La thèse selon laquelle le Burkina Faso voire l’Afrique est « pauvre » ne passe pas chez le président de la Transition, le Capitaine Ibrahim Traoré. Au cours d’un échange avec les jeunes, à l’occasion de la commémoration de la Journée internationale de la Jeunesse (JIJ), le samedi 12 août 2023, il a contesté cette position, chargeant les jeunes à plutôt sensibiliser leurs pairs sur les « potentialités » du Burkina Faso.
Le Président de la Transition, le Capitaine Ibrahim Traoré a demandé aux jeunes de se sensibiliser pour une prise de conscience sur les réalités du Burkina Faso. Concrètement, il veut une prise de conscience sur les potentialités du pays. « On parle à longueur de journée de toutes les richesses que nous avons, mais beaucoup ne sont pas conscients que nous sommes riches. Nous n’avons rien à envier normalement. Si on avait bien exploité (les ressources, ndlr) il y a 10-20 ans derrière, aujourd’hui, on ne serait pas là. On part chez les autres, on voit de jolis immeubles et autres, on peut le faire ici », a d’emblée postulé le chef de l’État. Il se lance dans les démonstrations : « à Tin-Akoff, on a du calcaire en pagaille. Pourquoi on doit importer du klinker d’ailleurs ? Si à Dori, on arrive à mettre en place une usine qui transforme ça en klinker, les cimenteries ont besoin de cela. C’est principalement la matière première ».
Il poursuit sur les richesses du Burkina Faso : « les phosphates de Kodjari. C’est la matière première des engrais. On a d’ailleurs une usine en place à Koupela qu’on a mis en marche qu’on n’a pas inaugurée d’abord, qui produit, qui a déjà beaucoup de milliers de tonnes d’engrais qu’ils ont mélangé, mais on fait venir la matière première pour mélanger. Si on arrive à exploiter ce phosphate, notre agriculture, l’engrais qui se paye aujourd’hui à 25 000-30 000 F CFA ou même plus, on peut le ramener à un prix raisonnable ».
Ainsi, a-t-il martelé aux jeunes : « c’est pour vous dire qu’on a des potentialités et votre rôle est de faire comprendre ça à la jeunesse ».
Sur ce, le Capitaine Traoré a lancé aux jeunes : « personne ne doit encore venir vous faire croire qu’on est pauvre (…) Personne ne doit se dire qu’on est pauvre. On est pauvre parce qu’il y a eu de l’égoïsme, de l’égocentrisme. On a dilapidé les ressources ». Pour étayer ses propos, il explique : « il y a beaucoup de contrats, de conventions qui ont été signés qui nous condamnent à être pauvres ». Et c’est tout cela qu’il appelle à dénoncer.
Dans son intervention, le chef de l’État a fait une grosse révélation sur l’or du Burkina Faso. « Si je parlais de l’or, le rapport 2021-2022 m’a été dressé. On parle de 33 tonnes d’or sorties par fraude. Imaginez ça fait combien de milliards. C’est terrible ! Ça, ce sont nos richesses. Imaginez qu’il y a un comptoir à Dubaï où c’est l’or du Burkina Faso qui se vend, mais ce n’est pas le Burkina Faso qui vend », a-t-il lâché devant un public surpris. Pour parer à cela, il a parlé de la mise en place d’unités de traitement d’or semi-mécanisées. « Les sites où les gens rentrent, ils creusent, bientôt, nous allons installer des usines, puis que s’ils creusent et sortent la terre, à peine s’ils peuvent extraire 50% de l’or qui est dedans. On veut mettre en place des semi-mécanisés pour extraire le maximum », a laissé entendre le chef de l’État qui, dans ce sens, a invité « les jeunes orpailleurs à ne plus vendre leur or à ces démarcheurs qui viennent d’ailleurs qui ne payent pas à bon prix ». Sur ce point toujours, il a indiqué que la création de la nouvelle société obéit à cela.
S’attaquant à l’impérialisme, le Capitaine Traoré a alerté la jeunesse : « on a beaucoup d’autres choses dans notre sol que les gens cherchent ». Il illustre : « on nous a longtemps fait comprendre qu’on n’a pas besoin de rail. C’est faux ! C’est impératif ! Actuellement, on est en train de se battre pour cela, pour avoir un moyen de transport ferroviaire parce que cela permet de transporter beaucoup ». Pour se faire comprendre, il explique : « on ne peut pas se développer sans que ceux qui produisent des animaux à Dori ne peuvent pas arriver à Bobo et que de Bobo s’il y a autre chose qu’on puisse aussi ramener cela à Dori ».
Pour tout cela, le président a insisté devant les jeunes : « vous avez du travail : c’est conscientiser la jeunesse d’abord, de prendre conscience de la situation et qu’on peut tout faire ici ». « Il y a du talent pour développer », est-il convaincu, pensant notamment « aux inventeurs burkinabè qui ont des brevets ». « Est-ce qu’on exploite (les inventeurs, ndlr) ? », s’interroge-t-il avant de rassurer : « c’est maintenant, on est en train de découvrir un peu un peu et on est en train de capitaliser un peu ces énergies ». « Cela peut paraître long ou lent, mais il faut qu’on aille étape par étape », a conclu le chef de l’État, alors qu’il s’exprimait sur sa vision pour la jeunesse et les potentialités du Burkina Faso, sous les applaudissements d’un public qui sble avoir intégré le message.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf