Le maire de la commune de Saaba, Joseph Dipama a initié une rencontre avec des populations de sa commune pour leur apporter « l’information juste » sur le processus de « recasement » de la Société nationale d’Aménagement des Terrains urbains (SONATUR). Si les précisions ont un peu convaincu les populations, il faut rappeler que la situation était un peu plus tendue car les concernés par ce processus de relogement se plaignaient d’avoir à plusieurs reprises, entrepris des démarches infructueuses à la rencontre du maire.
« Nous ne sommes pas venus pour nous asseoir; pas de maisons, pas de chaises. Si nous n’avons pas nos maisons, nous n’allons pas nous asseoir ». C’est par ces mots que des populations, venues à la rencontre avec l’élu local, ont planté le décor, alors que le maire et le présidium étaient déjà installés. Ces populations menaçaient d’abord de ne pas prendre part a la rencontre avant finalement de se résigner à y prendre part, mais en refusant de s’asseoir sur les chaises qui leur avaient été réservées. Mais quel est le fond du problème ?
Installés sur des terrains non-lotis, les habitants de Kalsin ont été invités à rejoindre une zone aménagée par la SONATUR. Pour ce faire, un recensement a été effectué dans les concessions pour aboutir à une liste de 1909 personnes qui doivent bénéficier du « recasement » sur le terrain aménagé, selon les explications du maire de Saaba, Joseph Dipama. Mais le hic est qu’après le recensement, ce sont 3 304 personnes qui réclamaient des parcelles en lieu et place des 1 909 personnes reconnues par la mairie et la SONATUR. Que disent les plaignants ?
« Je suis sur le site depuis 2007, mais quand la liste est sortie, je n’ai pas vu mon nom alors que des personnes qui ne sont pas sur les lieux y ont leur nom. Comment se fait-il qu’une première concession soit prise en compte et que la seconde n’est pas recensée? », a interrogé un plaignant sous anonymat.
Quant à Philippe Sawadogo, un habitant de Kalsin, lui va plus loin en remettant en cause le processus de recensement. « Je suis à Kalsin, là où le recensement a été effectué en 2018. Quand ils sont venus pour mettre les numéros, nous étions là. Au moment du contrôle, nous étions toujours là. Je suis sur le site depuis 2004 », affirme-t-il avant de révéler : « s’ils viennent faire le recensement, il n’y a pas un bout de papier pour montrer que vous étiez présents à leur passage ». « Ils sont venus recenser sans qu’on ait le droit de regarder ce qu’ils ont écrit sur le papier. (…) Votre nom est sorti, vous avez votre numéro mais on ne vous dit pas là où vous devez aller loger; est-ce que vous pouvez dire que vous avez votre parcelle ? », s’inquiète M. Sawadogo pour qui « ça, ce n’est pas un recensement ».
Face à ces propos, Joseph Dipama a tenu à préciser que « le recensement a été fait par la SONATUR et non par la mairie ». « On nous a demandé d’apporter notre appui, ce que nous avons fait », poursuit-il, regrettant le fait que des gens aient « saboté » leur travail.
Selon les explications du maire, le processus était en passe de finalisation et les 1 909 personnes recensées sont venues déposer leurs « demandes de recasement conformément à la procédure ». Cependant, il y a eu des plaintes parce que « certaines personnes indiquent n’avoir pas vu leurs noms alors qu’ils sont sur le terrain; plusieurs noms ont été attribués au même terrain, des numéros qui ne correspondent pas à des noms et vice-versa ».
Pour remédier à ce problème, le premier responsable de la commune de Saaba a indiqué que des groupes de cinq membres composés d’un représentant de la SONATUR, d’un représentant de la mairie, d’un représentant de la gendarmerie, d’un représentant du commissariat et d’un représentant du site concerné, seront mis en place pour redescendre sur le terrain pour vérification afin de sortir une liste définitive des bénéficiaires.
« Nous sommes d’accord sur les propositions du maire, mais il faut que les choses aillent plus vite », a apprécié Philippe Sawadogo qui a tout de même regretté que cette rencontre n’ait pas eu lieu plutôt à cause de l’indisponibilité des maires.
Enfin, si les propositions du maire semblent convaincre les personnes concernées par le « recasement », il faut noter qu’elles n’ont pas caché leur insatisfaction parce que n’ayant pas eu la parole pour donner leur avis sur cette affaire.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf