Longtemps considéré comme la « bête noire » des groupes armés terroristes, le village de Namsiguia est en ébullition ce lundi 6 décembre. Plusieurs femmes portant des paniers et tenant, certaines des spatules et d’autres des balais, des enfants armés de bois et tiges de mil aux côtés de leurs parents, ont manifesté pour réclamer plus de sécurité dans la zone. Ces populations ont bloqué le trafic sur la route nationale 22 ce lundi 6 decembre 2021.
Pas de passage en direction de Djibo ou de Kongoussi ce lundi matin à partir de Namsiguia. C’est une marré noire qui a envahi la voie principale qui facilitait le trafic sur Djibo ou Kongoussi, voire Ouagadougou. Les populations sont sorties pour manifester leur mécontentement face à la dégradation de la situation securitaire dans la zone.
« Tout le monde peut aller et venir comme il veut sans problème. Ce sont les habitants de Namsiguia et ceux des villages environnants qui ont d’ailleurs trouvé refuge ici, qui ne peuvent pas sortir du village. Si par malheur tu sors et que les terroristes t’attrapent, ils te tuent. Même le 30 novembre passé ils ont intercepté un jeune de notre village qui a quitté Bourzanga avec un taxi-moto transportant des femmes. Ils ont fait descendre les femmes et l’ont emmener pour le tuer », a témoigné un manifestant.
Ces manifestants confient que les contrôles des hommes armés non loin de leur village est récurrent. Mais, à les en croire, beaucoup de personnes qui ne sont pas originaires de Namsiguia ont la chance d’être relâchées.
« Si ça bascule, Namsiguia va venir là-bas »
Reconnaissants aux efforts de l’armée et des volontaires pour la défense de la patrie (VDP) du village, les habitants de Namsiguia réclament des autorités une sécurisation et un secours en vivres. « Nous n’avons pas eu accès à nos terres cultivables pendant la saison des pluies. Nous ne pouvons pas sortir pour chercher de quoi nous nourrir alors que tous les habitants des autres villages se sont regroupés ici. Les vivres du secours d’urgence n’arrivent qu’à Bourzanga où nous ne pouvons pas nous y rendre. Comment vouliez-vous qu’on fasse pour vivre. », s’époumone un autre manifestant.
Pour lui, les populations de Namsiguia ne demandent que des actions concrètes de la part des autorités de sorte à leur permettre de « se sentir encore Burkinabè ». « Les FDS qui sont ici sont fatiguées car elles bossent sans répit. Nous demandons aux responsables du pays qu’ils augmentent leur nombre et les dotent conséquemment de matériels. C’est parce qu’elles sont là que nous sommes là. Si ça bascule, Namsiguia va venir là-bas », éructe-t-il, avant de plaider également pour un soutien en vivres.
Les manifestants étaient toujours cantonnés sur la voie, leur site de manifestation jusqu’à l’après-midi, en maintenant toujours leur blocus dans l’attente de pouvoir soumettre leurs doléances à l’autorité départementale.
Jacques Sawadogo (correspondant)
Minute.bf