Dans le cadre du déroulement de son projet dénommé « Engagement des jeunes dans la prévention et la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent au Burkina Faso à travers l’éducation aux médias et à l’information (EMI)», l’organisation non gouvernementale Educommunicafrik mène depuis quelques années, une série d’activités au profit de la jeunesse et des personnes déplacées internes dans quatre régions du Burkina Faso dont la ville de Kaya dans la région du Centre-Nord. A la faveur d’une sortie de production effectuée du 14 au 16 septembre 2022 dans la ville de Kaya, les hommes de médias ont pu constater de visu, l’ensemble des initiatives pilotées par cette structure dans la zone.
Promouvoir « l’éducation aux médias et à l’information » en vue de l’autonomisation et le développement durable des peuples et des individus, c’est l’objectif que s’est fixé Educommunicafrik, organisation de jeunesse créée en 2012. Pour atteindre cet objectif, la structure développe depuis sa création, des initiatives visant à renforcer les capacités des jeunes, des adolescents et des enfants des villes et des campagnes du Burkina Faso dans l’analyse des contenus médiatiques et dans l’utilisation efficiente des technologies de l’information et de la communication (TIC). Depuis novembre 2020, elle pilote le projet « Engagement des jeunes dans la prévention et la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent au Burkina Faso à travers l’éducation aux médias et à l’information (EMI)», lancé par l’ambassade du royaume des Pays-Bas.
A Kaya, dans le centre nord, Educommunicafrik mène depuis maintenant deux années, une panoplie d’activités au profit de la jeunesse et des personnes déplacées internes. Ce sont notamment des conférences, des campagnes de sensibilisation, des ateliers d’éducation aux médias, des cadres d’échanges interreligions et communautés, des appuis aux actions des volontaires locaux et bien d’autres.
Une conférence pour inviter les jeunes à la résilience
C’est d’ailleurs par une conférence publique que la sortie de production initiée avec les journalistes dans cette ville, a ouvert ses portes dans la matinée du 14 septembre 2022. Placée sous le thème : « Extrémisme violent: quelles stratégies pour une jeunesse résiliente ?», la conférence a été animée par le chef du Bureau régional du Centre-nord et membre du conseil régional de cette région, Amadou Kano. Dans son exposé, ce dernier a appelé la jeunesse de cette région fortement impactée par les effets du terrorisme, à la résilience. Pour lui, la jeunesse, proie favorite des groupes armés terroristes lors de leurs enrôlements, a un rôle crucial à jouer dans la lutte contre le terrorisme.
Le conférencier s’est donc évertué durant plus de deux heures d’horloge, à sensibiliser la frange jeune de Kaya et des environs sur les comportements qu’ils doivent adopter au quotidien, en vue de lutter contre la radicalisation et l’extrémisme violent dans leur zone. « Nous les avons invités à acquérir de la matière, à renforcer le capital humain parce que quoi qu’on dise présentement il y a beaucoup d’opportunités. Si les jeunes s’y mettent vraiment , ils peuvent avoir de la compétence dans un domaine donné, ils peuvent se frayer une place dans le monde de l’emploi, s’occuper et être épanoui. C’est cela aussi qui leur permettra d’être résilients. Nous les avons aussi invités à accepter la diversité, la diversité d’opinions, la diversité ethnique, religieuse et culturelle, gage d’un vivre ensemble harmonieux», a déclaré Amadou Kano à l’issue de la conférence.
L’activité a mobilisé une bonne centaine de jeunes venus de toute la région et des jeunes déplacés internes de la ville. C’est le cas de Maïga Ali, qui a pris part à la conférence au nom de l’association « Bon samaritain» de Kaya. « Nous avons appris beaucoup de choses en lien surtout avec les causes et les conséquences de la violence en l’état actuel de notre région. Nous sommes des jeunes et je pense que c’est à nous de lutter et de collaborer avec les Forces de défense et de sécurité pour que notre pays retrouve la paix» a-t-il confié tout en remerciant les organisateurs de cette initiative. Des échanges avec l’ensemble des jeunes participants ont refermé les portes de cette première activité.
Pour réaliser ses projets dans la région, Educommunicafrik a recours aux services de jeunes volontaires locaux. Sayouba Sawadogo est le chef d’équipe des volontaires Educommunicafrik de la région du centre-nord. A en croire ses dires, plusieurs activités ont déjà été réalisées dans la région. « En termes d’activités, on a réalisé beaucoup de choses, notamment un atelier de formation des jeunes sur la cohésion sociale qui a réuni des jeunes de différentes associations de la ville de Kaya. Nous avons aussi animé un théâtre forum qui a mobilisé près de 600 jeunes sur le rôle et la responsabilité de la population hôte et des déplacés dans la construction de la paix et la prévention de l’extrémisme. On a aussi réalisé à plusieurs reprises, des émissions radiophoniques sur les mêmes thématiques et il y a plusieurs autres activités qui restent à venir», a-t-il confié.
Educommunicafrik à l’écoute des PDI
Dans la soirée du 14 septembre, Educommunicafrik a organisé une séance de causerie-débat avec les personnes déplacées internes (PDI) du site de Bollé, toujours sur la thématique de la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent. Occasion pour les PDI, de partager leurs vécus et les raisons de leur fuite vers Kaya. Ces derniers, saluant la démarche d’Educommunicafrik n’ont pas manqué de faire des propositions de solutions dans la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent au Burkina Faso. Ils ont en outre égréné les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien et souhaité un soutien de l’organisation.
Le Bol-Naaba de Kaya, chef du site des déplacés internes de Bollé, s’est, pour sa part, réjoui de l’initiative d’Educommunicafrik. Il a souhaité que se perpétuent ce genre d’activités en vue de sensibiliser davantage les populations en général mais particulièrement celles déplacées internes. « Nous sommes vraiment très heureux de savoir que des gens pensent à nous et qu’ils développent des initiatives du genre pour venir nous écouter et aussi nous sensibiliser. Ça nous va droit au coeur. Sinon en tout cas, tous ceux que vous voyez ici ne sont pas heureux d’être là. C’est parce qu’ils ont été contraints. Ce qu’ils désirent actuellement c’est juste de pouvoir repartir chez eux pour reprendre leurs activités paisiblement», a declaré le chef qui dit avoir pour seule prière en ce moment, le retour de la paix au Faso.
Educommunicafrik a poursuivi ses activités dans la journée du 15 septembre 2022, avec un atelier de formation sur la bonne utilisation des médias sociaux en période de crise. L’activité qui a mobilisé plusieurs jeunes de Kaya, s’est refermée par une séance de reboisement au sein du Centre d’accueil et d’écoute de la ville. Au soir de la caravane de presse, la structure avait prévu un match de gala entre jeunes déplacés internes et jeunes populations hôtes. Mais, en raison des intempéries dans la région, cette activité a été reportée.
Soulignons que ces types d’activités sont également prévues dans les trois autres régions couvertes par le projet « Engagement des jeunes dans la prévention et la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent au Burkina Faso à travers l’éducation aux médias et à l’information (EMI)». Ce sont notamment la région du Nord, de l’Est et du Sahel.
Oumarou KONATE
Minute.bf
