vendredi 13 décembre 2024
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Procès Sankara : Jean-Pierre Palm devrait-il conduire un 2e commando pour assassiner Sankara en cas d’échec du 1er ?

Ce 1er décembre, le procès de Thomas Sankara et ses 12 compagnons se poursuit. C’était au tour du témoin Toé Michel de passer à la barre et de dire ce qu’il sait des évènements du 15 octobre 1987. C’est le 19e témoin. Sa particularité, c’est qu’il a été à un moment le confident de Jean-Pierre Palm; il est aussi le petit frère de Fidèle Toé, ministre du Travail de la Fonction publique et de la Sécurité sociale de Thomas Sankara.

Avant de commencer sa déposition, Toé Michel a tenu à rappeler au tribunal un fait qu’il juge grave. Il a fait savoir au juge que le jour où il est parti prendre son dossier de citation à comparaître à la gendarmerie en tant que témoin, dès qu’il est arrivé à la maison, son téléphone a sonné. C’était un certain Abel Palenfo qu’il a connu par l’entremise de Jean-Pierre Palm qui l’a appelé, dit-il. Au bout du fil, d’après Michel Toé, il a dit ceci : « Il faut qu’on se voit ».

Il se souvient alors lui avoir dit qu’il était déjà à la maison et qu’il ne pouvait plus sortir tout en proposant à son interlocuteur de le rejoindre s’il veut le voir. Finalement, dit-il, ils ont convenu de se rencontrer dans un café sur l’avenue Kwamé N’Krumah le lendemain. Le jour du rendez-vous, se souvient-il, Abel Palenfo lui a fait savoir in extenso : « Le colonel (Jean-Pierre Palm) n’est pas content de toi ». « Je lui ai dit que j’ai juste fait une déposition, rien de plus », a tenu à souligner Michel Toé à la barre avant de dire ce qu’il sait du coup d’État contre Sankara. Pour lui, il était important de relever cette tentative d’ « intimidation » au juge avant de commencer.

En effet, Toé Michel au moment des faits était étudiant et il venait d’avoir un poste de délégué médical dans une société privée. Il y a une dame qui venait régulièrement voir son patron. C’etait la copine de Jean-Pierre Palm, selon lui. Un jour, se souvient-il, son patron lui a demandé s’il pouvait trouver du boulot quelque part pour la dame en lui signifiant que s’il pouvait le faire cela allait vraiment lui « enlever une grosse épine des fesses ».

Effectivement, indique Michel Toé, quelques temps après il a trouvé du boulot pour la dame. Cependant, il fallait qu’elle soit, au préalable, formée, et lui, il avait pris l’initiative de le faire. À chaque séance de leur formation se rappelle-t-il, Jean-Pierre Palm venait assister. En plus de cela, explique Michel Toé, son emploi de délégué médical le conduisait par moment à l’infirmerie du premier ministère. C’est ainsi, à l’entendre, que lui et Jean-Pierre Palm se sont connus puisqu’il partait à la présidence, il passait par moment saluer Jean-Pierre Palm qui lui proposait du café même souvent. « C’est ainsi que nous nous sommes familiarisés jusqu’à ce qu’il me fasse confiance », relate Michel Toé.

Michel Toé a ainsi livré deux grandes confidences que Jean-Pierre Palm lui a faites après le coup d’État, entre 1997-1998. La première confidence, c’est que Jean-Pierre Palm lui a avoué qu’ils avaient prévus attraper son frère, Fidèle Toé, ministre du Travail, de la Fonction et de la Sécurité sociale après les faits et le faire avouer à la radio que Sankara préparait un coup le 15 octobre 1987 à 20h contre Blaise Compaoré et que cela a échoué.

La deuxième confidence : « Jean-Pierre Palm m’a avoué qu’il y avait deux commandos qui devaient faire le coup contre Thomas Sankara. Le premier Commando était dirigé par Hyacinthe Kafando et s’il échouait le coup, un deuxième commando devait intervenir et terminer le travail. Ce deuxième commando était dirigé par lui (Jean-Pierre Palm) », relate Michel Toé.

Jean-Pierre Palm, appelé à la barre par le procureur pour une confrontation avec le témoin a nié tout en bloc; il a dit que la dame dont il parle était simplement sa voisine, pas sa copine. Balayant du revers de la main la déposition de Michel Toé, il a fait savoir pour terminer : « Les Toé ont un problème avec moi, ils pensent que j’ai arrêté Andrey Bounou Ky, leur parent. C’est une sorte de vengeance qu’il font », explique Jean-Pierre Palm au juge.

Michel Toé lui maintient ses propos et fait savoir que cette affaire n’a rien avoir avec son neveu André Bourou Ky.

Hamadou Ouédraogo
Minute.bf

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