Ceci est analyse de l’écrivain professionnel et Consultant en Relation humaine, Adama Amadé Siguiré, sur la question de la réconciliation tant prônée par les hommes politiques dans leurs différents discours. Du crédit, rappelons-le, a été accordée à cette question par le président du Faso qui a même créé un Ministère en charge de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale dans ce premier gouvernement de son second mandat. Ce ministère sera dirigé par Zephirin Diabré, ancien Chef de file de l’opposition politique burkinabè. Mais cette question de réconciliation nationale ne convainc pas bon nombre d’analystes. Adama Amadé Siguiré, sur sa page Facebook, porte son analyse sur cette question de réconciliation et surtout, sur l’arrivée au gouvernement de Zéphirin Diabré, ancien opposant à ce régime. Lisez plutôt !
« L’entrée de Zéphirin DIABRE au gouvernement est-elle une surprise? Je ne le pense pas. L’UPC qui est arrivé en troisième position aux dernières élections présidentielles a connu une véritable déception. Les électeurs burkinabè, dans leur majorité, ont montré qu’ils n’ont aucun souci du développement. Ils veulent manger et dormir. Et cela n’est point surprenant pour un peuple dont le niveau d,instruction est très faible. Il faut savoir qu’on mérite mieux pour refuser le peu qu’on te donne. Et le peuple burkinabè ne sait pas qu’il mérite mieux.
Il est donc dans la logique des choses que Zéphirin DIABRE perde tout espoir et qu’il aille rejoindre ceux-là que le peuple a choisis pour des raisons évidentes. Si tu ne peux rien contre le voleur, il faut porter son butin pour l’accompagner, dit un proverbe Mossi. Zéphirin, en désespoir de cause, a décidé de mettre fin à son rêve pour se conformer à la volonté du peuple. Il est pratiquement interdit de rêver de meilleur pour le peuple burkinabè. C’est un peuple qui, paradoxalement, trouve son bonheur dans la souffrance, dans la pauvreté et dans la misère. Le Burkina est l’un des pays au monde où la pauvreté est une vertu à cultiver et à partager. Thomas SANKARA a été assassiné parce qu’il a voulu faire sortir ce peuple de la misère et de la pauvreté. C’était son seul crime. Pourquoi a t-il osé contredire la volonté de Dieu? C’est Dieu Lui même qui veut que le Burkinabè soit pauvre et il en est si fier. Que pense faire Zéphirin avec ce poste ministériel: celui de la réconciliation nationale? Je l’attendais personnellement au premier ministère ou à défaut dans un ministère clef comme l’éducation, l’énergie ou la santé. Mais Zéphirin prend un ministère dont je peine à saisir l’importance.
Zéphirin va-t-il réconcilier qui et qui au Burkina? Il y a des pays qui ont vécu des crises ethniques, comme le Rwanda. Il y a des pays qui ont connu le séparatisme régional comme la Côte d’Ivoire. Il se trouve que le Burkina Faso n’a connu ni crise ethnique, régionale ou religieuse. Où se trouve le sens de cette réconciliation nationale? Oui, il y a des mésententes entre des hommes au Burkina. Et ces hommes sont des politiciens. En France aussi Marine Lepen critique chaque jour Emmanuel MACRON. Les mésententes entre les acteurs politiques sont inhérentes à la démocratie et aucun pays n’a pu mettre fin à ces mésententes.
En quoi consiste réellement le travail de Zéphirin? Il doit, selon les dires, réconcilier les hommes politiques. Et c’est un travail inutile, car il est difficile, sinon impossible de réconcilier les hommes politiques d,un pays qui aspire à la démocratie. S’il s’agit de faire rentrer les exilés politiques, cette mission est très simple. Personne n’a chassé quelqu’un du Burkina et tous ceux qui sont dehors peuvent rentrer.
En clair, la mission de Zéphirin, au lieu de sortir le Burkina du gouffre, pourrait faire exploser la nation. Cette réconciliation est bien politicienne. Elle pourrait consister à faire venir tous les exilés, à leur garantir l’impunité et surtout à voter des lois pour leur octroyer de grosses sommes d’argent. Voilà ce qui se profile à l’horizon. Il s’agit, avant tout, de la remise en cause de l’insurrection populaire. Les exilés pourraient même demander que des insurgés soient trimbalés en justice pour répondre de leurs actes.
En clair, la réconciliation nationale, c’est le retour à l’ impunité, et l’impunité n’a jamais été le remède pour le développement. S’il faut pardonner aux hommes politiques leurs turpitudes, il faut aussi pardonner aux voleurs et aux délinquants qui sont dans les maisons d’arrêt. S’il faut voter des lois pour indemniser ceux qui ont perdu leurs biens lors de l,insurrection, il faut aussi indemniser les étudiants, les chômeurs et même les travailleurs. Ils sont nombreux les hommes politiques qui ont volé les ressources du peuple pour construire leurs villas.. Et ils sont nombreux ces Burkinabè qui n’ont rien parce que les hommes politiques leur ont tout volé. Allons-nous croiser les bras dans la pauvreté et la misère pendant qu’on vote des lois pour octroyer des millions à des hommes et à des femmes parce qu’ils ont fait de la politique?. Ce serait le début de la guerre des tranchés. Vouloir satisfaire tous les hommes politiques dans une nation, c’est priver le peuple de tout.
La réconciliation nationale sonne comme le festin des hommes politiques. Il s’agit, pour Zéphirin, de voir comment faire pour que tous les hommes politiques mangent parce qu’en réalité, il n’y a que des hommes politiques qui sont frustrés et qui souhaitent tout le malheur au Burkina parce qu’ils n’ont plus leurs avantages.La réconciliation nationale n’a pas de sens. Ce devrait être le ministère des arrangement politiques. Il faut réunir tous ceux et toutes celles qui sont déçus pour leur donner quelque chose. Voilà la mission de ZEPHIRIN.
C’est donc une réconciliation sur le dos du peuple, c’est un partage des ressources financières du contribuable pour calmer les frustrés et les aigris. Et c’est utopique. Croire qu,une gouvernance peut satisfaire tout le monde, c’est croire à l’impossible. Tout ce que les politiciens frustrés et aigris demandent, c’est deux choses: leur accorder l’impunité et leur donner de l’argent pour qu’ils continuent leur vie d’insouciance. Et le ministère de la réconciliation nationale vient comme pour répondre à leurs préoccupations. C’est donc le renforcement des injustices sociales et de la gouvernance pour les intérêts individuels qui verront le jour, et le danger n’est pas loin.
Qui, il est temps que chacun de nous réclame sa part du gâteau. S’il faut distribuer les ressources financières du pays pour calmer les politiciens, alors tendons nous aussi nos sebilles . Chacun de nous mérite une importante somme pour vivre dans la dignité, car ce ne sont pas les hommes politiques qui ont seulement subi des injustices et qui vivent dans la frustration.
Nous avons tous subi des injustices et nous sommes tous frustrés».
Minute.bf