Grégoire Sana est un blessé de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Dès les premiers moments de sa blessure, il fut recensé pour des soins comme beaucoup de blessés de ces évènements. Si au début Grégoire avait une lueur d’espoir de marcher correctement, la suite de l’aventure va être catastrophique. 7 ans après, notre victime marche très difficilement, à l’aide l’aide béquille.
«J’ai été opéré mais il n’y a pas eu de suivi. J’ai contacté le HCRUN (Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale). Ceux qui m’ont opéré disent que c’est arrêté. J’ai contacté l’action sociale, ils disent que les dossiers ne sont pas arrivés à leur niveau. Jusqu’aujourd’hui je ne sais pas où se trouvent nos dossiers », a-t-il expliqué avant de nous confier ses longues nuits : « je souffre, je ne dors pas la nuit. Seul Dieu et moi savons ce que j’endure. La partie où on m’a opéré fait très mal, il n’y a même pas cette nuit où je dors ».
Mais pourquoi les choses ne bougent pas pour que les victimes aient un minimum de prise en charge? A cette question, Grégoire Sana pense que l’Etat les a oubliés tout simplement.
« On dirait qu’ils nous ont oubliés alors que c’est nous qui avons lutté. Nous voulons seulement qu’ils veillent sur notre santé. C’est tout ce qu’on cherche, mais pas leur argent. S’ils nous appellent, c’est pour une commémoration; nous ne sommes pas des animaux. C’est grâce à nous qu’ils sont là-bas aujourd’hui », fulmine-t-il.
Selon ses dires, d’autres victimes à l’époque ont refusé l’opération. Il dit regretter son intervention chirurgicale. « Comment on peut opérer quelqu’un et refuser de le suivre ?», s’interroge-t-il.
En rappel, le président des familles des victimes Victor Pouahoulabou par la même occasion a demandé au président du Faso la prise en charge effective des victimes d’ici la fin de cette année 2021.
Mouni Ouédraogo
Minute.bf