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mardi 16 avril 2024

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Procès du putsch manqué : « Nous espérons que ceux qui ont (…) perdu des proches vont recevoir une juste indemnisation… »(U. K. Yaméogo)

Le procès du putsch manqué de septembre 2015 a vidé tous ses secrets le 2 septembre 2019. Le verdict du tribunal envers les accusés, lourd ou léger, a été prononcé par Seydou Ouédraogo, président du tribunal militaire. Ainsi, le célèbre prisonnier de la Maison d’Arrêt et de correction des Armées (MACA), Gilbert Diendéré, reconnu coupable des faits d’attentat à la sureté de l’Etat et de meurtres, a écopé de 20 ans de prison fermes, contre 10 ans pour Djibril Bassolé qui a été reconnu coupable de « trahison ». Jugés par contumace, certains accusés toujours recherchés ont connu leur peine hier 3 septembre. Fatoumata Diendéré, épouse de « Golf », qui est dans ce cas, a été condamnée à 30 ans de prison fermes, soit 10 ans de plus que « le cerveau » du putsch. Ce verdict a suscité plusieurs réactions dans l’opinion qui juge, selon que l’on soit du côté des accusés ou de la partie civile, ce verdict du président du tribunal « sévère » ou « clément ». Minute.bf a, dans cette dynamique d’appréciation, recueilli l’avis de Urbain K. Yaméogo du Centre d’Information et de Formation en matière de Droits humains en Afrique (CIFDHA) sur cette décision du tribunal qui continue d’alimenter les débats dans les rues, les bureaux, les grins de thé, etc. Lisez plutôt !

Minute.bf : Le procès du putsch a livré son verdict le 2 septembre 2019. Des peines ont été prononcées contre accusés, d’autres, ont été acquittés. En tant que défenseur des droits humains, quelle appréciation faites-vous aujourd’hui de ce procès et de son verdict ?

Urbain K. Yaméogo : Malgré les incidents qui ont émaillé le procès depuis le début de la procédure jusqu’à l’ouverture du procès et au rendu de la décision, nous pouvons, en tant que défenseur des  Droits humains, au moins, nous réjouir. Nous pouvons nous réjouir du fait que le procès soit allé jusqu’au bout. Nous pouvons aussi nous réjouir de constater que personne n’est au dessus de la loi. Ceux qui ont été suspectés, d’une manière ou d’une autre, d’avoir été trempés dans ce coup d’Etat qui a quand même occasionné beaucoup de victimes, de nombreuses morts, mais aussi des blessés qui continuent de souffrir dans leur chaire du fait de ce coup d’Etat.

La tenue de ce procès est une victoire pour l’état de droit, qui permettra à tout Burkinabè de se rendre à l’idée que désormais, la conquête du pouvoir d’Etat doit se faire par les urnes. Une victoire, parce que c’est aussi le résultat de la lutte du peuple contre l’impunité. Parce qu’à d’autres époques nous serons passés par perte et profit de ce coup d’Etat. La tenue de ce procès est une victoire contre l’impunité et une victoire de tous ceux qui, depuis de nombreuses années, luttent pour que le Burkina Faso soit un Etat démocratique, un Etat où les droits humains sont respectés.

Le procès n’est pas encore allé jusqu’au bout, puisque, d’une part, il y a une décision qui doit tomber concernant ceux qui ont été jugés à leurs absence, et d’autre part, en octobre, le tribunal doit statuer sur les réclamations des parties civiles, notamment en ce qui concerne les réparations. C’est encore un processus et nous en tant que défenseurs des droits humains, nous sommes naturellement aux cotés des parties civiles et nous espérons que ceux qui ont souffert dans leur chair et ceux qui ont perdu des proches vont recevoir une juste indemnisation. Il est vrai que cela ne peut pas remplacer ceux qui sont morts mais cela peut permettre néanmoins de subvenir aux besoins des proches de ceux qui sont tombés à l’occasion de la résistance à ce coup d’Etat.

Minute.bf : D’aucuns estiment que le tribunal militaire a été clément envers les accusés par rapport au parquet qui avait même requis la perpétuité pour les deux généraux Diendéré et Bassolé. Quel est votre avis sur cette décision du tribunal militaire ?

Urbain K. Yaméogo : Il est vrai que les appréciations peuvent diverger suivant le fait que l’on soit du coté des accusés ou du coté des victimes. Tout ce que nous pouvons dire est que justice a été rendue. Il ne nous appartient pas de juger de la clémence ou de la sévérité de la peine. L’essentiel est que des culpabilités ont été établies et des peines ont été prononcées. Maintenant, il appartient à ceux qui estiment que les peines ont été lourdes ou ont été clémentes, s’ils en ont  le droit, d’interjeter appel afin que l’affaire soit jugée une autre fois.

Propos recueillis par Armand Kinda

Minute.bf

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