Traditionnellement masculins, certains métiers se voient graduellement investir de nos jours par des jeunes filles et dames. La mécanique, la maçonnerie et la soudure sont des métiers qui intéressent les jeunes filles dans la Cité du Cavalier rouge.
Valérie Zoma est mécanicienne résidante à Koudougou. Grâce à une formation, la jeune dame a acquis les compétences et l’accompagnement nécessaire qui lui ont permis d’ouvrir son propre atelier.
« Je me suis lancée dans la mécanique des deux roues parce que ce travail me plaît », a-t-elle affirmé. Depuis plus de trois ans, Valérie Zoma exerce ce métier et forme même des élèves pendant leurs vacances.

Comme difficultés rencontrées, la jeune mécanicienne mentionne les pesanteurs socioculturelles. Elle dit être souvent en face de certains clients qui refusent catégoriquement qu’une fille touche à leur engin. « Il y a des clients quand ils arrivent nouvellement, ils disent que je ne répare pas leurs motos, car, disent-ils, réparer une moto, ce n’est pas préparer du tôt », a révélé Valérie Zoma.
La jeune dame affirme être habituée aux critiques négatives de certaines personnes et garde l’oreille attentive aux bonnes critiques et conseils. Son souhait, c’est d’avoir plus de moyens pour agrandir son atelier pour le bonheur de sa clientèle.

Balgissou Soré, quant à elle, pratique la soudure avec amour et abnégation. « Je suis soudeuse, le métier me plait même si c’est très masculin », soutient-elle. Ce métier lui permet de subvenir à ses besoins et d’aider ses parents. Avec son niveau CEP, Balguissou fait les coupages, fabrique des châteaux et joue aussi le rôle de secrétaire à son lieu de travail.
Elle affirme que « le travail n’est pas compliqué si c’est fait avec amour ». Mais, a l’en croire, ce sont parfois ses copines même qui la découragent. « Tu as cherché dans tout Koudougou, tu n’as pas trouvé du travail si ce n’est la soudure, un métier de garçon » : c’est ce genre de propos qu’elle dit recevoir de la part de ses camarades. Mais la jeune soudeuse reste sereine, car pour elle, « la soudure est mieux que la prostitution ».
Josiane Ramdé, elle, est élève au lycée professionnel Maurice Yaméogo de Koudougou. Curieuse de savoir « comment on arrive à réaliser de si belles constructions », la jeune fille a décidé de s’inscrire en génie civile après l’obtention du BEPC dans l’enseignement général.

Lors de ses stages pendant les vacances, Josiane rencontre comme difficulté majeure le manque de confiance en ses capacités. « Il y a des tâches qu’ils refusent de me confier, ils me sous-estiment, ils pensent que parce que je suis une fille, je ne serai pas à la hauteur », se plaint-elle presque.
A l’entendre, certaines personnes pensent qu’elle ferait mieux d’aller apprendre à cuisiner plutôt que de soulever des briques. Grace au soutien et à l’accompagnement de ses parents, la jeune fille rêve de poursuivre ses études dans le domaine de la maçonnerie jusqu’à l’obtention d’un master et par la suite de créer une entreprise.
Josiane Ramdé invite les autorités à construire des lycées professionnels et surtout, les équiper, car déplore-t-elle : « on ne fait pas assez de pratique par manque de matériel, aussi les effectifs sont très élevés dans les classes ».
La mécanique, la maçonnerie, la soudure et l’électricité sont des domaines qui intéressent de plus en plus le genre féminin. Et pour ces filles, le choix de leurs métiers est aussi une interpellation aux jeunes filles à travailler car « si un homme te donne son argent, il attend quelque chose en retour ; seul le travail libère. »
Sakina ROAMBA
Minute.bf