vendredi 20 septembre 2024
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Karma : « Nous n’avons aucun doute qu’il s’agit des FDS qui ont été auteurs de ce carnage » (Ressortissants)

Les ressortissants et rescapés du massacre de Karma, ont donné de la voix ce samedi 29 avril 2023, à Ouahigouya. Les conférenciers affirment que les Forces de défense et sécurité (FDS) sont les « auteurs de ce carnage ». Ils dressent un bilan de de 147 victimes, dont des enfants âgés de 9 jours à 14 ans.

« Le jeudi 20 avril 2023, notre village, Karma situé dans la commune de Barga et à une quinzaine de kilomètres de la ville de Ouahigouya a subi une attaque ignoble et lâche. Depuis lors, des informations fallacieuses, diflamatoires et mensongères ont été largement partagées, notamment sur les réseaux sociaux, par des individus se reclamant activistes et autres. Ces informations ont provoqué une onde de choc au sein de l’opinion publique, plus particulièrement chez les ressortissants et survivants de Karma et environnants, déjà éprouvés par la situation », a introduit, Daouda Belem, ressortissant de Karma, porte-parole du jour.

Ainsi, pour lui, cette conférence de presse vient apporter un dementi en apportant davantage d’éléments d’éclaircissements sur le tragique incident survenu à Karma et environnants. A la date du 20 avril 2023, jour du massacre à Karma, « 19 villages sur 22 du régistre communal [de Barga] étaient encore habités par leurs populations », confie le principal conferencier.

« Des bébés sont morts étant sur le dos de leurs mamans exécutées »

Des femmes rescapées ont pris part à la conférence de presse

« Le village a été encerclé tôt le matin par des hommes en tenues militaires burkinabè, lourdement armés et à bord de motos, de pick-up et de véhicules blindés. Les villageois se sont d’abord réjouits de leur arrivée, mais leur joie a été rapidement brisée par des coups de feu. Les habitants ont alors fui, pour la plupart dans leurs concessions, mais ont été rattrapés
par les hommes armés et mis en groupe. Plusieurs groupes ont été exécutés sur place, y compris des blessées laissés pour mort qui tentaient de fuir. Certains groupes ont été ligotés et copieusement bastonnés avant d’être exécutés. Un autre groupe d’une vingtaine personnes a échappé aux massacres grâce à certains soldats qui les ont épargnés. Pendant ce temps, les exécutions se poursuivaient dans d’autres quartiers du village atteignant leur paroxysme à Moiga Yiri, où des vieillards, des femmes (certaines enceintes), des enfants ont été cruellement tués. Des bébés sont morts étant sur le dos de leurs mamans exécutées. Le carnage a duré plus de 6h avant que les soldats ne quittent le village pour celui de Dinguiri. Les
rescapés ont pu partir après leur départ, tandis que certains blessés ont été transportés au CHUR de Ouahigouya par les rescapés, d’autres blessées n’ont cependant pas pu être évacués et ont succombés à leurs blessures », ont décrit les conférenciers.

A les en croire, après le village de Karma, « ces hommes ont continué leurs activités criminelles dans d’autres villages comme Dinguiri (trois morts), Kèrga (trois morts) et Ramdola (trois morts) ». D’autres villages n’ont pas été épargnés, ajoutent-ils.

Aussi, en plus de ces pertes en vies humaines, confient les conférenciers, « des hangars et des greniers ont été incendiés, des animaux tués, de la volaille emportée, des téléphones portables ainsi que de fortes sommes d’argent retirées ».

Seance tenante, le CISC à remis des vivres et une somme de 200 000 FCFA aux victimes de Karma

147 morts dénombrés

Les conférenciers ont établi le bilan du massacre de Karma à 147 morts, dont 31 morts tous des hommes, à Rikin, un homme tué à Sagayiri, 14 morts dont le président CVD du village (tous des hommes) à Ipala, 93 morts dont 28 femmes et 45 enfants âgés de 09 jours à 14 ans à Moingayiri. Aux alentours du village, 08 morts tous des hommes.

« Au total, nous avons pu dénombrer 147 personnes tuées à Karma dont 28 femmes, 45 enfants âgés de 09 jours à 14 ans et 09 blessés. Dans les villages environnants, on dénombre 09 morts tous des hommes », relève Daouda Belem.

« Par ailleurs, dans la matinée du 24 avril 2023, nous avons entrepris courageusement de nous rendre à Karma pour enterrer nos parents, malgré tous les risques encourus. Cependant, l’armée avait barré la route au niveau de l’axe Ouahigouya-Youba empechant ainsi les villageois de rejoindre leur village. II est important de noter que les téléphones portables de ceux qui venaient dans le sens inverse (ceux qui se dirigeaient vers Ouahigouya) ont été confisqués, les photos supprimées avant restitution », a confié le porte-parole des ressortissants et rescapés du massacre de Karma.

Les conférenciers du jour ont déploré le communiqué du gouvernement qui « frise l’indifférence et le mépris vis-à-vis des populations de Karma et environnants », et qui prête à confusion, sur la responsabilité avérée des FDS dans ce « carnage ». « Nous, populations et rescapés des évènements de Karma et environnants, n’avons aucun doute qu’il s’agit des FDS qui ont été auteurs de ce carnage. Nous ne sommes pas dupes, nous connaissons bien nos FDS », ont lancé les conférenciers.

Les ressortissants de Karma dénoncent la « barbarie injuste et injustifiée sur les populations de [leur] village et environnants ». Ils condamnent « les propos diffamatoires et erronés qui circulent sur les réseaux sociaux portés par certains suppôts du pouvoir en place » et invitent les autorités judiciaires à poursuivre les auteurs de ces propos. Ils disent rester disponibles pour toutes sollicitations pouvant contribuer à la manifestation de la vérité.

Pour information, à l’issue de la conférence, un représentant du CISC a fait une donation d’une tonne de riz et la somme de 200 000 FCFA aux rescapés de Karma.

Samuel Ouédraogo (Correspondant)
Minute.bf

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