Le procès de l’affaire dite « Charbon fin », se poursuit au tribunal de grande instance Ouaga 1. La défense maintient toujours sa position selon laquelle il est nécessaire que le tribunal suspende l’audience et ordonne que l’expertise se poursuive jusqu’à la fin avant que le dossier ne soit jugé.
« Le parquet a envoyé des gens qui sont venus prêter serment devant le procureur Barro et qui nous ont été présentés comme des experts. C’est la première fois qu’on voit ça (…) On a fabriqué des choses pour venir nous remettre. Et aujourd’hui, on vient nous dire qu’il y a des gens du BUMIGEB qui peuvent en un temps record faire une expertise », a fustigé Me Coulibaly, avocat de la défense, appelant le tribunal à autoriser la poursuite de l’expertise avant le jugement du dossier.
Pour mettre fin aux débats, le tribunal a fait appeler à la barre, les deux experts commis à la tâche. Ces derniers ont estimé que la méthode proposée par le procureur (faire venir les matériaux et les analyser sur place, ndlr) ne permettra pas de parvenir à un résultat fiable.
Selon leurs explications, pour analyser la composition et la structure de ces matériaux complexes il leur a fallu utiliser une approche bien donnée pour isoler les corps solides du reste des matériaux. Et pour mener une autre analyse sur ces corps, selon eux, il est nécessaire que ce soit la même méthode qui soit utilisée. Ils estiment donc que les propositions faites par le procureur ne permettront pas de déterminer la teneur des corps solides. « Vouloir utiliser une autre méthode, aussi séduisante soit-elle, je doute qu’on parvienne à des résultats fiables », ont-ils déclaré.
De son côté, le procureur a souhaité que l’on prenne également l’avis d’un autre expert sur la question. Pour ce faire, il a souhaité que le tribunal écoute aussi l’expert Arsène Yonli, Professeur titulaire au département de Chimie à l’Université Joseph Ki-Zerbo. A la barre, ce dernier dit n’avoir pas encore pris connaissance des matériaux. En revanche, il a fait visionner au tribunal, l’image d’un appareil qui permettrait, selon lui, de faire des analyses sur plusieurs matériaux dont les présents corps solides. Il estime que l’analyse peut bel et bien se faire.
Une conclusion que les premiers experts ont rejetté en maintenant que toute autre démarche risque de biaiser les résultats de l’expertise. Pour eux, la méthode proposée ne permettra pas d’évaluer la teneur des corps solides.
Face à cette discordance d’avis, le tribunal a décidé de la suspension de l’audience afin de permettre qu’on lui fasse parvenir une représentation desdits corps solides.
L’audience reprendra donc demain vendredi 06 octobre à 09h.
Oumarou KONATE
Minute.bf