« Pour venir à bout du terrorisme, la réconciliation nationale est indéniable », sont convaincues les autorités religieuses et coutumières de la région du Centre-Nord. Pour joindre l’acte à la parole, ces dernières ont annoncé « une Journée du vivre-ensemble ». Cette journée se tiendra, le samedi 29 juillet 2023 à la place du défilé du 11 décembre à Kaya.
Le Burkina Faso est en proie au terrorisme depuis plus de 8 ans. Certaines régions sont durablement éprouvées par l’impact des actes terroristes. C’est le cas de la région du Centre-Nord. À cet effet, les autorités religieuses et coutumières de cette région cherchent les voies et moyens pour stopper l’hémorragie. Ces dernières sont convaincues que « le tout militaire, lui seul, ne pourra pas faire revenir la paix ». « On ne peut pas gagner cette bataille en s’appuyant seulement sur la guerre. Il faut qu’on se parle », soutient le Manegr Naaba Tanga, représentant du Dima de Boussouma.
C’est dans ce sens que les ressortissants du Centre-Nord sont appelés à Kaya pour une journée du vivre-ensemble. Selon le comité d’organisation, plusieurs activités seront à l’ordre du jour. Il s’agit de réunir toutes les composantes de la région pour trouver une solution à la crise sécuritaire en partant des valeurs traditionnelles, religieuses et communautaires. «Toutes les communautés auront la parole. Il y aura des rites qui seront faites à cette occasion. (…) Un comité de suivi sera mis en place pour suivre les recommandations et les traduire en actions », a annoncé Sidnoma Issiaka Kaboré, président du comité d’organisation.
El Hadj Kadrou Ba, représentant la communauté peule, pense en effet que les gens veulent se parler pour avoir la paix. Malheureusement, ils ont peur, a-t-il dit. « Nous avons entretenu nous-mêmes le climat de méfiance, ce qui n’est pas bien pour nous. On a mis une barrière entre les gens. On ne peut pas être foncièrement mauvais et foncièrement bon. Évitons de généraliser. Encourageons les gens à se parler. Appelons les gens à se parler, à se rencontrer. Essayons de dissiper ce climat de méfiance », a plaidé El Hadj Kadrou Ba, pour qui, la rencontre de Kaya sera un point de départ pour la réconciliation nationale. « Cette situation a été créée par les hommes, c’est entre les hommes qu’on doit trouver des solutions », a-t-il exhorté.
De l’avis d’El Hadj Abdoul Rasmané Sana, « pour toute sécurité, il faut l’aide de Dieu ». « Nous faisons recours à Dieu pour retrouver la paix. En nous réunissant ensemble, Dieu va nous accompagner », a-t-il espéré. De son côté, l’abbé Alfred Ouédraogo a indiqué que le mot clé de la journée c’est « le vivre-ensemble ». De son avis, dans une société, la diversité est toujours source de richesse. « Ce qui se fera ce 29 juillet participera à raviver les cœurs et les esprits afin que nous reprenions conscience de la nécessité de vivre ensemble », a-t-il déclaré.
Précisons que cette initiative est placée sous l’égide de Naaba Sigri, Dima du Boussouma, du cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque métropolitain de Ouagadougou, de El Hadj Abdoul Rasmané Sana, Président de l’association Paspaongo des opérateurs économiques du Centre-Nord et Président d’honneur de la communauté musulmane du Burkina, du Pasteur Théodore Sawadogo, Président régional de la Fédération des Eglises et Missions Evangéliques du Centre-Nord.
Mathias Kam
Minute.bf
