Le deuxième gouvernement de Christophe Marie Joseph Dabiré est connu depuis le dimanche 10 janvier 2021. Ce lundi 11 janvier, Minute.bf a baladé son micro dans la capitale Ouagadougou pour recueillir le sentiment et les attentes des citoyens sur le nouveau gouvernement qui connait 12 départs et 14 arrivées.
Aïcha Koné, étudiante : « J’ai appris comme tout le monde la formation du nouveau gouvernement, hier soir, mais je ne pense pas qu’il va apporter quelque chose de nouveau.
Tout passe par l’éducation, mais quand on regarde comment ce secteur est conduit, ce n’est pas intéressant. Voyez vous-mêmes comment les cours sont dispensés dans les universités, il y a le retard, il y a aussi les conditions dans lesquelles les étudiants vivent ; ce n’est pas intéressant pour un pays qui doit préparer sa relève. Le gouvernement ne s’investit pas dans l’éducation, il n’en fait pas son problème. Au contraire, ils préparent leurs enfants pour qu’ils viennent nous gouverner encore.
L’autre point à souligner, il y a 9 femmes dans le nouveau gouvernement. A ce niveau, j’ai deux points de vue.
Premièrement, il faut dire que tout passe par la femme. Même dans les familles, quand tout va bien, c’est grâce à la femme donc, c’est un point positif que d’avoir des femmes dans le gouvernement. D’ailleurs, on peut prendre l’exemple sur la chancelière allemande qui gère bien son pays.
Secondo, sur les 9 femmes ministres dans le nouveau gouvernement, il faut dire que la vérité n’est pas dans le nombre. Le nombre n’est pas important à mon sens. C’est la qualité de leur travail, leurs capacités d’impacter qui est plus important. Que ce soit l’homme ou la femme, c’est ce que la personne peut faire pour l’épanouissement des populations qui m’intéresse.
Par ailleurs, je pense qu’il faut faire confiance aux femmes. La femme burkinabè est battante. Combien de femmes au Burkina travaillent pour nourrir des familles entières ? Elles sont nombreuses à s’occuper de la famille, de la scolarité des enfants, de tout. Je pense qu’avec la même combativité, les femmes seront d’un grand apport dans le gouvernement.
Albert (nom d’emprunt), tâcheron: « Je pense que nous devons attendre de voir le nouveau gouvernement à l’œuvre avant de l’apprécier.
Mais je pense que ce gouvernement doit se pencher sur la création d’emploi aussi bien dans le public que dans le privé. Moi, j’évolue dans le privé, mais il faut dire que c’est difficile. Actuellement, nous n’avons rien à faire, on chôme. Il faut que ce gouvernement crée des conditions pour dynamiser le secteur privé. Actuellement, si tu ne travailles pas avec le gouvernement, tu ne peux pas avoir de l’argent. Si tu ne fais pas la politique, c’est difficile de t’en sortir.
En plus, je voulais profiter de votre micro pour exprimer ma satisfaction de l’adhésion de Zeph (Zéphirin Diabré) au nouveau gouvernement. Les gens vont critiquer, mais c’est mieux ainsi. Je pense qu’il a sa stratégie pour travailler dans le gouvernement, c’est un politicien et on attendra de voir ce qu’il va apporter dans son ministère ».
Bako Badiou Évrard, entrepreneur : « Je suis très content pour Zephirin Diabré et pour son parti qui a tant souffert depuis l’insurrection populaire. Il a encore fait un sacrifice en rejoignant le gouvernement. Rejoindre le gouvernement en prenant un poste clé, je crois que le Burkina à besoin de tous ses fils pour avancer. Il avait la réconciliation dans son programme et vu que le président Kaboré lui a fait confiance en l’appelant pour travailler, je pense qu’il va réussir.
Bénéwendé Sankara, je crois qu’il a bien fait, il a fait l’expérience, il récolte aujourd’hui sa lutte d’antan, son opposition depuis le régime Compaoré. Il a fait ses preuves pendant 5 ans en tant que vice-président de l’Assemblée Nationale, et aujourd’hui encore il revient. C’est un juriste et quand on regarde le Burkina aujourd’hui, les dossiers pendants sont en train d’être résolus, on va finir bientôt avec ceux de Norbert Zongo, de Thomas Sankara, mais le vrai dossier aujourd’hui, c’est l’habitat. L’urbanisation, c’est le futur problème et Me Bénéwendé Stanislas Sankara peut bien jouer son rôle en étant juriste. Il peut bien canaliser ce domaine et ramener un logement pour les Burkinabè méritant parce qu’aujourd’hui le foncier, c’est le futur nid à problème du pays. Il a dû mesurer l’ampleur de la gravité de la situation en s’engageant et s’il s’y met, il peut réussir.
Une pierre, deux coups, c’est le MPP qui gagne en gardant Harouna Kaboré qui a eu des difficultés, je ne sais pas si c’est une manipulation de la rue ou d’hommes politiques parce qu’il a refusé de s’afficher au MPP mais le parti a gagné en le conservant, vu qu’il a fait ses preuves. Il a fait connaître un mot qui est le « label » qui est là labelisation de beaucoup de choses comme le chapeau de Saponé, le Faso Danfani, le koko dunda qui va suivre et le « consommons local ». C’est le tampon de la société civile et des hommes politiques, c’est le MPP qui gagne en offrant un grand ministère à quelqu’un qui n’est pas purement politique.
Hélène Marie Laurence Ilboudo/Marshall, les femmes peuvent être fières d’elle, c’est une combative qui a fait ses preuves, elle a lutté pendant l’insurrection, elle a su attendre et saisi l’occasion de prendre le ministère de l’action sociale. Elle a innové en tentant tant bien que mal d’enlever les enfants de la rue. Moi, j’étais très sceptique et je crois jusqu’à présent qu’un pays pauvre ne peut pas aller sur ce chemin, nous avons d’autres défis. La société en elle-même va toujours produire ces cas ».
Alice Malo, vendeuse de vêtements: « Je ne peux rien dire pour le moment, on attend juste de voir le travail qui sera fait. Mais je crois que Rémi Fulgence Dandjinou devrait garder son poste; j’ai trouvé qu’il a assuré en tant que ministre de la communication et porte parole du gouvernement, mais c’est comme on le dit: de nouvelles têtes, de nouvelles idées, donc on attend de voir ».
Elvis Nacoulma, étudiant : « Je suis très content pour l’entrée de certaines personnes dans le gouvernement. Contrairement à ce que les gens pensent, moi je suis content du fait que Zephirin Diabré soit nommé ministre. En politique, il faut être stratège pour atteindre ses objectifs et lui, il l’a été. On se donne rendez-vous en 2025 pour mieux comprendre la stratégie du monsieur. Pour ceux qui ont été reconduits beaucoup de courage à eux, car ils ont fait du bon boulot ».
Minute.bf