Après la manifestation qu’ils ont organisée le 7 décembre dernier, les riverains du secteur 29 de l’arrondissement N⁰6 de Ouagadougou ont convié la presse ce lundi 11 septembre pour disent-ils, fustiger une fois de plus la « prédation » de leur réserve administrative par l’opérateur économique Amidou Ouédraogo dit « Amid’Carreau ». La conférence de presse a connu la présence de l’avocat, Me Prosper Farama.
Selon les conférenciers, c’est à la faveur de l’arrivée de l’ancien Maire intérimaire de la commune de Boulmiougou, Joanny Ouédraogo en 2011, que la parcelle N°00 -lot 17-section YC d’une superficie de 19.424 m² du secteur 29, a été réservée et destinée à la construction d’une école primaire au profit de la population. Mais, contre toute attente, disent-ils, en 2013, ce dernier a attribué le site « de façon injuste et clandestine » à son épouse du nom de Martine Ouédraogo née Ilboudo. « Cette forfaiture a été découverte par la population en 2013 lorsque Mme Ouédraogo a tenté de mettre en valeur cette parcelle. C’est à partir de ce moment que le litige foncier est survenu entre la population du secteur 29 et l’ex-Maire Joanny OUEDRAOGO
Joanny », a rappelé Dieudonné Sia, porte-parole des riverains.

Il a ajouté que face à cette situation, la population a demandé l’intervention du Ministre de l’Administration territoriale et de la sécurité (MATDS) a l’époque qui aurait confié le dossier à la Direction Générale des Collectivités Territoriales (DGCT).
Selon M. Sia, les tractations nées de cette démarche ont permis de dégager des pistes de solutions qui, malheureusement n’ont jamais été mises en œuvre. « M. OUEDRAOGO Joanny et son épouse ont par la suite avec la complicité de quelques anciens et de certains représentants corrompus du secteur vendu le terrain à El Hadj Ouédraogo Hamidou dit « Amid carreaux» dans l’opacité totale. La majorité de la population s’est rendue compte de la vente rien qu’en janvier 2023 lors d’une cérémonie de Doua organisée par l’intéressé et ses acolytes sur le terrain. C’est en ce moment certains anciens et jeunes présents ont compris que M. Ouédroago Hamidou avait acheté la réserve objet de litige avec la complicité de certains anciens corrompus et sans dignité aucune à la recherche de l’argent facile. N’ayons pas peur de mots, car ce qui a été fait c’est du terrorisme ni plus ni moins. S’accaparer d’un bien public en utilisant des méthodes peu orthodoxes au détriment des populations démunies », a-t-il fustigé.
Au regard de cela, lui et ses camarades ont appelé les autorités de la transition à mettre fin à ce qu’ils qualifient de « vol et d’enrichissement illicite ». Ils ont par ailleurs relevé que cet espace constitue « l’ultime réserve administrative du secteur », la plupart ayant été selon eux, attribuée à des particuliers.

Présent à cette conférence de presse, l’avocat Me Prosper Farama, a affirmé que cette attribution « est purement et simplement illégale ». Pour lui, il y a une remise en cause par rapport aux actes d’attribution originelle.
« Pour nous, il n’est pas question d’admettre que l’attribution qui a été faite à l’épouse du maire à l’époque puisse être considérée comme étant légale. Or si cette attribution n’est pas légale, la vente qui suit après, de façon conséquente aussi, n’est pas légale », a-t-il déduit appelant les autorités à agir.
De son avis, il est temps pour les autorités de la transition de sonner la fin de la récréation en se penchant sur la question des attributions des espaces publics au Burkina Faso.

« Depuis des années, il y’a une politique de prédation des espaces publics au détriment des populations. Il est temps pour l’intérêt de tout le monde, que les autorités politiques et administratives prennent la chose en main. Est ce qu’il n’y a pas lieu pour les autorités de faire un audit de tous les espaces publics qui ont été vendus ou attribués dans cette ville de Ouaga et même peut-être un peu partout dans le pays. On s’apercevra que ça a été fait illégalement. Si ce n’est pas parceque nous sommes au Burkina, vous pouvez penser qu’on peut être maire et puis attribuer un espace à sa femme et que ça puisse passer sans que personne ne bronche et que par la suite, ça puisse être vendu, que les documents soient faits pour que vous en soyez bénéficiaires. Que vous puissiez obtenir l’assistance de la force publique pour investir sur les lieux? », a-t-il déploré.

Il faut souligner, pour information, que les travaux sur le site ont déjà débuté et se poursuivent. Un mur a même déjà été érigée sur l’espace objet du litige.
Pour avoir l’avis de la partie adverse sur le sujet, Minute.bf est entré en contact avec l’équipe de l’opérateur économique Amidou Ouédraogo alias « Amid Carreaux », qui, a confié avoir acquis le terrain « en toute légalité pour un investissement au profit des populations ».
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Oumarou KONATE
Minute.bf
L’avocat des causes perdues, Me Karama, a bien raison. Il faut faire rapidement l’audit des cités et autres espaces de lotissements pour débusquer le fait que les espaces publics réservés sont en passe de devenir d’importantes sources de revenus illégales de personnes indélicates. Et, les périodes de transition et de changement de pouvoir sont propices à toutes les exactions.
Observez que les écoles, par exemple, n’ont plus leur place en ces endroits. Pourtant, des maisons personnelles sont transformées en écoles, restaurants et consorts. Bref, des gens ne se gênent plus pour profiter de l’endormissement des structures qui devraient veiller au confort des citoyens. Pire, des commerces illicites apparaissent, perturbant la quiétude de citoyens qui se sont battus pour vivre dans la quiétude. Aidez-les…