De nombreux candidats ont veillé dans la nuit du jeudi jusqu’au matin de ce vendredi 13 septembre 2024, à l’École nationale d’administration et de Magistrature (ENAM). Pour cause, un recrutement de 84 postes a été lancé par l’administration publique. En effet, seulement les 20 premiers dossiers sont réceptionnés pour chaque profil demandé.
Le chômage des jeunes est réel au Burkina Faso. Pour s’en convaincre, il fallait être présent à l’École nationale d’administration et de Magistrature (ENAM), ce vendredi 13 septembre 2024. Alors que l’institution publique a lancé un recrutement, le 10 septembre dernier pour différents profils, des jeunes à la recherche d’emploi ont envahi l’établissement pour le dépôt de leur dossier physique. Il s’agit du recrutement d’assistant en passation de marchés : 2 postes ; agents de bureau : 3 postes ; agents de liaison : 5 postes, conservateur de cimetière : 1 ; aide comptable : 7 ; chauffeur : 3 ; reprographe : 4 ; infirmiers d’État : 3 ; juriste : 5 ; Secrétaire : 9 ou encore Journalistes bilingues : 4, etc.
Les 20 premiers dossiers ou rien…
Dans la note de recrutement, il est fait mention que seuls les 20 premiers dossiers seront reçus pour chaque poste à pourvoir. Pour espérer être dans cette short liste, des centaines de demandeurs d’emploi ont veillé devant l’ENAM. Alors que le dépôt de dossier était prévu ce vendredi 13 septembre, dès la nuit du jeudi, les jeunes ont envahi la cour de l’ENAM.
Serrés dans le rang, en groupe et avec des listes par ordre d’arrivée, les candidats n’avaient pas le choix. Personnes ne voulaient se faire « chiper » sa place d’arriver. Au petit matin, tel des soldats, ces jeunes étaient aux aguets. Station debout pour certains, assis pour les moins solides, sous un soleil qui montrait ses premiers rayons de lumière, ils ne s’avouaient pas pour autant découragés. L’objectif, étant coûte que coûte de déposer leur dossier de candidature.
Des candidats furieux de leur traitement…
Sur les lieux, des candidats qui se sont ouvert à Minute.bf ont pointé du doigt le mode de recrutement à l’ancienne alors que le numérique pouvait faciliter les choses.
Dossier en main, certains ne comprennent pas pourquoi le dépôt ne pouvait pas se faire en ligne, comme d’ailleurs la majeure partie des recrutements ces dernières années. C’est l’avis d’Aimée Tiendrebeogo, candidate au recrutement d’Aide comptable, niveau CAP. « J’ai pris le rang depuis 6 heures. Je suis un peu loin dans le rang disons que je suis dans la cinquantaine. J’espère bien pouvoir déposer aujourd’hui vu qu’ils vont prendre 20 dossiers par poste. Je suis vraiment impressionnée par le monde ici. Je ne m’attendais pas à retrouver beaucoup de monde, d’autant plus que le recrutement a été lancé seulement avant-hier avec beaucoup de dossiers à constituer », a-t-elle montré son étonnement. Pour la jeune dame, la réalité du chômage commande de ne plus trier un travail. « J’ai choisi de déposer ce concours malgré l’engouement parce que je suis à la recherche du travail. On ne peut plus trier. J’ai déposé de par le passé d’autres concours pareils, notamment à la CNSS. Il n’y a plus de travail. Donc, on cherche à se faire une place, c’est tout », a-t-elle ajouté.
Cynthia Sawadogo, postulante au concours de juriste dit également subir les lois du chômage. « Je suis là depuis 6 heures 30 minutes pour déposer le concours de juriste. Je suis la dernière dans le groupe. Actuellement, il y a plus de 100 personnes devant moi. C’est le chômage qui m’a motivé à venir tenter ma chance », a-t-elle déploré.
Hamed Lamine Ouédraogo a, quant à lui, lutté avec les moustiques depuis 1 heure du matin pour espérer déposer son dossier bien qu’exerçant dans le privé en tant qu’infirmier. Pour lui, il ne faut jamais perdre espoir, il faut toujours tenter sa chance. « Je suis là depuis 1 heure pour le dépôt des dossiers. Le problème ils disent qu’ils veulent les 20 premiers dossiers. Il y a des gens qui m’ont devancé ici. Actuellement, je suis la 95e personne dans le rang. On a constitué le dossier, si on n’a pas pu déposer pour les infirmiers, je chercherai un autre profil qui me semble aussi un peu mieux pour postuler. (…) Une opportunité n’arrive pas toujours. Quand elle se présente, il faut la saisir. C’est pourquoi je suis là pour tenter ma chance », a-t-il affirmé.
Au moment où nous bouclons ces lignes à 10 heures, le dépôt de dossier pour certains avait pris fin, tandis que d’autres dépôts se poursuivaient.
Jean-François SOMÉ et Guibrina KABORÉ (Stagiaire)
Minute.bf
Déplorable
Le marché de l’emploi devient de plus en plus restreint. Là n’est pas le problème, le véritable problème est que une grande marge de la jeunesse est formée dans un système où la fonction publique est notre seul employeur. Il va falloir reorienter cette jeunesse dans la reconversion avec des politiques d’accompagnement.