Le procès de l’activiste Mohamed Sinon se poursuit du côté du TGI Ouaga 1 avec les questions du procureur à l’accusé, suivies de la réaction de la gendarmerie nationale qui est partie civile dans ce dossier.
Répondant aux questions du tribunal, Mohamed Sinon a déclaré dans la matinée, que lorsqu’il disait « lutte » dans ses propos, il faisait allusion à la lutte contre la corruption et non à la lutte contre le terrorisme. Une déclaration que le ministère public semble ne pas gober.
De l’avis du parquet, le prévenu parlait bel et bien de lutte contre le terrorisme du point de vue de l’actualité nationale. « Il y a de cela des années en arrière quand on disait lutte, on pouvait penser à autre chose mais pas au jour d’aujourd’hui », a-t-il soutenu. Pour le procureur, le prévenu tente de « dévier les faits vers autre chose que ce dont il s’agit réellement ici et que nous savons tous». « C’est comme un jeu d’enfant ce que vous êtes en train de faire. Mais on fait semblant de jouer le jeu sinon nous tous on sait ce dont il s’agit », a-t-il lâché.
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Il a poursuivi en posant la question au prévenu de savoir si la gendarmerie est une structure de lutte contre la corruption. « Non », répondra Mohamed Sinon. « Donc vous devez savoir que la gendarmerie nationale n’est pas une structure de lutte contre la corruption. C’est une entité de l’armée qui est aussi engagée dans la lutte contre le terrorisme comme les autres corps. Si vous cherchez une structure de lutte contre la corruption, il y a l’ASCE-LC qui est là pour ça », a martelé le parquet qualifiant de « graves » les propos tenus par le prévenu.
« Avec la situation sécuritaire qu’on vit, des gens qui sont censés défendre le pays, vous sortez sur les réseaux sociaux pour dire que la gendarmerie n’est pas dans une lutte, alors que cette gendarmerie passe tout son temps à appeler à la collaboration avec les populations. C’est très grave », a-t-il lâché.
Le procureur a aussi rappelé le passé judiciaire du prévenu qui a été récemment condamné devant le même tribunal pour des faits similaires. Il a en outre, appelé le tribunal à recadrer les choses d’autant plus que le prévenu n’a pas été poursuivi pour avoir accusé la gendarmerie de corruption, mais, pour l’avoir accusée de ne pas s’impliquer à 100% dans la lutte contre le terrorisme.
Après les questions du ministère public, la parole est revenue à la gendarmerie nationale qui est ici victime. Représentant cette institution, le Lieutenant-colonel Tamou Coulibaly, Directeur Général de la police judiciaire (DPJ) à la gendarmerie nationale s’est dit « désarmé » face au revirement de la situation. « Je suis désarmé face au revirement spectaculaire de lui et son avocat (…) Nous, au niveau de la gendarmerie, l’ensemble du personnel a compris l’audio de Monsieur Sinon, relativement à la lutte contre le terrorisme. Et nous sommes en train même de sensibiliser nos hommes pour qu’ils restent dans le sens de la dynamique enclenchée par le président de la transition. C’est pour ça que je parle de revirement spectaculaire. (…) Pour une institution qui est en première ligne de la lutte contre le terrorisme, on ne peut pas concevoir qu’un individu vienne salir l’image de la gendarmerie », a-t-il fustigé. Il a insisté sur le fait que la plainte a été déposée sur la considération qu’il s’agissait de la lutte contre le terrorisme. Il dit ne pas comprendre alors, que le procès se transforme en une dénonciation d’actes de corruption.
La gendarmerie nationale s’est par ailleurs gardée de toute réclamation en tant que partie civile. « Au niveau de la gendarmerie, notre souhait c’est de voir Monsieur Sinon subir toute la rigueur de la loi s’il était reconnu coupable », a dit le DPJ de la gendarmerie nationale.
L’audience se poursuit avec les réquisitions du parquet...
Oumarou KONATE
Minute.bf