dimanche 15 décembre 2024
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Procès Vincent Dabilgou : Seydou Compaoré reconnait avoir livré des motos sur commande du ministre

C’est reparti pour les auditions des témoins au procès Vincent Dabilgou et autres. À l’entame ce jeudi 29 juin 2023 au TGI Ouaga 1, c’est le témoin Seydou Compaoré qui est à la barre. Il a confirmé qu’il a effectivement rencontré le ministre Dabilgou et lui a livré des motos. Mieux, c’est le compte ECOBANK du ministère des Transports qui a servi pour éponger les factures.

N’ayant pas de liens d’alliance et de parenté avec l’ensemble des prévenus, Seydou Compaoré a prêté serment de dire la vérité avant de déposer. Il travaillait dans une société indienne spécialisée dans la vente de motos à deux roues. Il servait aussi d’interprète dans cette société. À la barre, Seydou Compaoré a précisé qu’il a été mis en contact avec Vincent Dabilgou par Dramane Nignan, un des vice-présidents du Nouveau temps pour la démocratie (NTD), parti de l’ex ministre. Le témoin Compaoré a reconnu avoir livré des motos au siège du NTD sur commande de Vincent Dabilgou.

En effet, le premier contact entre Vincent Dabilgou et Seydou Compaoré remonte en novembre 2020 selon le témoin. « Après une visite dans son bureau, il m’a demandé si je vendais des motos ; j’ai répondu par l’affirmatif. C’est ainsi qu’il m’a mis en contact avec Jean Gabriel Séré, DAF du ministère des Transports », a déclaré le témoin.

« J’ai fait 3 livraisons au siège du NTD. La première et la deuxième livraison étaient de 15 motos chacune. La troisième est de 6 motos. L’unité des motos variait entre 325 000 et 350 000 F CFA, des marques Crypton », a-t-il précisé. Mais comment se faisait le paiement? Lui demande le procureur

« Pour la première et la deuxième facture, le chargé, moi et commercial de l’entreprise, un Indien, avions contacté M. Séré. Nous lui avons remis notre facture et il a établi un chèque à mon nom. C’était des chèques ECOBANK », a-t-il répondu. Le témoin précise que la livraison au siège du NTD était à la charge du client. Le procureur du Faso a fait observer, à la suite des réponses du temoin, que « le compte dont il s’agit est celui du ministère des Transports », et donc « les deniers publics ont été utilisés pour le financement du NTD ».

Rappelé à la barre, Jean Gabriel Séré a entièrement confirmé les témoignages du témoin. En plus, il confirme que « les chèques étaient émis avec l’avis du ministre Dabilgou ».

Vincent Dabilgou avait longuement soutenu à la barre qu’il n’a jamais échangé avec Seydou Compaoré. Le témoin à la barre déclare le contraire. « J’ai échangé plusieurs fois avec le ministre Vincent Dabilgou. Je suis même allé une fois dans son bureau où j’y ai trouvé Malick Kouanda », a répondu M. Compaoré.

Rappelé à la barre, l’ex ministre a maintenu sa position. « Je n’ai jamais rencontré M. Compaoré. Je n’ai pas eu des communications avec lui. Je ne me rappelle pas dans la période de campagne, avoir communiqué avec un certain Compaoré. (…) Je n’ai pas fait payer ses motos avec le compte ECOBANK du ministère des Transports », a déclaré Vincent Dabilgou.

Séance tenante, le ministère public a fait ressortir le numéro de chacun d’eux. Vincent Dabilgou et Seydou Compaoré reconnaissent leur numéro. 4 appels ont été effectués entre les deux numéros en octobre 2020.

L’un des avocats de Vincent Dabilgou a voulu en savoir davantage en questionnant le témoin sur le nombre de fois qu’il a échangé avec Vincent Dabilgou. « Maître, je reçois beaucoup d’appels par jour. Je ne me rappelle plus du nombre de fois », a répondu le témoin. Laquelle réponse a fait dire à l’avocat que le témoin a une « mémoire sélective ».

« Combien avez-vous touché sur le compte ECOBANK ? », a demandé un avocat de la défense au témoin. « Maître ça fait longtemps je ne me rappelle plus du montant total que j’ai touché dans le compte », a répondu le témoin. Et l’avocat de s’emporter : « comment on peut se rappeler des moindres détails des motos et oublier l’argent qu’on a touché. Vraiment ! »

Pour la défense, « les révélations n’apporteront rien à la manifestation de la vérité ».

Seydou Compaoré a aussi révélé avoir reçu un chèque de 2 millions de FCFA logé à BOA, de la part du DG de la SOPAFER-B, Malick Kouanda, pour l’achat des motos.

Le témoin Dramane Nignan réfute les déclarations selon lesquelles c’est lui qui l’aurait mis en relation avec Vincent Dabilgou. Mais il confirme qu’il a connu le nommé « Seydou Compaoré sous le nom Ouédraogo ». C’est à L’ASCE-LC qu’il a su que le monsieur s’appellait Compaoré.

Mathias Kam
Minute.bf

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