mercredi 18 juin 2025
spot_img

Korsimoro: Un litige foncier divise la mairie et le village de Boussoum kougrizougou

Le domaine du foncier continue de faire des gorges chaudes au Burkina Faso. On peut sans doute dire que c’est l’un des secteurs qui génèrent plus de tensions actuellement dans le pays avec des crises sans précédent. C’est par exemple le cas de la commune de Korsimoro dans le Sanmatenga où les tensions montent chaque jour dans la communauté autour des litiges fonciers. Ce dimanche 3 octobre 2021, une manifestation spontanée a été observée dans le village de Boussoum kougrizougou où un projet de lotissement divise la population et la mairie de la commune.

Tout a commencé en 2008 selon les habitants de Boussoum Kougrizougou où la mairie de Korsimoro dirigée à l’époque par Korogo Laraba Kouakou, avait entrepris un projet de lotissement dans la commune y compris leur village. Pour cela, elle était venue dans le village, recenser les jeunes âgés de 18 ans et plus, borner les terres sans pour autant attribuer la moindre parcelle. 13 ans après, soit en 2021, la municipalité actuelle dirigée par Jacques Ousséni Ouédraogo décide de terminer le projet de son prédécesseur avec les données du recensement de 2008. Ce qui n’a pas été du goût de la population qui estime que « ceux qui n’avaient pas 18 ans en 2008 ont 20 ans, voire 30 ans aujourd’hui et ces derniers doivent être pris en compte dans l’actuel projet de lotissement au risque de se retrouver sans logements ».

Une requête rejetée par le conseil municipal avec l’argument qu’il ne dispose pas de beaucoup de terrains pour satisfaire tout le monde selon les explications fournies par les manifestants. « Il dit qu’il n’y a pas assez de parcelles pour satisfaire notre demande alors que nous constations qu’ils vendent les parcelles à d’autres personnes », a dénoncé le porte-parole des manifestants, Moumini Sourwila.

Moumini Sourwila, porte-parole des manifestants

En outre, les habitants de Boussoum Kougrizougou reprochent au bourgmestre de faire la sourde oreille à toute tentative de concertations pour trouver une solution à l’amiable. Même avec l’intervention des autorités provinciales. « La mairie continue son chemin malgré les contestations. Le maire veut nous désorganiser pour faire ce qu’il veut. Nous sommes allés poser le problème au haut-commissaire, ce dernier a demandé à ce qu’il y ait enttente entre la population et le conseil municipal, mais le maire s’en fout », a fustigé Moumini Sourwila, dans une déclaration lue devant les habitants du village.

« Nos grands-pères se sont installés dans ce village il y a de cela 340 ans… »

À Boussoum Kougrizougou, la révolte est sonnée contre ce que les habitants qualifient d’accaparement de terre. Un seul mot est constamment sur les lèvres : « nous ne sommes pas d’accord ». D’autres avancent l’idée selon laquelle les autorités communales viennent pour s’accaparer leur terre. « Au début, quand le projet de lotissement est venu, nous étions contents, car on pensait que le village allait vite se développer, mais à notre surprise générale, ils ont borné tous nos champs sans pour autant nous donner des parcelles. Aussi, dans ce même village, d’autres personnes ont eu jusqu’à 80 parcelles. Nous demandons aux autorités compétentes d’agir pour régler cette crise qui vire au drame. Nos grands-pères sont venus dans ce village il y a 340 ans de cela et aujourd’hui des gens veulent prendre nos terres sans rien nous donner, nous ne sommes pas d’accord », lance Souleymane Torodo, un sexagénaire.

« Chaque personne dans ce village, de l’adolescent jusqu’au plus vieux, doit logiquement avoir une parcelle parce que c’est ici ils sont nés. Nous demandons à ce que les autorités résolvent nos problèmes de terre pendant qu’il est temps sinon ils risquent d’enjamber des corps pour les résoudre après », prévient le vieux Mahamoudou dont la colère pouvait se lire sur le visage.

Pour éviter l’irréparable, des pistes de solutions ont été proposées par la population pour une sortie de crise. Les manifestants exigent entre autres dans leur plateforme revendicative, la reprise des recensements dans l’ensemble du village, la distribution de 04 parcelles sur un périmètre d’un hectare borné au lieu de 02. Du reste, les manifestants pensent que la commune dispose d’assez de terres pour satisfaire leur requête.

Cette question de lotissement préoccupe également les leaders coutumiers de la localité. Le chef traditionnel de la localité qui nous a reçus a également manifesté son mécontentement face aux agissements du conseil municipal. « Depuis mon palais j’entends ce qui se passe dans le village et tout ce que je sais, le processus de lotissement a été mal entrepris et avec beaucoup d’irrégularité. Dans notre village ici on a des représentants dans les commissions d’attribution, mais ces personnes n’ont jamais rendu compte à la population de ce qu’ils font. J’ai un seul mot à l’endroit de ma population et le conseil municipal : c’est de s’entendre pour trouver une solution à l’interne et éviter des débordements dans cette affaire », a réagi Naaba Baongho de Boussoum Kougrizougou, un chef très respecté de la localité.

Naba Baongho, de Boussoum Kougrizougou

Joint au téléphone, le maire Jacques Ouédraogo demande une marge de temps afin de consulter la partie composante du processus avant de nous donner sa réaction sur la situation. Qu’à cela ne tienne, il dit ne rien craindre dans cette affaire parce qu’il « a hérité du projet et aussi, toutes les couches sociales ont été impliquées pour garantir la transparence ».

« Nous avons maudit nos terres … »

Face à cette crise qui persiste et le pessimisme de la population de Boussoum Kougrizougou quant à une issue qui leur sera favorable, les terres furent confiées aux « mânes, aux ancêtres et montagnes sacrées de la localité ». Ce sont ces forces surnaturelles qui gardent désormais le territoire face à quiconque (étranger ou même autochtone) qui voudra toucher une portion de terre sans passer par la voie « légitime ». « Tout ce que nous savons, c’est que nous avons maudit nos terres. Toutes les personnes étrangères qui vont oser acheter une parcelle sans notre consentement, toute personne même un membre de la famille qui sera complice avec la mairie pour boycotter nos luttes, que la personne meurt sans voir la finition des activités d’attribution », ont fermement lancé les manifestants.

En rappelle une autre crise foncière liée à la construction d’une cité communale secoue actuellement la localité de Raguitenga, un village voisin avec Boussoum Kougrizougou. Cette précédente crise avait également abouti à la malédiction des terres dans ce village.

Mouni Ouédraogo

Minute.bf

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici
Captcha verification failed!
Le score de l'utilisateur captcha a échoué. Contactez nous s'il vous plait!

Publicité

spot_img

Articles connexes

Burkina : Religieux et coutumiers se penchent sur la création d’un cadre interreligieux

L’Ittihad Islami du Burkina Faso et l’Union des religieux et coutumiers du Burkina (URCB/SD) sont en retraite religieuse....

Burkina : La Douane saisie des médicaments illégaux d’une valeur de 72 millions FCFA

Une importante saisie de médicaments et produits de santé non-conformes a été opérée par les unités de surveillance...

Burkina : La météo annonce une amélioration progressive de la pluviométrie du 16 juin 13 juillet

Au cours de la période du 16 juin au 13 juillet 2025, une amélioration progressive de la pluviométrie...

Ouagadougou : Deux individus interpellés pour trafic d’enfants

Le mardi 17 juin 2025, les services de la Police Municipale de la gare de l’Ouest, en collaboration...