférence de renforcement des relations de confiance entre les FDS et les populations qui, faut-il le rappeler, s’effritait au fil du temps.
En effet, reconnait le ministre burkinabè des affaires étrangères, Alpha Barry, « dans de nombreux endroits, les populations civiles voient les forces de sécurité comme des prédateurs plutôt que comme des protecteurs. Dans le même temps, de nombreux militaires et policiers se méfient aussi de la population civile, qu’ils suspectent parfois de mauvaises intentions ».
Ce déficit de confiances, selon le ministre, a des origines lointaines où les rapports entre FDS et populations civiles étaient empreintes de menaces et de coercitions. « Cela a longtemps entretenu une atmosphère de méfiance », regrette-t-il. Pourtant, pense-t-il que dans le contexte actuel marqué par la menace terroriste, les FDS doivent pouvoir compter sur « les populations qui constituent un maillon important dans la croisade contre l’insécurité ».
C’est dans ce cadre que s’inscrit cette troisième conférence du G5 Sahel sur le renforcement des relations de confiance entre FDS et populations au Sahel, à en croire le Ministre qui a souhaité qu’à l’issue de cette rencontre, l’on parvienne à « une compréhension clarifiée et mieux partagée des problématiques traitées et de la marche à suivre pour renforcer la cohésion sociale et mieux articuler le lien entre sécurité, développement et action humanitaire ».
« Nous préparons la victoire… »
Même si la lutte contre le terrorisme est de longue haleine, le Secrétaire permanent (SP) du G5 Sahel, Maman Sambo Sidikou reste convaincu que la guerre sera gagnée par les pays du Sahel. « Les effectifs de nos armées dépassent de loin ceux des groupes armés et à l’issue, nous les vaincrons. L’essentiel est de garder le cap et de mobiliser chacun d’entre nous. Nous préparons la victoire ; nos adversaires gagnent certes, des victoires, mais l’issue de la guerre ne fait aucun doute… », a-t-il soutenu avec optimisme.
Il pense pour sa part que pour gagner cette lutte, il faut une nouvelle approche. Dans cette optique, « le G5 Sahel va se rapprocher des populations des zones transfrontalières afin de promouvoir une paix civile formée sur une communication et une coopération harmonieuse entre pouvoir public et citoyens. », a confié M. Sambo Sidikou qui dit être « lucide, confiant et optimiste » pour le Sahel.
La dignité humaine doit être respectée…
Les partenaires techniques et financiers ont renouvelé leur soutien au Burkina Faso dans cette lutte de longue haleine. La coordonnatrice résidente du système des nations unies, Metsi Makhetha a rappelé que 2019 a été l’année la plus meurtrière pour le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Toutes les entités, que ce soient les civiles, les FDS, les infrastructures, les marchés, les entreprises et les lieux de culte ont été touchés.
Aujourd’hui, à l’entendre, ce sont plus de 3 millions de personnes des pays du Sahel qui ont été contraintes de tout abandonner à la recherche d’un refuge pour leur protection. Chaque attaque et chaque réponse produisent des effets inattendus, note-t-elle. « Les cicatrices que cette crise laissera, a-t-elle poursuivi, pourraient affecter des générations futures des pays du Sahel si nos actions ne placent pas les personnes et leur dignité au centre de nos réponses ».
Pour le représentant de l’Union européenne, l’Etat doit marquer sa présence dans toutes les strates des différents pays en proie au terrorisme. « Le vide d’un Etat, c’est l’oxygène du terrorisme », indique-t-il. Pour mieux lutter contre les forces obscurantistes, « il faut un soutien effectif de l’Etat par sa présence et par son action en faveur des populations. Il faut que l’Etat puisse répondre d’une manière tangible aux besoins des citoyens. Il faut que la population se sente accompagnée… ».
En rappel, les participants à cette conférence sont les représentants des gouvernements des pays du G5 Sahel, y compris des représentants de l’Etat central et des services décentralisés, des FDS, de la chaine pénale, des représentants des organisations régionales et internationales, des partenaires des institutions chargées des questions de cohésion sociale et d’actions humanitaires, des organisations non gouvernementales nationales et internationales, des institutions de recherche, d’élus locaux, de représentants des collectivités territoriales, des leaders traditionnels, religieux et communautaires.
Armand Kinda
Minute.bf
