mercredi 11 décembre 2024
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Justice : Relaxé par le pôle judiciaire anti-terroriste après 3 ans de prison, il fond en larmes

S.D. né vers 1975, père de 4 enfants en union libre, environ 1,70m, s’est présenté devant le Tribunal de grande instance Ouaga II, pantalon tissu, chemise pagne, coiffé, barbe rasée, en chaussure de douche pour répondre des faits d’acte de terrorisme. On lui reproche de livrer des vivres et du carburant aux terroristes. Après les débats, le prévenu a été blanchi par les juges, le mardi 17 septembre 2024.

Le prévenu S. D. est un commerçant d’accessoires de téléphone portable et un vendeur de carburant en détail dans un village périphérique.

Selon le Procès verbal (PV) lu par la chambre, S. D. servait de relais aux terroristes pour se ravitailler en carburant et en vivres. Les terroristes venaient nuitamment pour se faire servir avant de se disperser dans la nature, notamment dans une forêt près de leur localité. À la barre, le prévenu S. D. rejette les accusations portées contre lui.

Il a expliqué devant la chambre que la vente du carburant n’étant pas interdite, il en vendait à plusieurs clients, mais pas à des gens qui venaient en groupe se ravitailler.

Le procureur dit qu’il y a des témoins qui affirment avoir vu des terroristes venir se ravitailler nuitamment avec le prévenu avant de rentrer dans la brousse. Des témoins pas des moindres, dont des proches de S. D. qui ont préféré garder l’anonymat. Ils sont au total au moins 6 personnes dont 3 très proches du prévenu ayant témoigné contre lui, selon le procureur. Ces témoins affirment, foi du procureur, que entre 6 et 8 personnes venaient avec de grosses motos et des bidons de 20 litres pour se ravitailler en carburant avant de se fondre dans la forêt de la localité.

C’est d’ailleurs, selon le parquet, ces témoignages qui ont valu l’arrestation du prévenu par les Forces de sécurité. À la barre, le prévenu S. D., est resté sur sa position. Il a clamé son innocence devant les juges.

Plus loin, le procureur a indiqué que l’expertise sur le téléphone portable du prévenu révèle des contacts avec des personnes recherchées par les FDS pour actes terroristes. En plus de cela, « régulièrement, il reçoit du carburant de la contrebande. Au moins 3 fois dans la semaine, il recevait ces carburants », appuie le procureur.

Qui sont-ils, ceux qui venaient nuitamment se ravitailler en carburant ? Pourquoi ne venaient ils pas en journée ? Autant de questions posées par le procureur qui finit par se convaincre que le prévenu S. D. est « un soutien des terroristes ». Pour le parquet, ces faits constituent une infraction punie par la réglementation, notamment, l’article 361-3 du code de procédure pénale. Il a demandé de déclarer SD coupable des chefs d’accusations contre lui et en répression, le condamner à 10 ans de prison et 10 millions de F CFA, le tout ferme.

Me Marcellin Somé constitué auprès du prévenu S. D. a plaidé pour que le Tribunal ne suive pas les réquisitions du procureur. Selon l’avocat, la chambre ne doit pas condamner son client sur la simple base des témoignages. Lesquels témoins n’ont « jamais » été mis en confrontation avec son client, a précisé l’avocat. « Je vous demande d’appliquer la loi pénale dans l’esprit du législateur, à savoir qu’il n’y a pas lieu de condamner, quand on n’a pas pu apporter des preuves. Mon client a déjà souffert de 3 années de détention pour des faits qu’il ne reconnaît pas. Relaxer mon client aux fins de la poursuite, ne serait ce qu’au bénéfice du doute. Ainsi vous aurez rendu justice », a-t-il plaidé.

Le Tribunal statuant publiquement, suivant la procédure en matière correctionnelle et en premier ressort a renvoyé le prévenu S. D. au bénéfice du doute. Les juges ont ordonné sa mise en liberté immédiate. Ils ont aussi ordonné la remise du téléphone portable scellé.

Après la décision des juges, toujours à la barre, le prévenu SD a fondu en larmes. Dans l’assistance, un membre de sa famille venu l’assister n’a pas pu, lui aussi, retenir ses larmes au moment d’une accolade, 3 ans après.

Lire aussi : Burkina : A 63 ans, un indicateur des terroristes à la barre

Mathias Kam
Minute.bf

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