vendredi 13 décembre 2024
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Lutte contre le cancer du col de l’utérus : 60 journalistes à l’école de la COBUCAN

La coalition Burkinabè contre le Cancer (COBUCAN) a initié, ce jeudi 25 mai 2023, une formation à l’endroit de 60 hommes et femmes de médias sur le Cancer du col de l’utérus (CCU). Cette formation qui s’inscrit dans le cadre du plaidoyer pour l’élimination de ce type de cancer, a permis aux journalistes présents, d’acquérir des connaissances sur cette maladie en vue de contribuer à la sensibilisation des populations.

Chaque 2 minutes, une femme meurt dans le monde du fait du cancer du col de l’utérus. Au Burkina Faso, c’est le deuxième cancer féminin le plus fréquent après celui du sein, avec plus de 1000 nouveaux cas pour environ 800 décès chaque année. Cet état de fait est lié pour la plupart du temps, à une détection tardive du cancer dû au manque d’informations des femmes sur le dépistage et la vaccination. C’est pour pallier ce problème et maximiser sur la sensibilisation que la COBUCAN a initié cette formation au profit des journalistes.

Selon le Président de la coalition Burkinabè contre le cancer, Pr Nayi Zongo, l’objectif d’une telle formation vise à outiller les hommes et femmes de médias, de connaissances sur le cancer du col de l’utérus afin de leur permettre de relayer la bonne information aux populations.

Pr Nayi Zongo, Président de la coalition Burkinabè contre le cancer

« Nous avons constaté que malgré les efforts fournis par le gouvernement et les hôpitaux, la mortalité liée au cancer du col de l’utérus ne fait que croître. Et cela est lié à un seul aspect, c’est le retard du diagnostic. Les femmes mettent beaucoup de temps avant de venir dans nos hôpitaux. Comment contrer ce retard diagnostic, cela ne peut se faire qu’à travers la communication et la sensibilisation. Et les maîtres de cette communication, ce sont les hommes et femmes de médias. Nous, nous avons peut-être le savoir scientifique, mais, ceux qui peuvent parler à la population, les pousser à aller dans les hôpitaux pour vacciner leurs filles, les pousser à aller dans les hôpitaux pour bénéficier du dépistage et des traitements des lésions précancéreuses qui sont gratuits, ce sont les hommes et femmes de médias », a-t-il soutenu.

Des dires du professeur, en dépit de la gratuité de certains services en lien avec le cancer du col de l’utérus, notamment la vaccination et le dépistage, l’adhésion des femmes à ces services reste minime (-15%) au Burkina Faso. « L’offre y est mais la demande n’y est pas. Les femmes ne viennent pas, alors que c’est la seule voie pour les sauver », a-t-il regretté. Cette formation vise donc, dit-il, à impliquer les hommes de médias dans la lutte, afin qu’ils contribuent à travers une communication simplifiée à pousser les femmes au dépistage précoce dans les hôpitaux.

Procédant à l’ouverture des travaux, la secrétaire générale du ministère de la santé, Estelle Dabiré/Dembélé, marraine de cette activité, a aussi relevé l’importance des journalistes dans la diffusion des messages de sensibilisation aux populations. Elle a dit espérer que cette formation permettra d’inverser la tendance au Burkina en termes de chiffres du cancer du col de l’utérus chez les femmes.

Le Présidium avec au centre la secrétaire générale du ministère de la santé, marraine de cette activité, Estelle Dabiré/Dembélé

Durant près de 08 heures de temps, la soixantaine d’hommes et femmes de médias présents à cette formation a pu s’imprégner des causes du cancer du col de l’utérus, l’état des lieux de ce type de cancer au Burkina Faso et des comportements à adopter pour l’éviter. Pour ce faire, la journée a été émaillée par plusieurs communications.

La première communication portant sur la thématique de la lutte contre le cancer au Burkina Faso a été développée par le Dr Olivia Marie Angèle Awa Ouédraogo, Directrice de la prévention et du contrôle des maladies transmissibles. Dans son exposé, elle a indiqué que le Burkina Faso a marqué une réelle volonté politique en faveur de la lutte contre le cancer. Ce qui a permis d’engranger de nombreux acquis. Au titre de ces acquis, la communicatrice a relevé, sur le plan de la gouvernance, l’instauration des mesures de gratuité pour le dépistage des cancers gynécologiques et mammaires en 2015, la création du conseil de lutte contre le cancer et de son secrétariat permanent en 2020 et bien d’autres.

