Le mardi 19 juillet 2022, le premier ministre Albert Ouédraogo dans une circulaire annonçait le remboursement des salaires des travailleurs irrégulièrement suspendus ou complètement retenus pour « fait de grève ».
Si cette décision émanant de la primature peut réjouir les travailleurs qui sont dans cette situation, le syndicat, lui, voit juste la réparation d’une injustice.
« Pour nous, ce n’est que justice rendue mais il ne s’agit pas d’un geste magnanime. Je voudrai rappeler qu’en ce qui concerne les salaires qui ont été suspendus en Mars et Avril 2020, nous avions avec l’appui d’un cabinet d’avocat attaqué cette décision en justice et sur 13 juridictions, 3 se sont déjà prononcées sur la question. Toutes les 3 ont condamné l’État non seulement au paiement de ces salaires mais également des dommages et intérêts pour les intéressés et des frais qui ont été engagés pour constituer ce recours judiciaire », a indiqué Souleymane Badiel, secrétaire général de la F-SYNTER.
Pour lui, « c’est un dossier qui allait connaitre son épilogue qu’il y ait eu cette note du premier ministère ou pas ».
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Les syndicats vont un peu plus loin en indiquant que toutes les injustices commises par l’État finiront par être réparées « quel que soit le temps» que cela prendra. « Quand les travailleurs sont réprimés ou même quand ils ont des droits qui ne sont pas respectés et que c’est pris en charge par les organisations syndicales, quel que soit le temps, les organisations syndicales travaillent à ce que ça puisse aboutir », a soutenu M. Badiel.
A l’écouter, cette affaire de coupure de salaire pouvait être réglée le plutôt possible mais l’État a voulu « se jouer au dur ». « L’action judiciaire qui a été engagée a commencé par un recours administratif. Si en son temps l’administration avait réagi positivement à ce recours administratif, peut-être qu’on n’en serait pas allé plus loin pour que l’État soit condamné au plan judiciaire comme ça l’est à l’heure actuelle », a dénoncé le SG de la F-SYNTER.
Est-ce que tous les travailleurs qui ont vu leur salaire coupé bénéficieront de ce remboursement ? « Nous agissons par rapport aux travailleurs qui nous ont saisis et dont nous connaissons la situation. Si un travailleur ne nous a pas saisi, on ne peut même pas savoir qu’il est victime », a relevé Souleymane Badiel.
Du reste, les syndicats s’en remettent à la bonne volonté du gouvernement puisque, selon eux, « c’est lui qui emploie les travailleurs donc il connait en principe la situation de chacun ».
Les syndicats ont rappelé également des cas de remboursements qui ont eu lieu entre temps après les coupures. Lesquels remboursements qu’ils avaient qualifié « d’acte discriminatoire ».
Mouni Ouédraogo
Minute.bf