Boukari Kaboré est revenu sur le massacre des éléments du Bataillon d’Intervention Aéroportée (BIA). Pour lui, c’était un coup monté pour l’abattre.
« À la BIA, le jour du 15 octobre 1987, on avait d’abord des informations que ça chauffait à Ouaga, mais on ne savait pas ce qui se passait. On était en train de discuter pour voir si on allait descendre à Ouaga ou pas. Entre temps, j’ai appris au téléphone que le président Sankara était mort. Quand j’ai informé la troupe, il y avait le découragement sur tous les visages. Le président était déjà mort, j’ai alors dit aux hommes de déposer les armes. Il n’y avait plus de raison de se battre. Les éléments du bataillon sont rentrés chez eux. Il restait 15 militaires seulement au piquet.
Malgré cela, les vieux de Koudougou sont venus me voir me demandant de déposer les armes. Je leur ai dit qu’on a déposé les armes et qu’on n’allait pas faire la guerre et verser inutilement le sang. Après c’est Hermann Yaméogo qui est venu me voir pour dire que les gens s’inquiètent d’une possible guerre et de venir à la place de la nation pour faire une déclaration publique pour calmer les gens. Je lui ai dit non, mais je lui ai proposé de faire en lieu et place, une déclaration à la radio. Ainsi, on a écrit notre communiqué comme tel : Nous déplorons la perte de notre président, mais nous n’allons pas faire une guerre qui va encore endeuiller le peuple. Nous déposons les armes. Nous sommes prêts à travailler pour le peuple.
Mais quand Hermann a pris notre communiqué partir, à son retour, on constate une modification du communiqué. Il était maintenant écrit à la fin de notre communiqué : Que nous sommes avec le peuple qui a à sa tête le Front populaire. Mais ça nous a irrités, nous avons barré cette partie. Au finish, ils sont allés dire que le Lion est devenu fou et qu’il n’était pas d’accord. On a coupé toutes les communications de Koudougou et faire des blocus. Malgré cela, un journaliste a pu traverser pour venir m’interviewer par rapport à la situation. J’ai fait savoir que j’ai déposé les armes et que je ne comptais pas faire la guerre. Elle a demandé pour terminer que si malgré ma patience, on venait attaquer le BIA, qu’est-ce que j’allais faire? Je lui ai dit, dans ce cas, je vais me battre jusqu’à ma dernière cartouche. Et c’est cette dernière partie que les journaux ont pris pour faire un tapage », a relaté le Lion à la barre.
Il estime que c’était un coup monté pour attaquer le BIA et en finir avec lui. D’ailleurs, il a précisé que ce n’est pas lors de l’assaut contre le BIA qu’il a perdu ses hommes. « Les morts de Koudougou, c’était des assassinats ciblés. C’est le travail de Alain Bonkian comme patron et de Gaspard Somé comme exécutant », a-t-il confié dans une vive émotion. Il a cité nom par nom ses éléments qui ont été tués. « C’était méchant. C’était une tuerie inutile, barbare et méchante », a martelé le Lion.
Certains éléments du même corps notamment Kaboré Salfo, actuel gouverneur de la région du Sahel, indique le témoin, lui ont conseillé de sauver sa vie. « Kaboré Salfo m’a fait jurer sur mes cinq prières que je vais sauver ma vie. C’est ainsi que j’ai évolué avec un soldat. En route, ils ont pu mettre la main sur ce soldat », fait savoir le témoin pour terminer.
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