En ce qui concerne les prestations de soins, figurent au nombre des acquis cités par la directrice, l’existence de l’offre de soins en chirurgie carcinologique, le développement progressif de services d’oncologie médicale y compris pédiatrique dans les hôpitaux de référence. Au niveau infrastructurel, Dr Olivia Marie Angèle Awa Ouédraogo a aussi relevé des avancées significatives notamment la construction d’un centre de cancérologie à Ouagadougou, d’une unité de radiothérapie à Bogodogo et l’existence d’un service de médecine nucléaire au CHU Yalgado Ouédraogo. En dépit de tous ces acquis, des insuffisances demeurent, notamment la non-operationalisation du plan national de lutte contre le cancer, l’insuffisance de contrôle dans l’application des textes réglementaires encadrant l’utilisation des produits chimiques et autres pesticides.

Dr Olivia Marie Angèle Awa Ouédraogo, Directrice de la prévention et du contrôle des maladies transmissibles

La deuxième communication au cours de cette formation a été axée sur l’épidémiologie, le diagnostic et le traitement du CCU. Et c’est le Professeur agrégé de cancérologie à l’université Joseph Ki-Zerbo, Nayi Zongo qui s’est prêtée à la tâche. Il a évoqué 03 principes élaborés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour que plus aucune femme ne meure du cancer du col de l’utérus.
« Le Premier principe est la prévention primaire qui consiste en la vaccination HPV des jeunes filles. Elle empêche l’infection par le virus. Elle permet de bloquer tous les facteurs de risques. Le deuxième principe est la prévention secondaire. Elle consiste aux dépistages pour détecter les modifications induites par le virus. Elle empêche le cancer de s’installer dans l’utérus. Le dépistage est gratuit dans toutes les structures publiques de santé. A cela s’ajoute la gratuité du traitement des lésions précancéreuses. Le troisième principe est la prévention tertiaire: c’est le traitement des cas avérés à travers la chirurgie, la radiothérapie ou la chimiothérapie. Ces traitements sont tous subventionnés par l’Etat », a expliqué l’enseignant-chercheur. De son avis, l’arme la plus puissante contre le cancer du col de l’utérus, c’est l’engagement de tous et surtout la sensibilisation des femmes à la vaccination et au dépistage des lésions précancéreuses.

Deux autres communications ont aussi été développées à cette activité. Il s’agit notamment de l’état des lieux de la vaccination contre le Human Papilloma virus, responsable du cancer du col de l’utérus et de l’apport du processus SUCCESS dans le dépistage des lésions précancéreuses du Cancer du col de l’utérus. Par ces communications , l’on a pu apprendre par exemple que le vaccin disponible au Burkina Faso est le Gardasil. Disponible en injectable par une seule dose, cette vaccination a pour cible les fille de 09 ans.

Ces différentes communications ont été suivies d’échanges et de travaux en ateliers au cours desquels, les journalistes ont formulé des messages de sensibilisation qui seront adressés aux populations. Ces différents travaux combinés aux communications reçues ont permis à la soixantaine d’hommes et femmes de médias de ressortir aguerris de cette formation. Et ce n’est pas Sié Sidoine Kambou de la radio Ouaga FM qui dira le contraire. Il a dit avoir beaucoup appris sur les facteurs du cancer du col de l’utérus ainsi que les moyens pour le prévenir.

Sié Sidoine Kambou, journaliste à Ouaga Fm

« Je suis sorti de cette formation très bien informé. Nous avons eu droit à quatre communications à travers lesquelles nous avons pu comprendre le danger lié à cette question de cancer du col de l’utérus. Les chiffres qui nous ont été communiqués sont très alarmants et cela nous interpelle en tant que journaliste, à être un autre canal de communication et de sensibilisation pour lutter contre cette maladie. Je pense que ce que nous avons appris aujourd’hui va nous permettre de pouvoir à notre tour transmettre la bonne information à nos auditeurs, nos téléspectateurs », a-t-il confié. C’est donc un journaliste engagé dans la sensibilisation des populations qui ressort de cette activité.

Les participants ont posé pour la posterité

Soulignons que la formation s’est tenue sous la patronage du ministre en charge de la communication, Rimtalba Jean-Emmanuel Ouédraogo, représenté par son secrétaire général, Ateridar Galip Somé.

Oumarou KONATE

Minute.bf

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