samedi 14 décembre 2024
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Rencontre des anciens présidents : « L’argument avancé par l’ancien président Roch est très léger » (Boubacar Sannou)

Boubacar Sannou est le premier vice-président du Congrès pour la démocratie et le Progrès (CDP). Dans une interview accordée à votre journal www.minute.bf, le lundi 11 juillet 2022, il donne sa lecture de la situation nationale marquée par le retour de Blaise Compaoré au Burkina Faso, 8 ans après sa chute en octobre 2014 à la faveur d’une insurrection populaire. Ce retour a été voulu par le président du Faso, Paul-Henri Sandaogo Damiba qui a initié vendredi 8 juillet dernier, une rencontre de concertation avec les anciens présidents du Faso pour parler de la situation nationale, avec surtout l’insécurité qui gangrène le quotidien des Burkinabè. Le retour de Blaise Compaoré, l’absence de Roch Kaboré, la réconciliation nationale, sont entre autres sujets abordés au cours de cet entretien qui nous a été accordé depuis Bobo-Dioulasso, où il y est pour un déplacement.

Minute.bf : L’ancien président Blaise Compaoré était au Burkina Faso la semaine dernière pour prendre part à la rencontre de concertation des anciens présidents. Qu’elle appréciation faites-vous de cette initiative du président Paul-Henri Sandaogo Damiba ? 

Boubacar Sannou : Je salue et j’apprécie cette initiative à sa juste valeur. La démarche a certainement ses insuffisances, mais force est de reconnaître qu’elle a permis de briser la glace, de ramener à la surface, une question qui semblait tabou.  C’est-à-dire, celle du retour du président Blaise Compaoré dans son pays. Une concertation est toujours un pas vers la recherche de solutions à un ou à des problèmes cruciaux. Et ce ne sont pas les problèmes qui manquent au Burkina Faso.  

Minute.bf : Qu’elle lecture faites-vous de la non participation de certains anciens présidents dont Rock Kaboré qui dit avoir été empêché par des manifestants ?

Boubacar Sannou : Le fait pour certains anciens chefs d’État dont le président Roch Kaboré de n’avoir pas pris part à cette concertation est tout simplement regrettable. Ils ont tout simplement manqué le grand rendez-vous, à un moment crucial ou l’histoire du Burkina Faso les interpelle. La parole d’un chef d’Etat, ancien fut-il, a de la valeur et est à la limite sacrée.  Le président Roch a reçu une invitation du président Damiba à laquelle il a répondu positivement. Je pense que c’est suite à cet accord que le président Damiba a poursuivi son initiative. Ne pas y prendre part sous prétexte qu’on a été empêché par des « manifestants » est à la limite scandaleuse.  Empêcher quelqu’un de quitter son domicile est une forme de séquestration. Ce qui constitue une infraction punie par la loi. Ce qui est curieux dans le cas de l’ancien président Roch, est que son épouse faisait partie des soi-disant manifestants, avec en sus la présence d’anciens ministres, d’anciens députés, des chargés de mission à la présidence. Peut-on dire que c’était véritablement des manifestants ? N’est-ce pas un grossier montage pour ne pas se rendre à la rencontre ? Que penser lorsque l’on sait que le thème de campagne de Roch et du MPP en 2020 était axé sur le retour du président Compaoré ? Ce qui est évident, l’argument avancé par l’ancien président Roch est très léger. 

Minute.bf : Pensez-vous que cette rencontre a humilié le président Compaoré ?

Boubacar Sannou : Le président Compaoré a répondu à une invitation de l’actuel président du Faso Damiba.  Ce qui est une marque de respect et de considération.  Le président Compaoré a été accueilli, a été reçu et a pris part à la rencontre.  En quoi est-ce que cela peut-il être vu comme une humiliation ? Si humiliation il y a, c’est bien ceux qui ont, sous de fallacieux prétextes, refusé de prendre part à cette rencontre, qui l’ont été. C’est un acte qui peut aussi être interprété comme une volonté d’humilier le président Damiba.  

Minute.bf : Une certaine opinion demandait l’arrestation et l’incarcération de l’ancien président Blaise Compaoré. Quel est votre avis sur cette question ?

Boubacar Sannou : L’arrestation et l’incarcération d’un prévenu jugé et condamné relève de la justice.  J’attends d’abord les explications de la justice surtout du tribunal militaire avant de me prononcer.  Les subtilités de la justice font que j’évite de me prononcer sur ce sujet. 

Minute.bf : Quel sens donnez-vous à la réconciliation ?

Boubacar Sannou : Il est indéniable que le tissu social est très déchiré dans notre pays. D’où la nécessité de le recoudre. Cela fait de la réconciliation, la vraie, une urgence. Maintenant quel sens y donner ? Le seul sens qui prévaut est celui qui permet aux concitoyens de vivre ensemble dans un pays de paix et d’entente.  L’histoire des peuples est faite de divisions, souvent violentes et de réconciliation.  Nous pouvons nous inspirer de l’histoire de certains pays comme le Rwanda, l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, etc. Peut-être qu’un modèle pourra s’appliquer à notre pays. 

Minute.bf : Quel message avez-vous à l’endroit des Burkinabè pour donner une chance à la cohésion sociale ? 

Boubacar Sannou : C’est vrai que la situation est difficile mais pas désespérée ou perdue. Nous pouvons toujours nous ressaisir, recoudre le tissu social et promouvoir le vivre ensemble.  Des actions multiformes peuvent être envisagées en commençant par le dialogue et les concertations, en vidant les dossiers judiciaires, en faisant la promotion de la justice et du vivre ensemble.  Tout cela passe par un désarmement des esprits et un apaisement des cœurs.

Propos recueillis par A. Kinda

Minute.bf

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