Des militaires français seraient mis en cause dans l’enlèvement du journaliste français Olivier Dubois, le 8 avril 2023. Selon une enquête conjointe menée par plusieurs médias français, des éléments de la force francaise Barkhane auraient tenté de se servir du journaliste comme appât, pour localiser un chef jihadiste malien.
Des informations de l’enquête rapportée par l’agence France Presse (AFP), la force française Barkhane était informée du projet du journaliste de rencontrer dans le nord du Mali Abdallah Ag Albakaye, émir affilié à Al-Qaïda, via un fixeur servant aussi d’indicateur aux armées. Les militaires ont alors envisagé d’utiliser cette prise de rendez-vous pour localiser cet émir, avant de renoncer in extremis en raison des risques encourus.
Mais l’armée n’aurait pas déployé les moyens adaptés pour empêcher l’enlèvement d’Olivier Dubois à Gao, où il devait rencontrer Abdallah Ag Albakaye. Kidnappé le 8 avril 2021 dans la cité du nord du Mali par le GSIM, principale alliance jihadiste au Sahel liée à Al-Qaïda, Olivier Dubois, qui collaborait notamment avec Libération, Jeune Afrique, Le Point et vivait au Mali depuis 2015, a été libéré en mars dernier.
Selon l’AFP, l’inspection générale des armées (IGA), qui était chargée d’enquêter en interne sur cette affaire, a conclu fin 2021 qu’il n’y avait « pas eu de faute personnelle au sein de la force Barkhane », tout en précisant cependant que « la sensibilité du sujet n’a pas fait l’objet d’une prise en compte à un niveau suffisant permettant de conduire (…) une action dissuasive à l’encontre du journaliste ».
Le journal le Monde citant des sources diplomatiques, rappelle pour sa part, qu’une « lettre rouge » avait été envoyée à Olivier Dubois la veille de son rapt pour le dissuader de faire ce voyage. Sans toutefois mentionner, selon Le Monde, le risque particulier d’enlèvement encouru par le journaliste, que les renseignements recueillis par l’armée laissaient pourtant présager.
Minute.bf