La prestation des Masques pour cette 15e édition du Festival international des Masques et des Arts de Dédougou (FESTIMA) a débuté le 1er Mars 2020 à la cité de Bankui, capitale de la Boucle du Mouhoun. Cet évènement tant attendu a drainé un monde fou. Plus d’une vingtaine de Masques ont défilé mais les masques qui ont le plus retenu l’attention en cette matinée du 1er Mars sont sans nul doute les Zangbétô de la délégation Béninoise. Un masque vivant qui a illustré une fois de plus les grands mystères de l’Afrique.
Lorsqu’il a été permis aux masques Zangbétô de monter sur scène, trois voûtes accompagnées de guides évoluant comme des tourbillons, se sont engagées dans une course à vitesse régulière pour rejoindre la piste de quelques 20 mètres carrés qui sert de terrain de prestation aux masques dans ce FESTIMA.
Ces masques voûtes dansaient, déambulaient et tourbillonnaient, sous les applaudissements du public émerveillé. Cela ne pouvait en être autre, tant les acteurs sur scène sortaient de l’ordinaire. En effet, pour un observateur averti, il était évident que les mouvements des Zangbètô n’avaient rien d’ordinaire. Ce qui, sans nul doute, a éveillé à la fois la stupéfaction et l’intrigue des spectateurs. Ceux-ci n’étaient d’ailleurs pas au bout de leur émerveillement avec les masques Zangbètô.
En effet, après quelques minutes de prestation, les trois masques ont marqué une halte brusque. Un homme s’est alors avancé vers un masque voûte puis le soulève. Contre toute attente, et dans l’intrigue la plus totale, l’intérieur du masque qui dansait il y a quelques secondes sous les yeux des spectateurs était vide. Le masque en lui-même est en réalité un assemblage de bois, de paille et de fibre vivant qui bougeait avec un guide. Ce Guide à l’évidence est un prêtre qui récitait des paroles incantatoires pour animer le masque. S’il est commun de penser que les masques sont en vérité des hommes déguisés avec des feuilles ou des fibres de plantes, ces masques Zangbètô on fait la différence à cette quinzième édition du FESTIMA avec un masque animé de façon mystique. Des voûtes faites de fibres et d’écorces d’arbres complètement autonomes esquissant des pas de dance sous les incantations des guides à la grande stupéfaction des spectateurs.
Vidéo-Y a-t-il eu sorcellerie avec les Zanguètô du Bénin ?
Comment fonctionne le Zangbètô ?
Pour satisfaire notre curiosité, à la fin de la prestation, nous avons rencontré le chef Zangbètô, François Makoutodé afin de tenter de comprendre ce phénomène métaphysique.
Le chef Zangbètô a bien voulu nous en dire plus dans la limite de ce qui peut se savoir à propos du Zangbètô. « Les masques Zangbètô plus qu’un masque est un culte né de mes ancêtres », a révélé le chef Makoutodé François. « Il a apparu au Bénin à l’époque de la colonisation et des razzias pour protéger nos ancêtres », a-t-il poursuivi laissant entendre que le Zangbètô est un masque de protection, un gardien, et un gendarme de son village. Il empêcherait la pénétration de tout ennemi qu’il soit mystique ou physiquement armé dans son village. Difficile à comprendre pour ceux qui ont une culture cartésienne assez élevée. Comment se fait-il qu’un amas de fibres et de bois puisse être animé et danser comme un être vivant ? A la question, le chef n’en dira pas plus : « Cela relève du surnaturel et il faut être un initié pour comprendre tous les contours de ce mystère ».
Hamadou Ouédraogo
Minute.bf
